Mariam et sa famille sont arrivées en France il y a 3 ans. Scolarisée à Rennes, Mariam aujourd'hui majeure possède un titre de séjour. Mais ses parents et sa petite sœur Ekaterine ont reçu une Obligation de Quitter le Territoire Français. Déboutée du droit d’asile, sa famille est menacée d’expulsion.
Mariam avait 15 ans quand elle est arrivée à Rennes en 2018. Ses parents, sa jeune sœur de 5 ans et elle bénéficient alors de titres de séjour pour "étranger malade". Le père de Mariam, atteint d'un cancer du foie, vient recevoir des soins que la Géorgie ne saurait lui prodiguer.
Trois ans plus tard, le père de famille a pu bénéficier d'une greffe, et doit suivre un traitement médical introuvable dans son pays d'origine. Toutefois, l'administration française vient de refuser sa demande d'asile. Lui, sa femme et sa plus jeune fille sont sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF).
Mariam elle, a eu 18 ans en avril 2021. Son titre de séjour a été renouvelé pour un an, en tant qu'étudiante majeure. Administrativement parlant, elle pourrait rester en France jusqu'en avril 2022, tandis que ses parents retourneraient en Géorgie avec sa sœur. Mais le manque de médicament, pourrait faire peser un risque sur la durée de vie de son père.
Une situation absurde et tragique
Informée de la situation absurde et tragique vécue par son élève, Sylvie Clairet l'enseignante en Arts Plastiques de Mariam, scolarisée en première au Lycée Bréquigny de Rennes, a décidé d'alerter la communauté enseignante. Un comité de soutien s'est constitué, et une pétition demandant que Mariam et sa famille puisse rester à Rennes a été rédigée et mise en ligne par les représentants du personnel enseignant, relayée par RESF( réseau d'éducation sans frontières).
"C'est une jeune fille extrêmement brillante. En arts, elle a des capacités exceptionnelles, hors normes. Elle a vraiment quelque chose de particulier" souligne Sylvie Clairet.
L'ensemble de l'équipe pédagogique du lycée soutient Mariam et sa famille : "Leur situation exige qu'ils puissent rester en France. Au-delà de l'état de santé de son père, la décision de l’État contrevient à l'intérêt supérieur de l'enfant de mener à bien sa scolarité sereinement" explique Fabienne Portanguen, enseignante et représentante Sud Éducation.
Si elle retourne en Géorgie elle devra reprendre son cursus à zéro
Sylvie Clairet, enseignante en Arts Plastiques
"Elle ne va pas rester en France toute seule sans revenu. Être trimballée d'un pays à un autre, d'un système scolaire à l'autre, devoir s'adapter à nouveau, ça compromet sa scolarité" poursuit Sylvie Clairet.
Son ambition : Les Beaux-Arts de Paris
"Elle a très clairement un projet d'orientation, elle souhaite intégrer l'école des Beaux-Arts de Paris. Elle est très motivée, elle cherche à exposer son travail ici à Rennes" continue l'enseignante. Pour elle, il ne fait aucun doute qu'une rupture dans le cursus de Mariam lui serait préjudiciable.
Une jeune fille courageuse
Parce que c'est elle qui maîtrise le mieux la langue française, Mariam prend en charge toutes les démarches administratives pour sa famille. C'est donc elle, soutenue par les bénévoles de son comité de soutien, qui s'est occupée de faire appel de la décision d'OQTF signifiée aux siens.
"On attend la date d'audience devant le tribunal administratif. C'est vraiment difficile d'être dans cette situation, mais je suis confiante. Je pense qu'on va y arriver" confie la courageuse jeune fille.
Elèves, parents d'élèves, enseignants du lycée de Bréquigny, ils sont nombreux à lui accorder leur soutien. Son professeur principal a proposé qu'une délégation l'accompagne à l'audience, afin d'appuyer son dossier.