Goncourt des lycéens: la rencontre avec les auteurs, un moment clé pour le choix du livre

Le Goncourt des lycéens sera décerné le 15 novembre prochain à Rennes, comme depuis 30 ans. Mais avant cela, les rencontres régionales entre auteurs sélectionnés et jeunes jurés sont un moment clé et l'occasion, d'échanges francs et enthousiastes, parfois décisifs dans le choix final.

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L'auteur lauréat 2018 du Goncourt des lycéens, sera officiellement proclamé le jeudi 15 novembre, depuis Rennes. En 30 ans, le Goncourt des Lycéens s’est imposé comme un des prix les plus convoités. 443 000 exemplaires vendus en moyenne chaque année, c'est plus que le Prix Goncourt ou le Prix Renaudot. Ce vendredi 280 lycéens de tout l'Ouest ont convergé à Rennes pour rencontrer les auteurs en lice. "Pourquoi avoir choisi une montagne comme personnage principal?", "Souhaitiez-vous choquer votre lecteur?", "Votre roman est-il autobiographique?"... Pendant trois heures, neuf classes de lycéens ont assailli de questions 13 des 15 auteurs présents.
 

"Une chance" de rencontrer les auteurs     

"C'est une chance pour nous de voir les auteurs en vrai. On n'est pas beaucoup à vivre ça en tant que lycéens", reconnaît Flora, 16 ans, en 1ère L à Carquefou (Loire-Atlantique). Son seul regret: l'annulation de la séance de dédicaces pour des raisons d'emploi du temps. Louise, 16 ans, a, elle, battu son "record personnel" en lisant cinq livres en un mois et demi. Cette lycéenne de Loudéac (Côtes-d'Armor) est "très contente de découvrir les auteurs" et "d'avoir un rôle dans l'attribution d'un prix littéraire"
 

Une "énergie particulière", lors de ces rencontres    

Un enthousiasme partagé par les écrivains, qui participent à sept rencontres dans toute la France du 9 au 17 octobre, avant l'attribution du prix le 15 novembre. "Là, il y a une espèce d'effet de masse, un effet d'enthousiasme dans un amphi comme celui-là, qui nous fait du bien et vraiment j'aimerais le faire partager, il serait bon de temps en temps qu'une caméra se pose là, et qu'on montre, c'est ça vos gosses, c'est ça aussi la jeunesse d'aujourd'hui" s'enthousiasme Daniel Picouly. "C'est un moment que j'apprécie énormément pour son intensité", confie Meryem Alaoui, qui a trouvé la salle particulièrement "chauffée". "On sent vraiment une énergie particulière ici à Rennes. Les lycéens sifflent, applaudissent quand une réponse leur plaît"
 
 

Des lycéens "exigeants, entiers et purs" 

"En discutant avec eux, on sort de notre solitude d'écrivain", relève Clara Dupont-Monod, qui a trouvé le public "très généreux". "Les lycéens sont à la fois exigeants, entiers et purs, ils ne veulent pas de discours préfabriqué. Il y a parfois des questions qui me font cogiter pendant tout le trajet de retour", ajoute l'auteur de La Révolte, qui imaginait les écrivains, quand elle était adolescente, comme "des gens forcément morts ou à l'article de la mort".
   

L'effet "capital sympathie" de l'écrivain, sur le choix du livre 

A l'issue des rencontres, les lycéens devront défendre en classe leurs auteurs préférés et en sélectionner trois qui seront à leur tour défendus lors des délibérations régionales le 12 novembre"C'est important que ces rencontres aient lieu maintenant (...) elles permettent aux élèves de relancer la lecture, un travail difficile et de longue haleine", assure Joël Lesueur, président de l'association Bruit de lire, missionnée pour la sélection des classes par le ministère de l'Education nationale, qui organise  avec la Fnac le prix Goncourt des lycéens depuis 1988. Et il ajoute: "On ne peut pas dire que le capital sympathie que sait dégager un écrivain soit sans effet sur le vote"
  

