Au Space de Rennes, le modèle standard de l'élevage à nouveau célébré

Le Space, deuxième plus grand salon de l'élevage en Europe, ouvre ses portes ce mardi 12 septembre et jusqu'à jeudi. Avec 347 exposants, plus de 100.000 visiteurs de nombreuses nationalités, il fait de Rennes la capitale de l'élevage. Traditionnellement orienté sur l'innovation, il a fait ses dernières années la part belle à la transition énergétique et au bien-être animal. Face au mur de l'inflation, le salon célébrera à nouveau l'élevage de masse.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

La "montée en gamme" de l'élevage français, défendue un temps par Emmanuel Macron lui-même et censée améliorer le bien-être animal, se heurte au mur de l'inflation. Alors l'horizon est à nouveau à la production de masse pour résister aux importations à bas coût.
Les professionnels de l'élevage (coopératives, interprofessions...) devraient le marteler de mardi à jeudi au salon des productions animales de Rennes (Space), vitrine bretonne de l'agro-industrie depuis 1987. La première région française d'élevage produit aujourd'hui plus d'un porc français sur deux et un poulet sur trois.
Décrié pour ses coûts environnementaux (notamment la prolifération d'algues vertes due aux rejets agricoles), le modèle intensif qui s'est développé après-guerre en Bretagne a encore le vent dans le dos. 
"On a un objectif de reconquête" de la production d'entrée de gamme, résume Gilles Huttepain, cadre dirigeant du leader français de la volaille LDC (Le Gaulois, Maître Coq, Poulets de Loué...) et vice-président de l'interprofession Anvol.
À l'échelle nationale, "il faudrait construire 400 nouveaux poulaillers par an en standard pour reconquérir des parts de marché sur les importations", à l'heure où un poulet consommé sur deux provient d'ailleurs (Brésil, Ukraine...).
Gilles Huttepain enfonce le clou : "On ne veut pas devenir la Suisse. Ils sont tellement montés en gamme qu'ils ont une production (agricole) folklorique, et le reste c'est de l'importation."

"Silence radio"


Dans le monde d'avant la crise sanitaire et la guerre en Ukraine, les lancements de produits bio ou "engagés" étaient légion. Élever moins d'animaux au m2, réduire le recours aux cages pour les poules et les truies gestantes, augmenter le pâturage: c'était l'air du temps et conforme aux préconisations des vétérinaires.
Mais l'inflation est passée par là. Selon l'Insee, le prix des produits alimentaires a encore bondi de 11,1% le mois dernier sur un an. Résultat: les Français privilégient les premiers prix.
Selon Pascale Hebel, directrice chargée des tendances de consommation à la société de conseil C-Ways, seuls "30% des Français ont les moyens de payer plus cher pour la qualité", contre 50% en 2017.
Cette année-là, le président nouvellement élu Emmanuel Macron avait bousculé le monde agricole en suggérant d'"arrêter des productions, qu'il s'agisse de la volaille ou du porc, qui ne correspondent plus à nos goûts, à nos besoins".
Désormais, "silence radio" à l'Elysée sur la montée en gamme, remarque Gilles Huttepain. L'exécutif parle "souveraineté alimentaire" et baisse de la dépendance aux importations.

"Le prix, le prix, le prix"


"J'ai toujours dit que cette montée en gamme, ce n’était pas gagné", observe Yves-Marie Beaudet, éleveur de poules pondeuses et président de l'interprofession de l'oeuf CNPO. 
Poussée par les pouvoirs publics, les enseignes de supermarché et les associations de protection animale, la filière œufs a presque tourné le dos aux cages (une poule sur quatre élevée en cage aujourd'hui en France contre encore 44% en 2020).
Yves-Marie Beaudet le regrette car les achats d'œufs issus de poules en cage, moins chers, sont repartis avec l'inflation.
"Notre problème, c'est que la demande du consommateur c'est le prix, le prix, le prix", abonde la directrice de l'interprofession porcine Inaporc, Anne Richard.
Il a été reproché aux professionnels du porc de ne pas prendre le train de la montée en gamme (moins de 1% de porc bio). "Peut-être que la résistance qui a eu lieu à l'époque n'était pas ridicule. Les gens qui ont investi dans le bio se retrouvent coincés" faute de débouchés, note-t-elle. 
Priorité désormais à la "compétitivité", aux volumes plutôt qu'aux niches pour réaliser des économies d'échelle et rester accessible. 
"C'est un retour en arrière, à contre-courant des enjeux qu'on a devant nous", notamment de développer - pas seulement pour les riches - une alimentation de qualité, estime Mathieu Courgeau, éleveur laitier et coprésident du collectif Nourrir, qui rassemble une cinquantaine d'organisations pour une refonte du système agricole et alimentaire.
Pour lui, le retour en grâce du standard n'est qu'un prolongement de ce qui s'est fait "depuis les années 1960: produire plus à pas cher, quels que soient les coûts sociaux et environnementaux cachés".

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information