Réforme des retraites. À Mellé,649 habitants, on ne tourne pas la page

Depuis quelques semaines, à Mellé, petite commune d’Ille-et-Vilaine de 649 habitants, des habitants se retrouvent, casseroles à la main,  le lundi soir de 20h à 21h pour dire Non à la réforme des retraites. La première fois, ils étaient trois, la seconde six. Un nouveau rassemblement est prévu demain. Le Collectif Campagnes Indignées en est convaincu, si toutes les communes faisaient de même, les choses pourraient changer.

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Sur la vidéo tournée lors de la manifestation du 17 avril, jour de la prise de parole du Président de la République sur la réforme des retraites, Mellé est très fière d’être le plus petit rassemblement de France. Ce jour-là, ils étaient neuf. Casseroles et tambours à la main à défiler dans les rues de la commune.

 

"La première fois, on était trois, la deuxième, on était six… on a doublé le nombre de manifestants en une semaine" sourit Hélène Gerray.

"Quand on habite à la campagne, c’est difficile d’aller manifester, explique-t-elle. Si on va vers Avranches ou vers Fougères, c’est 30 ou 50 kilomètres, financièrement, c’est compliqué avec le prix de l’essence et puis ça prend du temps ! C’est un peu la double peine pour nous."

Avec ses amis, elle a donc cherché une solution pour continuer à s’opposer à la réforme, "parce qu’il n’est pas question qu’on se résigne", sans que cela coûte trop cher et pour que le mouvement puisse durer ad vitam aeternam, "parce qu’on rigole bien".

Les petites communes ne comptent pas pour des prunes

Les membres du Collectif Campagnes Indignées se sont aperçus que les manifestations sont toujours organisées dans les mêmes 300 grandes villes. "300 sur les quelques 36 000 communes françaises… C’est à peine 5%, s’agace Hélène Gerray. Du coup, on a l’impression que ce sont les grandes villes qui s’expriment et que dans les petites communes, les gens ne disent rien."

C’est chez nous, on y va à pied, on rentre à pied

Hélène Gerray, membre du Collectif Campagnes indignées

"Mais 90% des villes ont moins de 5 000 habitants et cela ne veut pas dire que leurs habitants ne sont pas indignés, poursuit-elle. Alors, le collectif a imaginé de se rassembler à Mellé. C’est chez nous, on y va à pied, on rentre à pied. On manifeste pendant une heure le lundi soir, ce n’est pas très pesant, ça ne prend pas sur notre temps de travail, c’est génial !"

"Et puis, les mouvements dans les grandes villes ne sont pas toujours accessibles aux personnes âgées, qui ne sont pas forcément très mobiles, qui ont peur de marcher, de rester longtemps debout ou qui craignent les affrontements. Ici, l’autre jour, il y a une dame qui s’est mise à sa fenêtre et qui a tapé sur sa casserole, c’était super !"

Des manifestations dans les règles

Le Collectif a choisi de faire les choses dans les règles. Avant chaque rassemblement, Hélène se rend en mairie pour déclarer la manifestation, annoncer le parcours dans les rues. "Cela permet d’interpeller les élus, de leur dire, dans votre commune, il y a des gens qui ne sont pas contents. Il faut que nos maires se positionnent sur cette réforme", affirme Hélène Gerray.

"Et puis, notre déclaration est envoyée à la sous-préfecture, puis à la préfecture, à la gendarmerie, au commissariat. Cela mobilise des tas de gens dans l’administration et cela génère plein de paperasses", se réjouit-elle.

Et un instant, Hélène Gerray se prend à rêver… en Ille-et-Vilaine, il y a 333  communes. "Jusqu’ici, depuis le début du mouvement, le préfet reçoit cinq ou six déclarations de manifestations sur son bureau tous les 15 jours… s’il en avait 300 toutes les semaines, ce ne serait pas exactement pareil."

"Il suffirait que 27 personnes se regroupent dans chaque commune française pour que cela fasse un million de manifestants dans les rues" s’enthousiasme-t-elle.

"Et cela simplifierait les calculs, ajoute-t-elle taquine. Le jour où nous étions trois ou six dans les rues, on s’est vite mis d’accord sur les chiffres avec les gendarmes. On a dit, "nous sommes trois, nous ne pourrons pas dire que nous sommes 5 et vous ne pourrez pas dire que nous sommes 2" ! Nous étions tous d’accord !"

"Cela élimine aussi les problèmes de débordement et de violences, ironise Hélène Gerray. Si des Blacks blocs veulent s’infiltrer dans nos rassemblements, ils vont avoir du mal à se dissimuler !"

Elle espère donc que d’autres communes vont copier l’idée. "Nous sommes tous des petits cailloux, soyons des milliers de petits cailloux dans les chaussures."

Parler haut et fort

"Evidemment, reconnait Hélène Gerray, manifester dans son village, ce n’est pas forcément facile. Certains ont peur de ce que peuvent penser les voisins. Mais il faut clamer haut et fort ce que l’on pense, c’est là que l’on peut se rendre compte que l’on n’est pas seul."

"Nous n’avons pas à courber la tête, continue-t-elle, nous devons être des citoyens dignes. Les gens nous regardent derrière les volets, mais un jour, peut-être, ils sortiront et nous pourrions être surpris de nous retrouver tous au même endroit."

Ce 8 mai, un nouveau rassemblement est organisé à Mellé, de 20h à 21h. "Si nous sommes 12, nous aurons encore doublé notre effectif, espère Hélène Gerray… mais quoi qu'il arrive, nous continuerons à manifester dans la bonne humeur !"

 

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