Colère des agriculteurs. "L'écologie est le bouc émissaire de l'agriculture" dénoncent les défenseurs de l'environnement après les annonces de Gabriel Attal

Si les annonces de Gabriel Attal ce vendredi 26 janvier n'ont pas vraiment fait retomber la colère des agriculteurs, elles ont aussi déçu les défenseurs de l'environnement. Ils dénoncent un recul de la politique environnementale.

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Ce vendredi 26 janvier, en Haute-Garonne, Gabriel Attal affirmait ne pas comprendre "celles et ceux qui opposent la défense de notre agriculture et la défense de notre environnement." Mais les mesures annoncées par le Premier Ministre pour apaiser les agriculteurs ont pourtant largement crispé les militants écologistes ainsi que certains paysans engagés en agriculture biologique. 

À lire : Colère des agriculteurs. "Abandonner les normes environnementales, ça n'a pas de sens". Cet éleveur bio n'ira pas manifester

"Ce sont des signaux qui vont dans le sens inverse de l'histoire et de l'évidence du mur climatique qui arrive, dénonce Arnaud Clugery, porte-parole de l'association Eau et Rivières de Bretagne. 

Le Premier ministre n'habite clairement pas sur la même planète que nous, lui il habite sur la planète FNSEA.

Arnaud Clugery

Porte-parole de l'association Eau et Rivières de Bretagne

Pour le porte-parole d'Eau et Rivières de Bretagne, les mesures annoncées par Gabriel Attal relèvent d'un "clientélisme pur et simple comme on a l’habitude d’en avoir depuis 40 ans, tout l’inverse d’une politique publique."

La Confédération paysanne du Finistère reconnaît quelques avancées, comme l'opposition du gouvernement à la signature d'accords de libre échange ou encore l'indemnisation de tous les agriculteurs s'engageant dans les Mesures agroenvironnementales et Climatiques (MAEC), des pratiques agricoles préservant l'environnement. Mais elle dénonce aussi un retour en arrière sur la réglementation environnementale. 

À lire : Manifestations d’agriculteurs en Bretagne. "Ils sont plus violents et obtiennent gain de cause." La confédération paysanne passe à l’action

"L'environnement en Bretagne, on a bien souvent dépassé les limites, assure Julien Tallec
Éleveur et porte-parole confédération paysanne 29. Revenir sur ces normes, ce serait une vaste reculade.

Si on en est arrivé là, c'est parce que c'est le modèle économique que la FNSEA et que le monde politique nous proposent depuis plusieurs années. Ce sont eux qui nous ont mené au pied du mur.

Julien Tallec

Éleveur et porte-parole de la Confédération paysanne 29

Une pause dans la cartographie des zones humides 

Sources des inquiétudes des écologistes notamment, la préservation des zones humides, refuge indispensable pour les espèces vivantes. Les ministères de la Transition écologique et de l'Agriculture travaillaient à finaliser la cartographie des zones humides et des tourbières. Un zonage qui devait permettre de déployer les aides de la PAC conditionnées à leur préservation. 

Mais le Premier ministre a annoncé une pause dans leur cartographie, le temps de la concertation. 

"Chez nous, cela avait commencé depuis deux ans, assure Julien Bahuon, éleveur de vaches laitières en agriculture bio à Sulniac dans le Morbihan. Ce recensement allait permettre un périmètre de protection autours de ces zones en interdisant le labour et l'épandage de pesticides. Ça allait dans le bon sens pour la protection de l'eau et des zones humides. Reporter tout ce travail à on ne sait quand, c'est vraiment dommage."

"Les zones humides ne sont pas le problème"

Membre de l'association "Eau et Rivières de Bretagne", Pauline Pennober y voit un effet contreproductif pour tous les agriculteurs sur le long terme : "Les zones humides sont les alliées des agriculteurs : elles vont limiter les inondations qu'on voit régulièrement sur Carhaix, sur Morlaix sur Quimperlé. Elles vont limiter les sécheresses, la pollution des sols, notamment pour les nitrates. Faire croire que les zones humides sont un problème, c'est se tromper totalement."

Les délais de recours contre les projets agricoles raccourcis 

Gabriel Attal a aussi affirmé vouloir raccourcir les délais de recours contre des projets agricoles. Ils passeront de quatre à deux mois. Le Premier ministre annonce également la création d'une "présomption d'urgence". Grâce à elle, un juge se prononcera désormais en moins de dix mois sur la faisabilité ou non d'un projet. Des recours qui concernent principalement les agrandissements d'élevages, mais aussi les constructions de retenues d'eau, de bassines. 

À lire : Ferme-usine. Un agriculteur voulait élever plus de 10 000 porcs, la justice annule la décision d'extension

"Un délai raccourci pour l'ensemble des recours agricoles, ça veut dire qu'il y aura moins de temps pour discuter avant le recours entre les différentes parties pour trouver une porte de sortie", regrette Pauline Pennober.

"Quand on a moins 20 % d'eau annoncée dans les années qui viennent, ce n'est pas en construisant des mégabassines pour l'agriculture industrielle qu'on résout le problème, s'insurge Antoine Gatet, président de France Nature et Environnement (FNE). Les bassines ça ne répond qu'aux grandes surfaces irriguées et cultivées, c'est 6 % de la surface agricole utile." 

Seul point positif à ces délais de recours réduits selon Arnaud Clugery, porte-parole de l'association "Eau et Rivières de Bretagne" : "Obtenir une réponse rapide de la justice pour éviter la politique du fait accompli." Car à chaque recours gagné au tribunal par l'association contre l'agrandissement d'un bâtiment d'élevage, "à chaque fois l'agrandissement avait déjà eu lieu entre-temps."

Simplifier sans régression sur l'environnement

Pour Pauline Pennober, il faut simplifier sans faire régresser la réglementation environnementale "pour qu'elle soit applicable plus facilement pour les paysans.

Il faut surtout changer la PAC, la politique agricole commune qui aujourd'hui n'aide pas les agriculteurs dans leur transition. 

Pauline Pennober

Association "Eau et Rivières de Bretagne"

Le problème dans l'agriculture actuellement, c'est surtout qu'il n'y a plus d'agriculteurs, il y en a beaucoup moins. On a des fermes qui s'agrandissent, on a des gens qui ne trouvent pas de foncier parce qu'ils ne sont pas dans le bon réseau, les fermes sont très grandes, elles sont très difficiles à reprendre. Le problème ça va vraiment être d'installer les gens. 

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