Après plusieurs mois de travaux, la rivière du Nançon entoure désormais toute l’enceinte du château de Fougères, comme au Moyen-Age !... 26 passes à poissons ont aussi été fabriquées pour permettre aux saumons, anguilles et autres poissons migrateurs de circuler librement tout autour de l'édifice.
Le Nançon a retrouvé son tracé d'origine, et le château de Fougères se retrouve à nouveau entouré d'eau, comme il y a plusieurs centaines d'années.
Depuis fin juillet, les vannes sont rouvertes. Après un an de chantier, les engins se sont éclipsés pour laisser place au Nançon, cet affluent du Couesnon dans lequel les poissons migrateurs peuvent à nouveau librement circuler ! Des saumons, anguilles et autres truites qui sont au cœur de ce plan dit de "restauration de la continuité écologique."
"Les enjeux autour de ce projet étaient nombreux : d'ordre piscicole d'une part, mais aussi important pour la circulation des sédiments, explique Olivier Auvray, le directeur des services techniques de la ville de Fougères. Situé au pied du château de Fougères, il y avait aussi des enjeux patrimoniaux conséquents, ainsi que des enjeux d'aménagement urbain, puisqu'on en plein milieu de la ville !"
"Restauration de la continuité écologique"
À l’origine de ce vaste chantier, il y a cette loi de 2017 qui impose de lever tous les obstacles sur le chemin des espèces migratrices dans un certain nombre de rivières et de fleuves côtiers, dont le Couesnon et ses affluents !
Or le Nançon avait en partie disparu de la vue des passants. Au fil du temps, les douves avaient été comblées puis en partie recouvertes. De plus les roues du moulin, empêchaient le déplacement des poissons comme le saumon, la truite ou encore l'anguille.
"Ils cherchaient à franchir l'obstacle, ils se dépensaient beaucoup, et toute cette énergie-là n'était pas mise à la reproduction, exlique Richard Pellerin, technicien à la fédération de pêche et de protection des milieux aquatiques. "Les travaux effectués seront donc un gain pour cette espèce-là."
Objectif donc de ce plan de restauration de la continuité écologique : faire réapparaître le Nançon à ciel ouvert tout autour de la forteresse, et créer des passes à poissons.
26 passes à poissons
En un an, 4.000 mètres cubes de sédiments ont été retirés dans le lit du Nançon. En juillet 2022, des ouvriers avaient dévié le cours d'eau. "Après, on a attendu un peu l'assèchement avant de passer à l'extraction de la vase" nous expliquait Jérémy Messager, chef de chantier à l'époque.
26 passes à poissons ont ensuite été créées dans l'eau : "C'est une passe de 26 bassins en escalier, avec une hauteur de marche de 25 centimètres. L'objectif c'est de proposer des zones de repos pour les poissons. Parce que le parcours est assez long : cela va s'étendre sur 86 mètres et sur un dénivelé de 6,50 mètres." nous expliquait Benjamin Beurel de la société Fish Pass en charge de l'étude et du chantier.
En plus de ces passes à poisson, des dispositifs avec des revêtements spéciaux ont aussi été installés pour permettre aux anguilles de se mouvoir par reptation.
Une reconquête des eaux du Nançon par les saumons, truites et anguilles qui sera maintenant scrutée et évaluée de près. "Il y aura des comptages pour évaluer et vérifier que ce qui a été réalisé porte ses fruits" assure aujourd'hui Olivier Auvray, directeur des services techniques de la ville de Fougères.
Depuis un mois, les poissons migrateurs ont retrouvé la possibilité, comme au Moyen-âge, de circuler librement dans ces eaux qui se jettent dans le Couesnon avant d'aboutir dans la Baie du Mont Saint-Michel.