Alors que le salon de l'agriculture démarre dans quelques jours, le secteur de la viande est en alerte. Face à la baisse du cheptel et à des charges élevées, au moins un abattoir par mois est obligé de mettre la clé sous la porte depuis le mois de septembre. Le syndicat Culture Viande tire la sonnette d'alarme.
À l'occasion d'une conférence de presse qui s'est tenue ce mardi, le directeur du syndicat Culture Viande, Paul Rouche, a alerté sur la fermeture excessive d'abattoirs chaque mois. "Depuis le mois de septembre, il y a un abattoir qui ferme tous les mois, et deux qui ont fermé sur ce début d'année."
Les difficultés du secteur s'expliquent notamment par une baisse du cheptel et à des charges trop élevées. Sur les 230 bâtiments concernés, ce sont surtout des "petits et moyens abattoirs", assommés par la flambée de leurs coûts de production (électricité, transport, emballage...) d'après Paul Rouche.
Le syndicat Culture Viande défend les intérêts de près de 300 entreprises de l'abattage-découpe et du commerce en gros des viandes de boucheries (hors volailles). Parmi elles, le leader Bigard qui emploie 36 000 salariés.
Les "fermetures ou restructurations" vont toucher de plus gros abattoirs
Également présent à la conférence de presse, Yves Fantou, a indiqué que les "fermetures ou restructurations" vont toucher de plus gros abattoirs à cause d'une "surcapacité d'abattage" du fait de la baisse du cheptel. Cela contraint des sites à tourner uniquement quatre jours par semaine selon le président de l'organisation.
"Sur l'année 2023, on a perdu deux millions de porcs"
Yves Fantou, président de Culture Viande
Yves Fantou, dirigeant d'une entreprise bretonne d'une soixantaine de salariés, alerte également sur le nombre de vaches qui a reculé de près d'un million de têtes en l'espace de sept ans pour descendre aux alentours de sept millions. De plus, pas moins de "deux millions de porcs ont été perdus sur l'année 2023, ce qui représente le volume traité par un gros abattoir français".
Une baisse significative du nombre de bêtes qui fait gonfler leur prix avec une augmentation de 35% depuis 2021 pour les gros bovins, et 50% pour les porcs.
Les éleveurs bovins jugent les prix encore trop bas
Même mieux payés, les éleveurs bovins estiment que les prix sont encore trop bas pour couvrir leurs coûts de production ainsi que l'érosion du cheptel continue. Pour éviter de vendre à perte, les producteurs demandent l'application des lois Egalim.
Une loi qui, jusqu'à présent, "n'a eu aucun effet sur les prix payés aux éleveurs" d'après Paul Rouche qui affirme par la suite que "la baisse de l'offre est à l'origine de l'augmentation des animaux".
De son côté, Yves Fantou a assuré que les "abatteurs ont bien compris que sans production, il n'y a pas d'abattage. Donc on doit avoir des éleveurs qui sont bien rémunérés et qui doivent être accompagnés".