Le Premier ministre a fait une série d'annonces, ce vendredi 26 janvier 2024, pour répondre à la colère des agriculteurs mobilisés depuis plusieurs jours. Le message envoyé par Gabriel Attal n'a pas convaincu du côté de Romagné en Ille-et-Vilaine où les agriculteurs ont décidé de poursuivre le blocage de l'A84.
A Romagné, près de Fougères, là où ils bloquent l'A84 depuis plusieurs jours, les agriculteurs attendent avec impatience les annonces de Gabriel Attal, prévues ce vendredi 26 janvier 2024, en fin d'après-midi. Les téléphones portables sont branchés sur les chaînes d'information. Ils vont suivre l'intervention du chef du gouvernement au pied des tracteurs immobilisés sur la route.
"Ah ça y est, il arrive" dit l'un d'entre eux. "Il doit avoir un peu de pression quand même" ajoute un autre. Quand Gabriel Attal prend la parole, les voix se taisent et le silence tombe sur cette portion d'autoroute. Les visages sont graves. "On a décidé de mettre l'agriculture au-dessus de tout, entame le Premier ministre. Dans paysans, il y a pays". Rires dans l'assemblée. "Il est marrant, lui".
"C'est de l'endormissement"
Les agriculteurs rassemblés à Romagné s'impatientent. Eux, ce qu'ils veulent entendre tout de suite, ce sont les actions "concrètes". Le chef du gouvernement qualifie de "solide" ce qu'il va annoncer, "des réponses pour maintenant et pour demain" déclare-t-il.
Simplification "des normes et des procédures quand elles ne font pas sens", fin de la hausse de la fiscalité sur le gazole non routier (GNR), accélération des versements dans le cadre du fonds d'urgence mis en place après les différentes tempêtes. Gabriel Attal annonce même "un doublement de ce fonds pour la Bretagne". Il assure également qu'une aide d'urgence de 50 millions d'euros sera débloquée pour la filière bio qui traverse une crise sans précédent.
Concernant les lois Egalim censées redonner du pouvoir d'achat aux agriculteurs, Gabriel Attal reconnaît que "dans les négociations commerciales, les paysans ne sont pas protégés. On doit la faire respecter partout et sans exception, assène-t-il. Nous allons donc renforcer les contrôles et mettre une pression maximale sur la grande distribution et l'industrie agroalimentaire. Notre main ne tremblera pas", ajoutant que "3 sanctions très lourdes vont être prononcées contre des entreprises qui ne respectent pas la loi".
Le message du Premier ministre laisse toutefois les agriculteurs sur leur faim. "Pour l'élevage, on n'a rien entendu de concret" dit cet éleveur. "C'est de l'endormissement, ajoute un autre. Il faut qu'il y ait une force sur les grandes surfaces et là, on n’a rien. Cela fait trois jours qu'on dort sous le pont et on n’a rien". "C'est bien de dire cela un vendredi soir. Des paroles, des paroles. On attend les actes et s'il n'y en a pas, on va continuer le mouvement" prévient cet agriculteur.
Un peu plus tôt dans la journée, les agriculteurs de l'A84 ont remis un dossier épais de doléances au préfet d'Ille-et-Vilaine. Cette nuit, ils resteront sous le pont de l'autoroute pour poursuivre le blocage.
(Avec Romuald Bonnant)