Samedi, deux hommes ont reçu des coups de couteau à quelques heures d'intervalle. L'un d'eux, âgé de 19 ans, est décédé. Habitants et policiers témoignent de leur inquiétude.
Geneviève*, habite à proximité de la passerelle qui enjambe la voie ferrée entre le boulevard de Verdun et le CHU de Rennes. Elle voit le trafic sur ce pont piétonnier depuis sa fenêtre et avoue aujourd'hui avoir changé ses habitudes pour ne pas rentrer trop tard le soir, par peur d'une agression.
"Il y a déjà eu des agressions, ici, à la sortie du métro Anatole France, dont un jeune homme qui a été traumatisé" se souvient cette retraitée.
Le drame qui s'est déroulé hier soir, et la mort d'un jeune homme de 19 ans, ne la laisse pas indifférente : "on est bouleversés. Quand ça se passe dans notre quartier, on est encore plus atteints" avoue-t-elle.
La tournure des événements inquiète tous les habitants de ce quartier du centre-ville, au point que certains envisagent désormais de déménager. "On craint... on craint pour nous et pour les jeunes qui rentrent tard le soir" témoigne cette habitante.
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L'opération place nette a été un court répit
Le trafic dans cette rue de Rennes est connu de tous, habitants comme policiers. La police y patrouille régulièrement et une opération place nette y avait même était menée, "il y a environ deux ans" croit se souvenir Geneviève.
Les trafiquants avaient alors déserté les lieux, mais le répit a été de courte durée.
Selon cette riveraine, le trafic s'est intensifié depuis 3 ou 4 ans et elle trouve que "là, c'est l'escalade".
Les policiers réclament des moyens immédiats
S'il n'est pas encore possible d'affirmer le lien entre ces deux agressions et le trafic de drogue, les soupçons sont grands. Les deux victimes sont en effet connues des services de police pour trafic de stupéfiants.
Deux jours après la venue à Rennes du ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, le secrétaire régional Police Alliance, estime qu'il faut agir sans attendre. "Le constat que l’on fait sur Rennes, alarmant mais objectif, nécessite des renforts d’effectifs immédiats. C’est urgent ".
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Frédéric Gallet insiste sur le traumatisme que crée ce genre d'événements "Ces règlements de compte sont très anxiogènes pour les collègues et les habitants du quartier. Ils se sentent en insécurité permanente".
Le représentant des policiers martèle ce qu'il a déjà dit aux conseillers du ministre de l'Intérieur : "pour lutter contre ce narco, il faut des hommes sur le terrain et en investigation."
Lors de sa venue, Bruno Retailleau a dit vouloir faire de la lutte contre le narcotrafic une grande cause nationale, et a évoqué 5 renforts de policiers pour le quartier de Maurepas, Très insuffisant pour les syndicats de police qui réclament entre 115 et 150 policiers supplémentaires.
*prénom d'emprunt
(Avec Enora Quellec et Stéphanie Labrousse)