Du "chômage un peu compliqué" à la culture de cannabis. Le jardinier en herbe condamné pour avoir fourni un large trafic de drogues.

C'est l'histoire d'un "novice qui n'a pas la main verte", embarqué dans un trafic qui le dépasse. Un cultivateur de cannabis de Guenroc (Côtes-d'Armor) a été condamné par le tribunal correctionnel de Rennes ce mardi 12 mars 2024 pour avoir alimenté un vaste réseau de stupéfiants, démantelé à Rennes (Ille-et-Vilaine) au mois de janvier 2023.

"L'audience s'inscrit dans un dossier très important de trafic de stupéfiants", a précisé d'emblée la présidente du tribunal correctionnel de Rennes. L'homme, jugé ce mardi 12 mars 2024, est soupçonné d'avoir fourni le cannabis nécessaire à l'organisation d'un vaste trafic de cocaïne, de résine de cannabis, d'ecstasy ou encore d'héroïne qui sévissait via le réseau social Snapchat.

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C'est en juillet 2022 que l'enquête démarre : la police rennaise est informée d'un trafic de stupéfiants organisé dans deux appartements, d'abord dans le quartier de Villejean, puis celui de la Plaine-de-Baud, à Rennes.

Les investigations permettent dans un premier temps d'identifier cinq membres de ce réseau, qui fournissent des stupéfiants "sur place ou en livraison à domicile". Jugés en janvier 2023, les organisateurs du réseau écopent de peines de 18 mois à 3 ans d'emprisonnement.

"Il faisait pousser des pieds de cannabis dans une longère"

À l'occasion des écoutes téléphoniques mises en place, les enquêteurs remontent ensuite jusqu'à l'un des fournisseurs, qui promettait de "livrer jusqu'à deux kilogrammes de cannabis par mois" grâce à un homme "qui fait pousser des pieds de cannabis dans une longère".

L'homme est donc interpellé dans la foulée, mais dit cultiver pour "sa consommation personnelle". Une pièce "entièrement dédiée à la culture de plantes de cannabis" et "tout le matériel nécessaire" sont d'ailleurs retrouvés chez lui lors de la perquisition.

"Un ami connu dans le milieu du trafic"

Mais lors de l'audience, ce mardi 12 mars 2024, il modifie totalement sa version des faits : il reconnaît les faits qui lui sont reprochés, expliquant avoir pensé que la justice serait plus "clémente" s'il disait n'être "que consommateur".

L'homme de 41 ans a cependant assuré n'avoir "aucune idée de ce qu'il y avait derrière" et de "l'ampleur du réseau"Il avait en effet vendu à deux reprises une partie de sa culture à un ami "déjà connu dans le milieu du trafic" qu'il "hébergeait temporairement".

"Je ne devais pas avoir la main verte !"

Pour le procureur de la République, ce qui marque dans cette affaire, c'est la bascule de cet homme "qui essaye de se débrouiller dans la vie" vers "l'illégalité la plus radicale". "Qu'est-ce qui vous est passé par la tête ?", a-t-il donc demandé au prévenu.

"Je me suis rendu compte que le chômage allait être compliqué, alors je me suis dit que j'allais me faire un peu d'argent."

Le prévenu

Ce dernier indique n'être qu'un "novice" — son casier judiciaire était d'ailleurs vierge. Il explique d'ailleurs à la barre que "la première moitié de ma première plantation n'avait pas poussé. C'était tout à fait nouveau pour moi, je ne devais pas avoir la main verte", a-t-il soufflé à la barre du tribunal.

Un constat partagé par le représentant du parquet, qui a souligné "le visage un peu particulier, en décalage avec le milieu" de celui qu'il décrit comme un "canal d'alimentation du réseau", mais dont les "moyens sont très sérieux". Compte tenu des quantités "relativement faibles" finalement écoulées - 600 grammes de "tête de cannabis" et 390 grammes de feuilles — il avait requis 12 mois de sursis à son encontre.

"Soit il est bête, soit il est super honnête, ce qui est rare dans ce genre de dossier"

Une sanction lourde, pour son avocate. "C'est un simple amateur, il fait n'importe quoi" martèle Me Monica-Marcela Laroche Dinu-Bakos. "Soit il est bête, soit il est super honnête, ce qui est rare dans ce genre de dossier". Lors de sa plaidoirie, elle a d'ailleurs rappelé que son client "se bat pour avoir un parcours licite dans la société" : il tient désormais un "food truck de moules frites l'été" et qui "livre des coquilles Saint-Jacques pendant les fêtes". "Jamais, il ne retournera sur cette voie-là", assure-t-elle.

Le prévenu a finalement écopé de 18 mois d'emprisonnement avec sursis. Il devra, par ailleurs, payer une amende de 3 000 € au Trésor public. Sa longère de Guenroc, qui avait été saisie dans le cadre de l'enquête, lui a également été restituée.

(Avec PressPepper)

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