Le reportage à Rennes de Sylvaine Salliou et Bruno Van Wassenhove

Interviews : Marie Noguet, élève 1ère technologique au lycée Notre-Dame-Le Ménimur de Vannes - Emilie Justice, élève 1ère technologique de Poitiers - Manon Praud
élève 1ère technologique de Poitiers - Daniel Picouly, auteur de "Quatre-vingt dix secondes"
 

"Nouer une relation avec les auteurs"

"C'est un moment important, les élèves l'attendaient pour nouer une relation avec les auteurs", confirme Christelle Guillot, professeur de lettres à Carquefou. Alors quand Daniel Picouly évoque à grand renfort d'images l'éruption de la montagne Pelée en assurant "que la catastrophe naturelle est notre avenir", les lycéens sont conquis. Même chose quand Éric Fottorino raconte qu'il a "su qu'il avait un père à 17 ans", et explique s'y être repris à "11 fois" pour écrire un livre qu'il n'a "pas aimé écrire". Pauline Delabroy a, elle, choisi son éditeur parce que c'était "le seul" qui ne voulait pas lui faire changer sa fin, tandis que Guy Boley avoue "ne pas se sentir capable d'inventer des histoires"... Autant de confidences qui font mouche dans l'esprit des jeunes jurés. 
 

Des rencontres qui incitent à lire les livres

 "Il y a des livres que j'ai envie de lire maintenant alors que ce n'était pas le cas en lisant la quatrième de couverture", assure Canelle, qui en est à son sixième roman. "C'est très intéressant de savoir ce que les auteurs pensent de leur propre livre et de voir comment ils les redécouvrent avec nos questions", témoigne Dorian, en seconde à Rennes. Pierre, 17 ans, dit avoir envie "d'aller fouiller dans les bibliographies des auteurs". Tous démentent une quelconque influence des adultes. "Les mômes votent et ils votent ce qu'ils veulent, même si les profs sont contre", sourit l'écrivain Gilles Martin-Chauffier.

 

Les 15 romans en lice pour cette édition 2018   
 
  • Meryem Alaoui - La vérité sort de la bouche du cheval - Gallimard - (Premier roman )
  • Ines Bayard - Le malheur du bas - Albin mIchel ( Premier roman )
  • Guy Boley - Quand Dieu boxait en amateur - Grasset 
  • Pauline Delabroy-Allard - Ça raconte Sarah - Minuit ( Premier roman )
  • Adeline Dieudonné - La vraie vie - L'Iconoclaste ( Premier roman )
  • David Diop - Frère d'âme - Seuil 
  • Clara Dupont-Monod - La révolte - Sock 
  • Eric Fottorino - Dix sept ans - Gallimard
  • Paul Greveillac - Maîtres et esclaves - Gallimard
  • Nicolas Mathieu - Leurs enfants après eux - Actes Sud
  • Gilles Martin-Chauffier - L'ère des suspects - Grasset
  • Tobie Nathan - L'évangile selon Youri - Stock 
  • Daniel Picouly - Quatre-vingt-dix secondes - Albin Michel 
  • Thomas Reverdy - L’hiver du mécontentement - Flammarion
  • François Vallejo - Hôtel Waldheim - Viviane Hamy 
Durant deux mois, les élèves de 58 lycées, de classes de seconde, première ou terminale, générales, technologiques ou professionnelles, lisent et étudient les quinze ouvrages de cette sélection 2018. Des rencontres avec les écrivains sont organisées entre le 8 et le 18 octobre dans 7 villes de France.
 
Les lycéens devront ensuite choisir leurs 3 finalistes régionaux lors de délibérations régionales qui se dérouleront lundi 12 novembre.

Le Prix Goncourt des Lycéens sera décerné à l’issue de la délibération nationale, qui aura lieu à Rennes le jeudi 15 novembre.
 
C'est Alice Zeniter qui avait remporté le Prix Goncourt des Lycéens 2017 avec son roman « L’Art de perdre » publié aux éditions Flammarion. 
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