"Ça ne sert à rien de venir en cours quand on souffre, on ne peut pas suivre les cours" : à l'université de Rennes 2, le congé menstruel mis en place soulage celles qui vivent des règles douloureuses. Une mesure saluée par les étudiantes, une première en Bretagne.
"J’ai déjà raté de nombreux cours à cause de mes règles." Mathilde, étudiante en master 1 de psychologie à l'université Rennes 2, ne dissimule pas son amertume. Pour elle, comme pour de nombreuses autres étudiantes, les règles douloureuses ne sont pas seulement une gêne passagère, mais une véritable épreuve. Entre vomissements, douleurs abdominales aiguës et incapacité à se concentrer, ces journées peuvent rapidement devenir infernales.
À Rennes 2, une initiative inédite en Bretagne entend répondre à cette réalité : un congé menstruel destiné aux étudiantes souffrant de douleurs importantes. Une bouffée d’air pour celles qui, chaque mois, peinent à suivre leurs cours.
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Des douleurs qui empêchent de suivre les cours
Pour Clémentine, une autre étudiante de Rennes 2, le constat est sans appel : "Cela empêche de se concentrer. Ça ne sert à rien de venir en cours quand on souffre à ce point." Selon elle, l’idée même d’assister aux cours devient absurde quand la douleur est trop forte. Crampes, maux de tête, jambes lourdes : les symptômes des règles peuvent rapidement rendre l’apprentissage impossible.
Comme beaucoup d’autres, Clémentine a dû quitter plusieurs cours en plein milieu, incapable de continuer à suivre. La création de ce congé menstruel répond à une nécessité évidente pour ces jeunes femmes : ne plus être pénalisées pour une situation qu’elles ne contrôlent pas.
Un congé menstruel : une mesure portée par le syndicat étudiant
Ce dispositif novateur n’est pas tombé du ciel. Candice Lami, étudiante en licence 3 et membre du syndicat Union Pirate, a été l’une des forces motrices derrière cette initiative. "L’objectif est de permettre aux personnes menstruées de bénéficier d’une dispense d’assiduité pour vivre leur scolarité de manière plus sereine", explique-t-elle.
Le congé menstruel fonctionne sur la base d’une attestation médicale : "Il faut prendre rendez-vous avec un médecin qui délivrera une dispense d'assiduité pour règles douloureuses", précise Candice. Une fois l’attestation obtenue, l’étudiante peut justifier son absence auprès de l’université sans risquer des sanctions pour son manque d’assiduité.
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Le dispositif couvre un large éventail de situations, allant de l’endométriose aux règles douloureuses plus classiques. Actuellement, il permet aux étudiantes de s’absenter en moyenne un jour par mois. Cependant, pour Candice ce n’est pas suffisant : "Nous souhaitons élargir ce congé, car certaines étudiantes peuvent être affectées plus longtemps."
"On me donnait une bouillotte"
Sidonie, en première année de fac, se souvient avec désarroi des années où elle devait faire face à la douleur en silence. "Au collège et dans mon lycée, on me donnait une bouillotte en caoutchouc, devant tout le monde. La honte en public." Pour beaucoup d’étudiantes, ces moments d'humiliation s'ajoutaient à des douleurs déjà insupportables.
Cette humiliation pourrait devenir un souvenir du passé. Aujourd'hui, Rennes devient la 5e université après Angers, Bordeaux et deux universités parisiennes à mettre en place ce congé menstruel. Les règles, longtemps ignorées dans le monde de l'éducation nationale, commencent à être reconnues comme un sujet de santé publique.
Une mesure pionnière
Si cette avancée est saluée, elle n'est pas jugée sans défaut. L'une des principales critiques concerne l’obligation d’obtenir un certificat médical, ce qui peut être un obstacle pour certaines étudiantes. "Parler des règles avec un médecin n’est pas toujours facile", admet Candice. Beaucoup de femmes hésitent à consulter, soit par gêne, soit par lassitude face à la répétition, d'autres parce qu'elles redoutent d'être incomprises.
VIDEO. À Rennes, une coopérative teste le congé menstruel pour ses salariées (Francetvinfo.fr)
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Cependant, l'Union Pirate ne compte pas s'arrêter là. Candice et son syndicat souhaitent étendre cette mesure à d’autres universités, pour que plus d'étudiantes puissent bénéficier de ce droit. "C’est un premier pas, mais il reste encore du chemin à parcourir", conclut-elle.
Avec ce congé menstruel, Rennes 2 ouvre la voie à une meilleure prise en compte de la santé menstruelle dans les études supérieures. Lors de notre passage sur le campus, peu d’étudiantes semblaient au courant de la mise en place de cette dispense d’assiduité.
Interrogées dans les couloirs de l’université, la plupart découvraient l’existence de cette mesure, adoptée récemment par l'administration. Toutes ont salué une initiative qu’elles jugent nécessaire pour améliorer leur bien-être et leur réussite scolaire.