Au lendemain des élections européennes du dimanche 9 juin et de l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale par le président Macron, ainsi que de nouvelles élections législatives les 30 juin et 7 juillet, les réactions des députés bretons s'enchaînent suite au score inédit du RN en Bretagne.
Ils étaient quelque 49,5 millions d'électeurs appelés aux urnes pour élire les 81 eurodéputés qui siégeront au Parlement européen. Lors de cet unique tour de scrutin des élections européennes, en Bretagne, terre pourtant habituellement modérée, c'est le Rassemblement National qui est arrivé en tête, à l'image du reste du territoire. Il est cependant en dessous de son score national avec 26,36 %. Raphaël Gluksmann arrive, lui, en deuxième position avec 18 % mais se hisse en tête dans certaines villes comme Rennes ou Brest. Valérie Hayer (candidate du parti présidentiel) doit se contenter d'une troisième position avec 17,43% des votes.
La Bretagne compte trois nouveaux eurodéputés : Gilles Pennelle (RN), Marie-Pierre Védrenne (Renaissance) et Isabelle le Callennec (LR). Toujours scrutée pour sa manière de voter, la Bretagne affiche une participation plus forte qu’ailleurs et les Bretons se sont mobilisés plus fortement qu’en 2019. Mention spéciale aux Côtes-d’Armor, où 59 % des inscrits ont voté.
À l'échelle du pays, le Rassemblement National de Jordan Bardella s'offre une victoire historique avec 31,5 % des voix. Le parti améliore son score de 2019 de huit points, et prétend à 29 à 31 sièges au Parlement. Le parti présidentiel Renaissance pointe à la deuxième place avec 15,2 % des votes, soit 14 à 15 sièges européens. Le PS se classe troisième avec 14 % et peut espérer 12 à 14 sièges. La France insoumise arrive quatrième avec 8,7 % et huit sièges.
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À la suite de ces résultats, un véritable coup de tonnerre a frappé en provenance de l'Élysée. Le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé la dissolution de l'Assemblée nationale, et de nouvelles élections les 30 juin et 7 juillet.
Les réactions
C'est de la pure folie. Il annonce des élections anticipées le 30 juin, c’est à dire dans trois semaines, aujourd’hui le Rassemblement national est en force. Demain, les candidats qui vont se présenter sous ses couleurs seront confortés.
Isabelle Le Callennecélue LR au Parlement européen
Isabelle Le Callennec, élue au Parlement européen sur la liste LR, a estimé sur France Bleu que "c’est de la pure folie". "Aujourd’hui le Rassemblement National est en force. Demain, les candidats qui vont se présenter sous ses couleurs seront confortés. Ceux d’Emmanuel Macron sont en grande difficulté et en grande faiblesse compte tenu du score. Ici à Vitré, la candidate macroniste a fait 10 points de moins qu’en 2019, le Rassemblement National, même à Vitré, a fait 10 points de plus, c’est extrêmement dangereux. Depuis 2014, Emmanuel Macron joue avec le feu, il va finir par se brûler.”.
La liste LR dans laquelle Isabelle Le Callennec fait 15,65% à Vitré, contre 20,04% pour le RN et 21,43 pour Renaissance. Isabelle Le Callennec, 4è sur la liste de Xavier Bellamy, devra laisser son siège de maire de la ville à cause de la loi sur le cumul des mandats.
Marie-Pierre Vedrenne, du Modem, reconnaît sur X (ex-Twitter) que "c'est une défaite". Celle qui est troisième sur la liste Renaissance de Valérie Hayer, et donc élue au Parlement européen, indique qu’elle ”reste en campagne”.
C’est une défaite, disons-le, mais je ne serai jamais dans le camp du renoncement & de la résignation. Je reste en campagne
— Marie-Pierre Vedrenne (@MariePierreV) June 10, 2024
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C'est un tremblement de terre. Les Bretons ont, certes, voulu sanctionner ceux qui étaient directement responsables de leurs difficultés quotidiennes mais ils ont aussi voulu signifier que l'espoir d'une autre politique était possible.
