Claire de Duras, la romancière féministe du 19ᵉ siècle, sera éditée en livre de poche 200 ans après son premier succès, "Ourika", publié en 1823. Récit d'une carrière fulgurante encore méconnue.
Deux cents ans après son premier succès littéraire, "Ourika", qu'elle publie anonymement en 1823, les œuvres de Claire de Duras paraissent aujourd'hui en livre de poche.
La romancière féministe d'avant-garde est née le 27 février 1777 à Brest, sous le nom de Claire de Coëtnempren de Kersaint. Claire de Duras est l'amie de François-René de Chateaubriand, l'écrivain très en vue à cette époque du romantisme.
L'autrice écrit également en 1822 un deuxième roman, "Édouard", et un troisième, "Olivier". Elle ébauche encore "Le Moine du Saint-Bernard", qu'on a cru longtemps disparu, et qui paraît pour la première fois aujourd'hui.
En 1823, Claire de Duras achève "Mémoires de Sophie" qui n'est pas dans ce volume. Et à une date inconnue, elle esquisse "En Bretagne" et "Le Paria", deux autres ébauches à lire pour la première fois.
La bibliothèque nationale de France l'avait mise à l'honneur fin 2020 parmi une pléiade d'autrices à redécouvrir. Claire de Duras est décrite comme une "romancière de l'altérité" par les universitaires , signant "un texte puissant, où l'intériorité de la jeune Sénégalaise est mise sur le devant de la scène".
Une carrière fulgurante
Qui sait combien de livres cette romancière tardive portait en elle ? Sa carrière fulgurante s'arrête avec sa mort en 1828, à 50 ans.
"Ourika" et "Édouard" ont fait sensation. Le premier n'a été tiré initialement qu'à une trentaine d'exemplaires, par une autrice qui n'a pas la prétention de se faire un nom, ni de diffuser ses écrits auprès du grand public.
Le roman Édouard raconte l’histoire d’un homme qui ne peut épouser sa bien-aimée parce qu’il n’est pas aristocrate : Claire de Duras y exprime sans doute ses frustrations dues à une vie amoureuse peu épanouie.
Ses autres livres ne seront publiés qu’à titre posthume. Olivier ou le secret, qui traite de l’impuissance et de l’homosexualité et ne sera édité qu’en 1971.
Ourika : premier roman antiraciste de l’histoire
Le personnage héroïque du roman "Ourika" est une jeune femme sénégalaise. Cet ouvrage raconte la vie d’une enfant noire offerte à une famille aristocratique. Laquelle bénéficiera ainsi d’une éducation soignée, mais ne pourra épouser l’homme qu’elle aime et finira ses jours dans un monastère.
"Ourika" va devenir un best-seller. Pour autant, Claire de Duras ne se sent pas une vocation de femme de lettres et reverse ses bénéfices à une société de charité.
La fin d'Ourika est triste. Celle de Claire de Duras le sera aussi. Accablée par le départ de sa fille aînée et le peu d'attention que lui prête Chateaubriand, dont elle est éprise, elle part à contrecœur en voyage, sur le conseil de ses médecins, en Suisse et sur les bords de la Méditerranée. Elle n'en reviendra pas.
L’œuvre de cette Bretonne, féministe et antiraciste, est à découvrir, car les combats qu’elle porte, hélas, sont toujours d'actualité.
Avec AFP