Après Emmanuel Macron (32%), la Bretagne place Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen à quasi égalité (20,6 et 19,5%) pour ce premier tour de l'élection présidentielle, où la candidate du RN obtient 4 points de plus qu'en 2017. De quoi inquiéter les militants LREM locaux, bien conscients que le second tour est loin d'être joué.
Les urnes ont parlé : ce 10 avril, Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont qualifiés pour le second tour de l'élection présidentielle de 2022, avec respectivement près de 28 et 23% des suffrages exprimés lors du premier scrutin.
À Rennes, chez les militants du président sortant, on garde la victoire modeste. "Je suis soulagée, car les derniers sondages donnaient les deux candidats au coude à coude. Finalement, on dispose d'une petite avance, mais il n'y a pas lieu de triomphalisme, confie Laurence Maillard-Méhaignerie, députée (LREM) d'Ille-et-Vilaine. L'élue repart en campagne dès le lendemain matin. "Nous devons repartir sur le terrain, faire du porte à porte, pour convaincre les électeurs qui n'ont pas voté Emmanuel Macron. Et montrer ce qu'est Mme Le Pen : c'est l'extrême-droite, soit un danger pour le pays."
Dylan Le Moine n'est pas surpris du résultat. "C'est que du positif, sourit le coordinateur régional breton des Jeunes avec Marine. Travaille depuis septembre 2021 sur ce projet, sur les thèmes du pouvoir d'achat et de la sécurité. Marine a été au contact des citoyens et les électeurs semblent avoir compris qu'elle était la seule à battre Emmanuel Macron. Tout le travail accompli, il paye à présent." Le candidat aux législatives dans la 7e circonscription d'Ille-et-Vilaine, présent à la soirée électorale de de la candidate au parc floral de Paris, compte bien "ne rien lâcher pour atteindre la victoire au second tour."
Une poussée du RN en Bretagne
Il est logique que le parti présidentiel ne fanfaronne pas. "On se retrouve avec le même duo de tête qu'en 2017, mais il ne s'agit en rien d'un duplicata, prévient Thomas Frinault, maître de conférence en sciences politiques à Rennes 2. Emmanuel Macron réalise un bon score, qui est à mettre en relation avec le modeste résultat de Valérie Pécresse. Contrairement au second tour de 2017, il ne pourra cette fois pas compter sur le réservoir de voix à droite que représentaient les 20% obtenus par François Fillon. C'est à présent dans une partie de l'électorat de Jean-Luc Mélenchon que se joue le second tour." Soucieuse mais déterminée, Laurence Maillard-Méhaignerie évoque "un long travail" à mener dans l'entre-deux-tours, quitte à amener Emmanuel Macron à apporter "des modifications dans son programme".
"Emmanuel Macron fait le plein en Bretagne et Jean-Luc Mélenchon réalise un bon score, quasiment similaire à celui de 2017 où il était arrivé devant François Fillon [20,6% en 2022 contre 19,3%, NDLR]," résume Thomas Frinault. Mais il ne faut pas oublier que Marine Le Pen s'installe en troisième position (19,5%), juste derrière l'Insoumis.
Marine Le Pen réalise 4 points de plus qu'en 2017, alors qu'elle devait composer avec la concurrence d'Éric Zemmour.
Thomas Frinault, politologue
Selon le chercheur, l'écart politique entre la Bretagne, connu pour être une région "modérée" et la situation national tend à se réduire. "La Bretagne est connue pour être une région où il est notoire que le RN n'obtient pas ses meilleurs résultats. Aujourd'hui, malgré des campagnes électorales locales ratées, le parti de Marine Le Pen opère une poussée en Bretagne : il obtient ce score important à l'échelle de la région et arrive même en tête dans certains territoires [voir carte ci-dessous, NDLR], conclut Thomas Frinault. Elle gagne 3 points à Lorient et même 5 à Brest, ce qui n'est pas négligeable"