Le Rassemblement national pourrait profiter de sa rentrée cette semaine, pour faire le ménage dans les fédérations départementales. Les élections législatives avaient fait sortir du bois quelques candidats sujets à polémique, notamment en Bretagne. Dans la région, où le nombre d'adhérents a explosé, on s'attend à du changement, alors que l'eurodéputé Gilles Pennelle n'est plus responsable des fédérations de France.
Ces 14 et 15 septembre prochains, les 126 députés RN se réunissent pour leurs journées parlementaires. Le parti réunit aussi son conseil national. Au programme, des interventions des responsables du parti, des tables rondes. "Ce sera studieux, explique Patrick Le Fur, conseiller régional de Bretagne sous les couleurs du Rassemblement national, on va parler des élections passées et de l’avenir". Le conseil national du parti pourrait aussi sceller le sort de nombreux responsables locaux, après les élections législatives et le départ de Gilles Pennelle, chargé du "Plan Matignon” qui devait être prêt à être activé en cas de victoire du RN. C'est lui qui était responsable des investitures aux élections législatives.
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Après l'été, l’heure est donc au bilan pour les frontistes. David Megel, ancien délégué départemental du Morbihan de février 2023, lui, a déjà été remercié. C'était en juin dernier. Il l'a été, après avoir remis en cause le choix des candidats dans le Morbihan. Plusieurs candidats ou suppléants avaient créé la polémique.
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David Megel explique avoir été congédié "en deux minutes par mail", sans un coup de téléphone.
J'ai écrit à Jordan Bardella, je n’ai jamais eu de réponse. j'ai aussi écrit à la commission des conflits au sein du rassemblement national, pas de réponse
David Megel, ex-délégué de la Fédération du Morbihan du Rassemblement national
"Il faut un gros ménage"
David Megel, toujours adhérent au RN attend que le Rassemblement national opère un "gros ménage" : "Il faut arrêter avec les copinages. Il y a des gens qui font le boulot en local et d’autres qui travaillent en sous-main. Dans le Morbihan dit-il, il y a une fédération officielle, et une contre fédération". Lui, dit avoir restructuré la fédération du Morbihan : "quand je suis arrivé, il n’y avait pas de local pour travailler, tout se faisait dans des bars, il y avait un vieux téléphone, il n'y avait pas de fiche de postes". Il a aussi tenté d'écarter certains candidats et membres du parti qui avaient l'oreille de Gilles Pennelle.
C’est Nathalie Guihot-Vieira qui a été nommée par intérim suite à son éviction. "Elle sera probablement reconduite", dit-il. David Megel, lui veut redorer son blason parce que dit-il, il a mouillé le maillot : "Je lâcherai pas comme ça. " En tous cas, il n'a pas été invité à Paris ce week-end.
Un nombre d'adhérents en forte hausse
Elle, sera au conseil national de Paris ce week-end. Odile de Mellon, la secrétaire départementale du RN des Côtes-d’Armor, organisera d'ailleurs à son retour une "fête champêtre", comme tous les ans, pour donner des nouvelles du siège aux adhérents des Côtes-d’Armor. Voilà 13 ans qu’elle est déléguée départementale dans le département. Elle a vu les adhérents augmenter cette dernière année : "ils étaient 600 il y a un an, ils sont 1200 aujourd’hui".
Comme dans le Finistère. La déléguée de la fédération départementale, Renée Thomaïdis, également conseillère régionale en Bretagne, fait les comptes : ils sont 1 000 adhérents à jour de cotisation dans le département, ils étaient 200, il y a deux ans. Elle n'a pas été conviée à Paris. Mais elle se rendra probablement à l’université d'été du RN, à Nice le 6 octobre.
Peur du changement?
À la question de savoir si Odile de Mellon a peur pour son poste à la tête de la Fédération des Côtes-d’Armor, elle répond qu’elle n’a peur de rien : "ça change tout le temps, de toute façon, entre ceux qui veulent partir, qui sont trop vieux, qui ne sont pas à leur place... cette fois, admet-elle peut-être, il y aura un quota un peu plus important de changements."
Renée Thomaïdis, elle, est déléguée dans le Finistère depuis deux ans. Elle dit ne pas voir de différences pour le moment au sein du parti, depuis les élections européennes et législatives : "On en saura plus le 6 octobre".
Entre 25 % et 30 % des délégués départementaux pourraient être remplacés
Peut-être avant le 6 octobre. Cet été, l'eurodéputé Aleksandar Nikolic, a été missionné pour réaliser un audit. Il a aussi relevé quelques manquements: pas de formation spécifique et des fédérations où les candidats ont échappé à tout contrôle. Selon le magazine Le Point, entre 25 % et 30% des délégués départementaux du mouvement pourraient être remplacés : "les cadres départementaux sont en grande partie jugés responsables des erreurs de casting" pendant les élections, constate le magazine.
Quant à Gilles Pennelle, il n'a pas donné suite à nos sollicitations.