Ce 6 mars, au 11ème jour de conflit, 600 personnes se sont rassemblées à Dinard pour protester contre la guerre et soutenir l’Ukraine. Parmi les manifestants, Lev, Katia et Irina, citoyens Russes avaient enfilé un tee-shirt blanc sur lequel ils avaient écrit : beaucoup de Russes sont contre la guerre, comme nous. A l’issue de la cérémonie, deux Ukrainiennes se sont approchées pour les remercier. Le temps a suspendu son vol.
"Cela me fait plaisir de voir qu’il y a des Russes ici, ça casse les stéréotypes qui disent que les Russes sont contre les Ukrainiens. Ce n’est pas vrai, il y a beaucoup de Russes qui nous soutiennent et ça fait vraiment plaisir". Myroslava Kundelska prend Irina dans ses bras et l’émotion est bien réelle.
La jeune femme a toute sa famille en Ukraine, "c’est très très dur", confie-t-elle. "Tous les hommes de ma famille vont se battre, quand ils me disent qu’ils sont vivants, c’est le plus important pour moi."
Ses parents ont voulu rester dans leur maison pour lutter pour leur pays et pour leur terre. "Ils préparent à manger et chargent des camions qui partent pour le front" détaille Myroslava.
On ne peut pas faire la guerre à nos frères
"C’est la guerre, ce n’est pas une opération militaire", acquiescent Lev et Katia. "Mais pour nous, c’est impossible à comprendre. Nous parlons la même langue, ce n’est pas possible de faire la guerre contre nos frères, nos amis."
Le couple de Russes a quitté Moscou quand la Crimée a été annexée." Nous avons compris qu’il n’y avait aucune chance pour que la Russie devienne une démocratie et nous ne voulions pas vivre dans un régime totalitaire, alors nous sommes partis."
Evelina Garel vivait elle aussi en Crimée. Elle a vu les tanks russes passer devant sa fenêtre, alors elle aussi a préféré s’en aller. Mais elle est Ukrainienne et inquiète. "Voir des petits morceaux de tissus jaune et bleu accrochés un peu partout, cela me touche beaucoup et me réchauffe le cœur."
Toute la famille d’Irina vit à Saint-Pétersbourg. "Vous savez, il y a des choses que nous ne pouvons pas dire, ça peut être dangereux, livre la jeune femme. Les gens qui manifestent contre la guerre vont en prison, mais chaque matin, je n’arrive pas à croire ce qui se passe et ce qui s’est passé. Alors, je suis là."
La fin de la Russie ?
"Aujourd’hui, c’est notre mission de dire que tous les Russes ne sont pas avec Poutine, insiste Katia. Il y a beaucoup de Russes qui se battent contre lui et qui souffrent parce que c’est très dur de se battre contre lui ! "
Le couple s’inquiète, "pour nous, cette guerre, c’est une catastrophe pour l’Ukraine, et pour la Russie. Les Ukrainiens sont nos frères, mais maintenant, nos pays vont devenir ennemis."
Lev est pessimiste, "je pense qu’après cette guerre, la Russie sera détruite. L’Ukraine c’est comme une grande famille, ils sont très soudés, alors qu’en Russie il y a beaucoup de divisions."
A Dinard, loin du front, Ukrainiens et Russes se sont parlé, serrés dans les bras. Ils se sont compris car tous partagent les mêmes peurs pour leurs proches et le même espoir, que cette guerre se termine le plus vite possible.