Fusillade dans le centre-ville de Rennes, "dans le monde des stups, le mètre carré est très cher !"

Une fusillade a éclaté dans la nuit du 5 au 6 octobre en plein centre-ville de Rennes. Un homme a été grièvement blessé. Pour la maire, cela ne fait aucun doute, ces tirs sont liés à la guerre de territoire entre narcotrafiquants. Nathalie Appéré dénonce une escalade de la violence particulièrement inquiétante. Les syndicats de policiers exigent rapidement des moyens humains et une réponse pénale pour endiguer le trafic de stupéfiants.

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"On parle de narcotrafic, de cartel, de réseaux organisés, de réseaux mondiaux, c’est vrai que c’est inquiétant", réagit David Leveau, secrétaire régional Unité.

Ce 6 octobre 2024, vers 3h30 du matin, rue Saint-Michel à Rennes, en plein centre-ville, deux individus casqués, en scooter, ont poursuivi un homme avant d’ouvrir le feu et de lui tirer dessus à plusieurs reprises. Blessé à l’abdomen, il a été transporté au CHU en urgence absolue.

"On n’est plus dans les quartiers, on est en plein centre-ville, un samedi soir" s’inquiète aussi Frédéric Gallet, secrétaire départemental Alliance en Ille-et-Vilaine.

Lire : La fusillade du centre-ville liée "à la guerre de territoire" : le trafic de drogue plonge le centre-ville de Rennes dans la violence

 

4ème fusillade en 15 jours

 

Ces derniers jours, les coups de feu se sont multipliés à Rennes. Le 23 septembre, vers 6h du matin, des tirs ont résonné au pied d’un immeuble de Maurepas. Le lendemain, 24 septembre, deux hommes en scooter ont tiré à l'arme automatique dans le quartier de Bréquigny à Rennes. Ils visaient des guetteurs d'un point de deal. Ils n’ont pas fait de blessés.

Le 30 septembre, deux hommes étaient pris pour cible à Maurepas.

"On assiste à un développement exponentiel du trafic, constatent les policiers. On a même pu voir des points de deal à vendre dans le Sud de Rennes, c’est des millions d’euros. Ça génère énormément d’argent, donc énormément de convoitise."

 

Dans la rue Saint-Michel, à quelques mètres du lieu de la fusillade, une inscription DZ Mafia a été taguée. La DZ, c’est un des cartels de Marseille né en 2010 dans le 14ème arrondissement de la ville. Depuis 2020, la DZ et Yoda se livrent une guerre sans merci. En 2023, une soixantaine d’homicides et de tentatives d’homicides ont été recensés dans la cité phocéenne.

D'après les riverains de la rue Saint-Michel, l'inscription serait très antérieure à la fusillade et n'aurait donc rien d'une signature de revendication.  

La DZ serait bien présente dans la région ? Le 11 mars 2024, un de ses membres avait été interpellé à Montgermont. 

Lire : Trafic de drogue : on vous explique pourquoi le terme "marseillisation" commence à percer à Rennes, Dijon, Avignon, Nîmes

"Les stups c’est beaucoup d’argent et peu de risques !"

Des bandes rivales se mèneraient la guerre pour conserver, ou prendre, des sites de vente.

"Dans le monde des stups, le mètre carré est très cher, décrit David Leveau. Les stups, c’est quelque chose qui rapporte beaucoup d’argent et qui ne présente pas beaucoup de risques !

"Aujourd’hui, on voit des gens qui viennent de la région parisienne pour guetter, vendre ou approvisionner", explique Frédéric Gallet.

"Ce sont des réseaux mondiaux. On sait d’où ça vient et par où ça passe. Il faudrait travailler avec les autres pays. On ne pourra nous, à Rennes, régler la question du trafic de stups !"

 

Les policiers demandent des moyens supplémentaires

 

Malgré les opérations place nette, malgré la présence des collègues, malgré les interpellations, on n’arrête pas le trafic regrette Frédéric Gallet." Donc, il n’y a pas cinquante solutions, il faut des effectifs. Des effectifs sur le terrain, des effectifs en tenue, des effectifs en civil. Du monde 24h sur 24 parce que les points de deal sont tenus 24h sur 24."

Il manquerait selon lui quelques 150 policiers à Rennes.

"Quand on prend l’exemple des Jeux olympiques cet été, on a quadrillé le terrain, on était nombreux, il n’y a eu aucun incident. La présence humaine, c’est la seule solution."

Le policier demande aussi une réponse pénale adéquate. "Il faut que le ministre de l’Intérieur et celui de la Justice travaillent main dans la main", insiste David Leveau.

 

La rue de la Soif dans l'attente

 

Ce lundi, la rue Saint-Michel, lieu de fête des étudiants, a retrouvé son calme.

"Ces dernières années, ça a augmenté, les trafiquants, les petits dealers, note un commerçant qui souhaite rester anonyme. En journée, ça va, il ne se passe rien. En dix ans, on n’a jamais eu d’embrouilles, mais le soir, c’est parfois une autre histoire."

Dans la rue, tous sont tristement unanimes, "depuis la rentrée, les choses se sont aggravées, le ton change". Beaucoup évoquent une ambiance de plus en plus lourde et préfèrent se taire : "là, maintenant, si tu l'ouvres, tu te fais tuer !" 

Les étudiants qui habitent dans le secteur affirment qu'ils n’ont pas peur, mais reconnaissent faire attention. 

Nathalie Appéré, la maire appelle à une mobilisation collective pour restaurer la sécurité dans la ville.

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