Lait : la hache de guerre entre les producteurs et Lactalis n'est pas enterrée

La hache de guerre entre les producteurs de lait français et Lactalis est loin d'être enterrée, les agriculteurs menaçant le numéro un mondial du lait d'assécher son approvisionnement en France s'il ne "modernise" pas ses relations avec ses fournisseurs.

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"Lactalis n'a aucune vision de modernité avec ses fournisseurs, ni aucune transparence, ils ne publient pas leurs résultats et appliquent une politique à la tête du client", a lancé Jean Turmel, secrétaire-adjoint de la Fédération
Nationale des producteurs laitiers
(FNPL) mardi, lors d'une conférence de presse à Paris.

Malgré le relèvement des prix obtenu sous la pression des manifestations l'été dernier, la FNPL souhaite que des relations plus pérennes s'établissent entre les producteurs et le géant industriel laitier, pour que le rapport de force s'inverse un peu.

Pour cela, elle compte notamment sur l'application de la Loi Sapin II.

"Nous avons obtenu dans la loi qu'un accord-cadre comportant les volumes, la durée du préavis, notamment, soit négocié en préalable à tout accord individuel, cela renforcera le rôle des organisations de producteurs et nous permettra de négocier en collectif, tout ce que ne voulait pas Lactalis" a ajouté André Bonnard, secrétaire général de la FNPL.



"Si Lactalis ne prend pas la mesure de la modernisation de la relation avec ses clients en instituant plus de transparence, nous nous donnerons les moyens d'assécher la fourniture de lait de cette entreprise-là", a-t-il menacé. La FNPL fait notamment valoir que Lactalis poursuit depuis des années des acquisitions d'entreprises à l'étranger, sans qu'aucun des grands groupes laitiers étrangers comme Fonterra (Nouvelle Zélande) ou Arla (Danemark) n'ait jamais pu s'implanter en France.

"Je vous rappelle que la loi Sapin est baptisée loi relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique" a ajouté M. Bonnard.

"Si l'on veut jouer le libéralisme, il faut le jouer jusqu'au bout" conclut M. Turmel, lui-même exploitant dans le Calvados, "les producteurs doivent pouvoir choisir leurs débouchés aussi".

"M. Besnier (patron de Lactalis, NDLR) qui nous met la tête dans le seau, se serait grandi s'il avait coupé court à notre +jacquerie+ en venant nous parler ou en expliquant ses charges et ses obligations. Il a voulu rester caché, et maintenant il va falloir qu'il évolue, c'est la loi qui va le lui imposer", a ajouté M. Turmel.

Le prix moyen du litre de lait payé par Lactalis au producteur de lait est remonté à 30 centimes en décembre, mais la moyenne sur l'année reste de 27,5 centimes, soit encore loin du taux de couverture des coûts de production moyens, estimé autour de 32 à 33 centimes.

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