Où en sont les moyens promis pour favoriser l'enseignement et la transmission de la langue bretonne ? Une soixantaine de personnes s'est réunie dans le centre-ville de Rennes, ce 30 janvier 2023, pour demander plus d'aides pour l'apprentissage du breton. Une manifestation initialement prévue dans le cadre d'une visite du ministre de l'Education finalement annulée.
Les associations bretonnes Diwan, Div Yezh Breizh, Divaskell Breizh, Kelennomp ! et Kevre Breizh, qui défendent l’enseignement du breton, se sont rassemblées, ce 30 janvier 2023, en fin de matinée à Rennes devant le TNB (Théâtre national de Bretagne) pour faire part de "leur mécontentement" et réclamer l’application "dans les faits et dans les budgets alloués" de la convention spécifique État-Région sur la transmission des langues de Bretagne et de la loi Molac sur la protection patrimoniale des langues régionales et leur promotion.
Les associations voulaient profiter du déplacement à Rennes du ministre de l'Education, Pap Niaye, dans le cadre de la journée sur l'Education aux médias, pour dialoguer. Le ministre a annulé sa visite, mais le rassemblement, lui, a été maintenu, dans l'espoir de faire remonter les revendications et de pouvoir ouvrir les négociations.
Parmi les sujets de mécontentement : le manque d’enseignants formés en langue bretonne ou le nombre de postes insuffisants aux concours du second degré, alors que se prépare la prochaine rentrée scolaire.
Au côté des manifestants se trouvait le député breton Paul Molac, auteur de la loi du 21 mai 2021 relative à la protection patrimoniale des langues régionales et à leur promotion.
On discute avec le ministère de l'Education et le rectorat, mais maintenant, il faut que les choses aboutissent. On espère que le ministre tiendra sa parole, notamment sur la formation des enseignants et l'ouverture de classes bilingues et en immersion. Il y a une inquiétude significative des enseignants
Paul MolacDéputé du Morbihan
Inquiétude évoquée par Judith Castel, en charge du réseau Div Yezh Breizh, l'association des parents d'élèves pour l'enseignement du breton dans l'école publique : "Depuis les évolutions législatives de 2021 et 2022, rien n'est appliqué ! Nous n'avons pas de réponse du ministère alors que nous avons un dispositif qui fonctionne, mais nous n'avons pas assez de professeurs formés. On manque de poste de CAPES (certificat d'aptitude au professorat du second degré) en breton".
Arnaud Gopper de Div Yezh Breizh souligne, de son côté, "qu'il faut tenir ses promesses et rendre des comptes face aux engagements de l'Etat".
Si les moyens ne sont pas au rendez-vous, la rentrée prochaine sera difficile. Il manque 20 postes d'enseignants bilingues pour la prochaine carte scolaire académique. En second degré, le ministre n'a acté que deux postes de Capes en breton et il en faudrait beaucoup plus
Arnaud GopperDiv Yezh Breizh
Même constat du côté de l'association du réseau Diwan qui souligne des manques de dotation d'heures dans les lycées et la crainte d'une perte de qualité de l'enseignement. Yan Uguen, son président, explique que des collectifs nationaux, dont fait parti Diwan, restent prêts à discuter avec le ministre à n'importe quel moment, après le rendez-vous raté de ce lundi.