Alors que les maires font face aux incivilités, voire à des agressions physiques, la gendarmerie dispense des formations depuis fin mars, pour leur donner les outils qui leur permettront de désamorcer les conflits et de juger les limites de leur rôle.
Sa mort avait provoqué une vive émotion. En août 2019, Jean-Mathieu Michel, maire de Signes dans le Var était tué dans l'exercice des ses fonctions. Il avait été renversé par une camionnette après avoir voulu verbaliser des ouvriers qui jetaient des gravas sur le bord de la route.
En Bretagne, des édiles ont aussi été la cible d'agressions, comme à Tréguidel en 2015. Cette fois, le maire avait reçu des coups au visage, après des heurts avec des gens du voyage. En octobre 2020, c'est Louis Pautrel, maire de Le Ferré en Ille-et-Vilaine, qui était victime de violences pendant une réunion municipale. "On n'est jamais préparé à ça" confiait-il.
Face aux incivilités, la gendarmerie forme les élus
Une formation est désormais accessible, proposée par la gendarmerie, bâtie en partenariat avec l'association des maires de France, mise en place depuis fin mars.
Mardi à Rennes, 12 maires avaient rendez-vous pour une session d'une demi-journée. Au programme, des exercices, des mises en situation, accompagnées par un négociateur régional formé par le GIGN. "Le but est de leur amener une palette d'outils pour désamorcer les conflits communaux, à leur niveau. C'est à travers la communication qu'ils obtiendront des résolutions" explique Fabien, médiateur. Il insiste sur la prise de parole et notamment, quand la reprendre à quelqu'un qui s'énerve.
Le maire doit aussi savoir doser l'importance de son rôle sur le moment et se fixer des limites. "Dès qu'il a un doute, il peut contacter le référent de sa brigade locale" rappelle la gendarmerie déjà très en lien avec les élus.
On est venu ici pour savoir quelle attitude avoir quand se pose un problème. Faut-il aller directement vers le gens, prendre du recul, y aller soi-même ou être accompagné ?
Hervé Depouez, maire de Pacé a déjà fait face à des tensions de voisinage : "On sent qu'il y a de plus en plus d'incivilités dans une commune". Il ajoute : "On vient systématiquement vers le maire quand il y a une problématique. Aujourd'hui on est très sollicité, on nous demande d'intervenir mais on ne peut pas sur tout. On ne sait pas exactement quelle situation on va avoir à gérer."
Au bout de quatre heures avec la gendarmerie, il admet qu'il va revoir la donne. "Avec cette formation, j'ai appris un positionnement, je retiens qu'il faut prendre 5 minutes pour décider quoi faire, est-ce que je suis prudent vis-à-vis de mon rôle et ma responsabilité. J'ai retenu qu'il faut garder une distance même physiquement car plus on est proche, plus il peut y avoir un risque. La distance impose aussi un certain respect."
Avec la levée des restrictions sanitaires, Hervé Depouez sait qu'il va devoir affronter des nouveaux comportements, avec une autorité remise en jeu.
D'autres formations devraient avoir lieu, ce sont les compagnies de gendarmerie qui organisent le calendrier sur leurs territoires.