L'hôpital rennais a recensé sept cas de patients atteints par le ténia en deux ans. Communément appelé ver solitaire, il s'attrape en consommant du poisson cru, déjà contaminé par le ténia. Avis aux férus de sushis, soyez prudents.
Il mesure jusqu'à 20 mètres de long et vit 10 ans dans les intestins. Appelé scientifiquement bothriocéphale, le ténia s'apparente au cauchemar. Ses effets semblent bénins, provoquant tout au plus des troubles digestifs, mais les personnes contaminées ne se rendent même pas compte d'être parasitées si elles ne vont pas consulter. Ces vers captent également certains types de vitamines, telle la B12. L'infection peut donc provoquer des carences.
Morceau de ver de 4,70 mètres
La larve du ver est insignifiante lorsqu'elle est ingérée. C'est par la suite qu'elle se développe après plusieurs mues dans les intestins, pour atteindre plusieurs mètres.
Le ver vient se fixer sur la paroi de l'intestin. Ensuite il grossit avec les nutriments apportés par son hôte. "Le morceau extrait le plus imposant faisait 4,70 mètres parmi les patients touchés, explique le docteur Sorya Belaz du service parasitologie du CHU de Rennes. Ce ver devait être beaucoup plus long. Tant que la tête n'est pas extraite, il n'est pas éliminé."
À la différence des ténias du bœuf ou du porc, qui laisse des "anneaux dans les selles, permettant de se rendre compte de l'infection," cette espèce reste dans l'intestin sans faire de traces prouvant sa présence.
Pour se débarrasser du ver, il faut subir un traitement anti-parasitaire. Il y a deux cas de figure, "soit le vers est décroché de la paroi intestinale et évacué avec les selles, soit il est 'digéré' et dissous par le corps humain." Une expérience sensiblement traumatisante par les victimes du ténia. D'autant plus que le traitement ne se fait pas en une seule fois.
Les sushis en ligne de mire
Les férus de poisson cru, comme les sushis, doivent faire attention. Les causes de cette explosion de cas d'infection semblent provenir du pays du Soleil Levant. En effet, l'espèce incriminée provient des mers japonaises. Cette recrudescence de cas, après deux décennies sans problèmes, a alerté le CHU.
"Des parasites similaires existaient en France sur des poissons autochtones mais l'absence de cas depuis 20 ans semblait indiquer qu'il avait pratiquement disparu d'Europe," détaille Sorya Belaz.
Pour trouver la provenance des vers actuels, le docteur Brice Autier a réalisé un "séquençage du génotype des parasites incriminés dans les sept cas" et tous proviennent du Japon, sûrement arrivés en France par du poisson importé. Un questionnaire soumis aux patients a montré que tous avaient l'habitude de se rendre dans des restaurants nippons et de consommer des sushis.
À l'inverse des bactéries qu'on élimine en portant à ébullition, "le ténia se détruit grâce à la congélation. Un règlement européen établi en 2004 impose aux restaurateurs de congeler leurs denrées sous des températures comprises entre -20°C pendant 24 heures," détaille-t-il.
L'équipe du laboratoire de parasitologie du CHU de Rennes va publier une étude scientifique sur ces cas de ténia du poisson, sous l'égide du professeur Florence Robert-Gangneux, chef de service.