La manifestation du 18 octobre pour la hausse des salaires a réuni près de 4000 personnes dans le centre-ville de Rennes. Un cortège composé en majorité d'étudiants et de retraités. La lutte pour le pouvoir d'achat et la sauvegarde du service publique est au cœur de leurs revendications.
Près de 4000 personnes se sont réunies à Rennes pour la manifestation contre la baisse du pouvoir d'achat ce 18 octobre 2022. L’appel des syndicats, CGT en tête, à marcher pour une hausse des salaires a été entendu principalement par un grand nombre d’étudiants et de retraités.
La manifestation a tardé à faire le plein. Cyril profite de sa pause déjeuner pour venir assister au rassemblement pour les salaires. “Je vois surtout des jeunes et des cheveux gris” déplore le salarié de 38 ans.
Ras le bol face à la baisse du pouvoir d'achat
“Moi j’ai posé un jour de grève” répond Emmanuel. Ce salarié de 45 ans explique “avoir fait le sacrifice d’une journée de salaire, en espérant le récupérer plus tard”. S’il marche dans les rues du centre-ville de Rennes, c’est pour exprimer son ras-le-bol face à l’inflation du coût de la vie et la baisse de son pouvoir d’achat. “Les fruits de notre travail, on ne les récolte pas. C’est dur”.
Ce Breton est venu "faire masse" pour faire bouger les choses et être entendu par le gouvernement. “Les gens qui nous dirigent sont élus par nous. Ils sont censés nous écouter”. D’un regard profond Emmanuel le rappelle, “quand on est dans le désespoir, cela peut aller très loin. Il va falloir que l’on soit écouté.”
Les étudiants redoutent de ne pas réussir à manger
Solenn, étudiante à l’université de Rennes 2, est touchée de plein fouet par l'inflation des prix sur les produits alimentaires. “Comme beaucoup d’étudiants, je dois compter chaque achat pour pouvoir manger tout le mois.”
Elle s’est déplacée avec ses amis. Pour eux “les choses doivent changer et vite”. Les trois amis défilent derrière des banderoles pour la hausse des salaires.
Moins de service public, moins de médecins : les retraités en colère
La hausse des salaires n’est pas la seule revendication scandée dans la rue ce 18 octobre à Rennes. Les retraités, très présents, alertent également pour la sauvegarde d’un service public de qualité. Françoise, 69 ans, est en colère contre le gouvernement et “cette politique, qui détruit le service public. Cela me désespère”.
Pour illustrer son indignation, la retraitée de la caisse primaire d’assurance maladie, met en avant le manque de médecins dans les campagnes. “Impossible de trouver un généraliste. Et une gynécologue c’est encore pire”. Sa seule consolation est l’ampleur que prennent les mouvements de mécontentement. “Il y en a de plus de manifestations. Cela va finir par payer”.
Échauffourées en fin de manifestation
4 000 personnes dans la rue. La grande journée de mobilisation à Rennes souhaitée par l’intersyndicale n’est pas une victoire totale. Une heure après le début de la marche, le cortège se sépare.
Les manifestants se dispersent par petits groupes. Les conversations évoquent l’espoir d’un mouvement de grève qui ne fait que débuter. “Toutes les conditions sont réunies pour que les choses bougent. De nombreux secteurs sont concernés : santé, étudiants, raffineries“. Anthony, en pleine reconversion professionnelle en psychiatrie, rêve d’une meilleure redistribution des richesses.
Alors que la manifestation est terminée, un groupe de jeunes se retrouve place de la République, point de départ du cortège. Habillés en noir, cagoulés, ils sont 200 à faire face aux camions des CRS présents dans le centre-ville. Des poubelles s’enflamment. Les forces de l’ordre vont disperser facilement les agitateurs.
Certains équipés de bombes lacrymogènes et de produits incendiaires remontent dans le cœur du centre-ville, place Sainte Anne. De nouveau des poubelles sont rassemblées et prennent feu. Les pompiers interviennent. La place retrouve son calme.
Dans le centre de Rennes à 14h, les dernières sonos de la CGT se coupent et les tracts s’envolent.
Les débordements ont été contenus mais les manifestants souhaitent revenir encore plus fort. Tous redoutent la future hausse des prix de l'énergie qui arrivera en janvier prochain.