Accusé d'avoir participé à la tentative de meurtre de trois policiers en 2022 à Rennes, un jeune homme demandait sa remise en liberté pour "ouvrir un snack". La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Rennes l'a maintenu en détention provisoire.
La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Rennes a maintenu en détention provisoire ce 6 octobre un jeune du quartier de Maurepas, dans la capitale bretonne. Accusé d'avoir participé à la tentative de meurtre de trois policiers en juin 2022, il demandait sa remise en liberté pour "ouvrir un snack" à Saffré en Loire-Atlantique.
Des policiers ciblés par des tirs
Le 24 juin 2022, trois policiers, qui patrouillaient à vélo dans le quartier de Maurepas à Rennes, avaient été la cible de tirs par arme à feu, alors que deux hommes venaient d'être eux-mêmes visés dans le même quartier.
"Le porteur de l'arme avait clairement regardé dans la direction des policiers", a rapporté la magistrate de la chambre de l'instruction, qui examinait la situation de deux mis en cause du dossier. Cet élément laisse donc penser qu'il ne s'agissait pas de "tirs accidentels" en direction des forces de l'ordre.
Trois mois plus tard en septembre 2022, sept hommes et une femme de 16 à 37 ans avaient été arrêtés avec l'aide de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI), à Rennes, Nantes et en Ardèche.
L'enquête a pour l'heure permis d'établir que des "faits notables" étaient survenus les jours précédant les tirs :"une personne a été tuée d'un coup de couteau dans le cœur" alors qu'elle était "dans un véhicule stationné". On lui impute "la tenue du trafic de stupéfiants dans le quartier", a décrypté la magistrate.
Des parisiens auraient voulu reprendre le trafic à Maurepas
Ce "lieu de trafic" se serait donc retrouvé "vacant" du fait de ce "meurtre" et de la "fuite du mis en cause dans ce meurtre". "Fort opportunément, le terrain a été repris par des Parisiens qui s'installent à Rennes", a ensuite relaté la présidente de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Rennes.
L'attention des enquêteurs s'est ensuite portée sur une "Audi A3" dont la plaque était "maquillée par du scotch" : le véhicule avait été retrouvé "clés posées" sur le contact et abritait "un chargeur de 9 mm". Les prélèvements opérés dans cette voiture ont permis d'identifier deux profils génétiques sur le volant, dont celui de Naemi X, qui demandait sa remise en liberté chez sa compagne, à Saffré, où il comptait donc "ouvrir un snack".
Les enquêteurs de la police judiciaire de Rennes ont pu établir que cette Audi A3, dans laquelle les empreintes de cet homme arrêté en Ardèche, avaient été retrouvées, avait "circulé en convoi" avec une autre voiture "avant les faits". L'homme déjà condamné trente-quatre fois était en fait habillé de la même façon que deux autres co-mis en examen, lorsqu'il était allé "à la rencontre des policiers" pour leur indiquer "Si vous partez, ils vont me tuer".
Les investigations sur "la téléphonie" des mis en cause ont également permis d'identifier qu'ils s'étaient rendus dans "un magasin Décathlon" pour acheter les "quatre tenues" identiques.
Cellule de prison placée sous écoutes
Un quatrième homme, Jérôme X, demandait lui aussi sa remise en liberté. Il avait été retrouvé à la gare SNCF de Rennes, où il avait pourtant interdiction de paraître, avec une "arme de poing semi-automatique" et du "cannabis". Dans son téléphone ont été retrouvées des "photos" du présumé "tireur", sur un scooter similaire à celui décrit lors de l'enquête.
Alors qu'il était incarcéré depuis son passage en comparution immédiate et que sa cellule avait été sonorisée, il avait déclaré à son codétenu qu'il était bien "le tireur". Les retranscriptions des écoutes sont toutefois contestées par son avocat, Me Jérôme Stéphan, dont la requête en nullité sera examinée le 17 octobre prochain.
L'enquête avance donc, mais Naemi X souhaitait pour sa part être remis en liberté. Son avocat, Me Thibault Normand, a rappelé que son client payait "le prix fort" de ce qu'il avait pu dire dans le cadre du dossier dans lequel "la parole est rarement libre". "Il y aura un débat sur les qualifications juridiques qui sont retenues" et "il va lui-même aux devants des policiers", a fait valoir l'avocat rennais, dont le client s'était d'ailleurs rendu "au commissariat pour faire un relevé de poudre" et ainsi démontrer qu'il n'était pas le tireur.
L'avocat général s'en est rapporté à ses écritures pour solliciter la confirmation de la prolongation de sa détention provisoire, ordonnée par le juge des libertés et de la détention (JLD) de Rennes. La cour d'appel s'est finalement rangée à son avis et Naemi XXX devra patienter pour espérer mener à bien ce "projet de snack" à Saffré.
CB (PressPepper)