Gilles Pennelleleader du Rassemblement national en Bretagne
De son côté, Gilles Pennelle, leader du Rassemblement national en Bretagne, se félicite dans Ouest-France : "C'est un tremblement de terre. Les Bretons ont, certes, voulu sanctionner ceux qui étaient directement responsables de leurs difficultés quotidiennes mais ils ont aussi voulu signifier que l'espoir d'une autre politique était possible".
La Bretagne n'est pas étanche aux angoisses, aux tenants du chaos qui tapent en permanence pour fragmenter notre pays.
Loïg Chesnais-Girardprésident de la région Bretagne
Pour le président PS de la région Bretagne, Loïg Chesnais-Girard, s'exprimant au micro de France Bleu, le RN arrive en tête pour la première fois "parce que la Bretagne n'est pas étanche aux angoisses, aux
tenants du chaos qui tapent en permanence pour fragmenter notre pays... le RN peut être pour certains un vote qui peut susciter un espoir, pour d'autres permette de mettre une claque à celles et ceux qui gouvernent. Désormais la question c'est de savoir si on passe de la claque à ceux qui nous gouvernent à donner les clefs au Rassemblement national".
Le président de la République est en train de jouer un coup de poker qui peut concrètement conduire l'extrême droite à Matignon et qui peut être en mesure de diriger le pays d'ici 20 jours.
Mélanie Thomindéputée Nupes du Finistère
Toujours auprès de nos confrères de France Bleu , la députée de la 6e circonscription du Finistère Mélanie Thomin estime que la dissolution est "une décision très grave que je considère dangereuse pour l'équilibre du pays. Le président de la République est en train de jouer un coup de poker qui peut concrètement conduire l'extrême droite à Matignon et qui peut être en mesure de diriger le pays d'ici 20
jours". Mélanie Thomin appelle à une union de la gauche qui "est la seule alternative crédible face à l'extrême droite. Je crois à l'idée d'un front populaire face à ce Rassemblement national qui est fort dans nos territoires".
La classe politique entière est surprise de cette décision, nous y compris. Évidemment, on prendra nos responsabilités avec toutes les forces de gauche pour essayer d’empêcher le Rassemblement National de prendre à la fois l’Assemblée Nationale et la place de premier ministre.
Claire Desmarreprésidente d’EELV à la Région
Selon Claire Desmarre, présidente d’EELV à la Région : “Évidemment, on prendra nos responsabilités avec toutes les forces de gauche pour essayer d’empêcher le Rassemblement National de prendre à la fois l’Assemblée Nationale et la place de premier ministre. C’est une perspective qui est inenvisageable en France, qui serait terrible. On est mobilisés pour avoir une réponse politique à cette situation.”
A quoi s'attendre pour les législatives dans la région ?
Les prochaines législatives devaient avoir lieu en 2027, dans la foulée de l'élection présidentielle. Les élections législatives auront finalement lieu dans quelques semaines. Un retour aux urnes qui a découlé de l'annonce surprise d'Emmanuel Macron ce dimanche 9 juin 2024 dans la soirée : la dissolution de l'Assemblée nationale, dès le 30 juin.
"On a la confirmation du désamour naissant entre Macron et la région Bretagne", explique le politologue Thomas Frinault. Un constat quasi similaire avec les Écologistes qui s'effondrent littéralement. "La configuration est très défavorable pour eux. Il faut se souvenir qu'en 2022, dans les accords régionaux de la Nupes, les Écologistes n'étaient déjà pas très bien servis en Bretagne. Donc là, ils ne sont pas en bonne posture pour demander plus, d'autant que le PS a monté et que LFI a fait un score loin d'être mauvais du point de vue de son histoire."
Jean-Luc Bourgeaux, député de Saint-Malo apparenté LR, sera candidat. C'est ce qu'il a confirmé à France Bleu Armorique ce lundi matin : "Je suis surpris de l’annonce, je ne vais pas dire le contraire. Maintenant quand je vois le spectacle donné à l’Assemblée Nationale ces 15 derniers jours, personnellement je me disais on ne va pas pouvoir continuer comme ça. C'était une vraie foire. On n’arrivait plus à tenir personne, c’était très difficile. Je comprends qu’au but d’un moment, il faut demander aux Français ce qu’ils veulent vraiment”.