"Ici, c’est priorité aux voitures". Le projet de vélobus citoyen sur le barrage de la Rance interdit

Pour permettre de mieux sécuriser le passage des cyclistes sur et aux abords du barrage de la Rance, un collectif souhaitait expérimenter une sorte de "vélobus citoyen". Mais l'initiative a été fortement déconseillée par la sous-préfecture, qui a décidé de l'interdire pour des raisons de sécurité.

Des voitures à quelques centimètres du guidon et un espace réduit pour circuler. Quatre jours par semaine, Anne Crozet traverse à vélo le barrage de la Rance entre Saint-Malo et Dinard, avec parfois la peur au ventre pour se rendre à son travail.

Sur le barrage de la Rance, seul axe routier entre Saint-Malo et Dinard, la cohabitation est devenue dangereuse. "Nous n’avons pas notre place. Ici, c’est priorité aux voitures. Il n’y a aucun balisage pour nous donc on prend notre place comme on peut", témoigne la cycliste. "Le plus compliqué, ce sont les bus qui me frôlent."

Comme Anne, ils sont plusieurs dizaines de cyclistes à emprunter chaque jour le barrage à vélo, sans compter les nombreux touristes durant l'été. Mais parfois, ce plaisir risqué laisse place à la peur. "Ici, c’est dangereux surtout au niveau des accès," confesse Anne. "Ce qui est dangereux aussi, ce sont les voitures qui nous klaxonnent en nous doublant."

Une voiture-balai pour encadrer les vélos

Pour aider le passage des vélos en toute sécurité, les membres du collectif "Barrage de la Rance à vélo" ont imaginé mettre en place un vélobus : un convoi encadré par des véhicules pour sécuriser la voie des vélos. "On avait l’idée de sécuriser les vélos qui ont besoin de passer par une voiture-balai conduite par des automobilistes volontaires qui resteraient en warning derrière les vélos. L'idée est de leur donner de la visibilité et obliger les voitures à se décaler sur la voie de gauche," explique Aline. 

Mais cette initiative a été fortement déconseillée, puis interdite, par le sous-préfet de Saint-Malo qui l'a qualifié de "manifestation non déclarée". Joint par téléphone, c’est la sécurité qui justifierait sa décision. "La semaine dernière, avant même que le collectif présente son évènement, on a eu quand même des vitesses à plus de 100 km/h enregistrées sur cet axe. Ce qui est potentiellement accidentogène", explique Philippe Brugnot, sous-préfet de Saint-Malo. Aux heures de pointe, le sous-préfet a annoncé des contrôles routiers renforcés pour sensibiliser les automobilistes à respecter les limitations de vitesse. 

Le collectif demande la sécurisation des cyclistes

Constitué depuis près d’un an, "Barrage de la Rance à vélo" s'aligne sur les demandes des associations pour que le Conseil départemental et les parties prenantes s'engagent sur le scénario d'une piste cyclable complètement sécurisée et aux normes. 

"On demande à long terme une piste cyclable sécurisée et à court terme des panneaux indiquant la présence de vélos sur le barrage, la réduction de la vitesse maximale autorisée et la mise en place de transports subventionnés pour que les vélos puissent traverser de façon sécurisée," avance Aline, membre du collectif. 

Les associations locales demandent depuis des années des aménagements pour la circulation des vélos le long du barrage et plus de sécurité. Pour rappel, un accident a fait un mort, renversé par une voiture sur cet itinéraire en 2021. 

Les conclusions sur les études de faisabilité d'une piste attendues pour fin décembre

La sécurisation de la traversée du barrage de la Rance et l’aménagement d’une voie cyclable entre Dinard et Saint-Malo mobilisent les associations depuis 2016 et des discussions sont engagées avec le Conseil Départemental depuis cette date.

A LIRE. Saint-Malo. Des associations réclament plus de sécurité au barrage de la Rance pour les cyclistes

Des études sont toujours en cours concernant l'aménagement et la création d'une vraie piste cyclable sécurisée. Les études de faisabilité ont été lancées il y a trois ans par le Conseil départemental d'Ille-et-Vilaine en charge de la voirie. "Mais il n'y a aucun engagement pour l'instant," regrette Aline, membre du collectif. Les conclusions des études et une réponse de Jean-Luc Chenut, le président du Conseil départemental sont attendues sur ce sujet fin décembre. 

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