Après un mois de blocages, la pression était retombée fin janvier suite aux mesures promises par le gouvernement. Mais à quelques jours de l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris, le mouvement redémarre. On vous explique pourquoi cela n'est pas une surprise.
Alors que les actions des agriculteurs se multiplient partout sur le territoire, la FNSEA, syndicat majoritaire en France, sera reçue avec les Jeunes Agriculteurs mardi 20 février par le Président de la République.
"La colère est toujours là" et l'attente vis-à-vis du gouvernement "est très forte", a déclaré ce lundi 19 février le président du syndicat Arnaud Rousseau. "Ce n'est pas parce que les gens sont repartis dans les exploitations que le sujet est terminé", a-t-il encore affirmé sur Europe 1. "On ne fera pas retomber la pression aussi longtemps que les engagements ne seront pas tenus", avait-il prévenu la semaine dernière.
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Il nous manque un plan pour donner de l'avenir à nos exploitations
Didier Lucas, vice-président de la Chambre d'agriculture des Côtes-d'Armor
"On ne mesure pas, pour le moment, les avancées sur les exploitations", ajoute Didier Lucas, vice-président de la Chambre d'agriculture des Côtes-d'Armor, nous avons du mal à voir où on va nous emmener. Il nous manque toujours un vrai plan pour donner de l'avenir à nos exploitations !"
Les agriculteurs estiment que ces mesures mettent trop de temps à se concrétiser. Pour le patron de la FNSEA, il est nécessaire de ne "pas prendre de demi-mesures". "Il faut y aller à fond, il faut y aller profondément, il faut y aller dans la durée parce que l'attente est tellement forte que si la réponse n'était pas au rendez-vous, derrière, on ouvre une période d'incertitude majeure qui serait finalement contreproductive pour le gouvernement", a-t-il prévenu.
[#Thread 1️⃣] 🔴📺📻 Sur @Europe1 / @CNEWS | Arnaud Rousseau était l'invité de @SoMabrouk. 🎙️Pour @rousseautrocy : "On est particulièrement déterminés avec des actions depuis novembre et nous avons le soutien de l’opinion public. Nous avons suspendu le mouvement de terrain pour… https://t.co/t0jDrNrvft
— La FNSEA (@FNSEA) February 19, 2024
Désamorcer la colère avant le salon
Le Premier ministre, Gabriel Attal, a déjà rencontré la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs la semaine dernière, quand de son côté Emmanuel Macron recevait la Confédération paysanne et la Coordination rurale.
Les Préfets ont, eux aussi, pour mission d'aller à la rencontre des syndicats, comme dans le Finistère vendredi dernier ou les Côtes-d'Armor ce lundi.
Une demande de Gabriel Attal "afin de poursuivre un dialogue continu avec les agriculteurs", mais aussi pour "accélérer la mise en œuvre des solutions qui ont été annoncées par le gouvernement".
📢 Le Bureau #FDSEA29 échange avec les parlementaires du Finistère
— FDSEA du Finistère (@FDSEA_Finistere) February 19, 2024
Des chantiers sont à l'œuvre et ne demandent qu'à aboutir ➡️ le travail de fond se poursuit pour obtenir rapidement des réponses nécessaires pour nos exploitations et notre agriculture finistérienne ! pic.twitter.com/whoL1aPZep
Le gouvernement tente par tous les moyens de désamorcer la colère avant l'inauguration du Salon de l'Agriculture, samedi prochain, le 24 février 2024, par le chef de l’État. Parce que les agriculteurs le savent bien, comme le fait valoir Didier Lucas, pour la FDSEA 22 : "La pression, ça sert toujours pour obtenir des résultats, c'est un bon moyen de faire avancer les choses".
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Malgré le déblocage de 400 millions d'euros, le mouvement persiste
Après trois salves d'annonces, le Premier ministre espérait avoir calmé la crise agricole.
Durant plus de deux semaines au mois de janvier, des actions ont été menées partout en France. Pour répondre à la colère, début février, le gouvernement avait notamment annoncé le déblocage de 400 millions d'euros en fonds d'urgence, pour des mesures de simplifications administratives, concernant les retraites des exploitants, pour des aides à l’élevage ou à l’agriculture bio, mais également des concessions européennes sur les jachères, ainsi qu'une pause sur les réglementations sur les pesticides.
"L'État français doit se poser les bonnes questions pour sa souveraineté alimentaire"
"L'État français doit se poser les bonnes questions pour garder la main sur son agriculture et pour sa souveraineté alimentaire, poursuit l'éleveur des Côtes-d'Armor. On nous demande toujours plus d'efforts, et on met nos productions en concurrence avec des produits qui ne sont pas soumis aux mêmes règles. Ce qui serait intéressant, c'est un vrai plan à 10 ans pour l'agriculture et qu'on ne change pas les règles tous les ans".