A Rennes, le parrain du Congrès mondial de la Bio, Nicolas Hulot a prôné l'inversion du modèle agricole, pour une agriculture 100% biologique. L'ancien ministre de la Transition écologique a également fait part du besoin d'union entre tous les partis politiques pour résoudre la crise climatique.
Nicolas Hulot, est le grand parrain du congrès mondial de la Bio de Rennes. Une 20e édition, pour la première fois en France et qui se tient toute la semaine au Couvent des Jacobins au coeur de la capitale bretonne. L'événement réunit virtuellement ou réellement quelque 2000 participants, agriculteurs biologiques, experts ou scientifiques du monde entier, pour partager connaissances et pratiques. L'ancien ministre de l'Écologie s'est exprimé sur ces solutions qui permettent de mieux nourrir la planète sans la dégrader.
- Pourquoi ce congrès mondial de la bio ?
"La bio est une réalite dans le monde agricole. Il y a des congrès régulièrement et c'est l'occasion de faire le point sur cette alternative à l'agriculture conventionelle.
C'est un moment de reconnaissance pour les femmes et les hommes qui ne sont pas tombés dans une forme de résignation.
Une reconnaissance pour ceux qui essaient de faire en sorte que l'agriculture, notamment dans la crise écologique, soit du côté de la solution. Ce sont des pionners qui, dans un premier temps souvent, éprouvent beaucoup de difficultés dans cette conversion, ou en se mettant pour la premiere fois dans des exploitations. Car au démarrage ce n'est pas le modèle le plus facile mais c'est le modèle le plus vertueux.
Et ce congrès est également le moyen de rappeler que la bio se développe, qu'il y a une demande sociétale et que c'est une solution efficace, pour à la fois donner des produits de qualité et de proximité, lutter contre les changements climatique et lutter contre l'érosion de la biodiversité.
Comme le dit la FAO, (le Food and Agriculture Organization of the United Nations), (l'organisation pour l'agriculture et l'alimentation des Nations Unies), la bio peut jouer à l'avenir, un rôle essentiel dans la crise écologique."
- Faut-il aller vers 100% d'agriculture biologique ?
"Entre l'agroécologie et l'agriculture biologique, cela peut devenir à terme le conventionnel, c'est à dire inverser les choses. La FAO nous a dit que l'agroécologie et l'agriculture biologique peuvent à terme nourrir l'ensemble de la planète. Evidement il faut également créer un cercle vertueux. Parfois, l'agriculture biologique à des rendements un peu moindre, mais on peut libérer des surfaces agricoles en mangeant un peu moins de viande et utiliser ces surfaces pour faire des produits bio. Il faut également lutter contre le gachis."
Je suis convaincu que le bio peut devenir la norme.
- Est ce que l'écologie est encore un enjeu politique ?
"Au sens grec du terme, c'est l'enjeu politique. Au sens politicien et partisan du terme, j'espère que non. L'écologie est l'enjeu qui dépasse tous les enjeux politiciens puisqu'il conditionne tout ce qui a de l'importance à nos yeux.
Tous nos acquis démocratiques, civilisationnels, scientifiques, économiques, sociaux, peuvent être mis en péril par la crise écologique. Parce que la crise écologique se sont des extrêmes climatiques, c'est une tendance à aller vers la raréfaction des ressources. La raréfaction c'est la loi vers la pénurie.
La pénurie c'est le chemin vers toutes les barbaries.
La crise écologique c'est le démentèlement des grands équilibres biologiques, avec des conséquences notamment sanitaires, comme nous en faisons l'expérience actuellement.
L'écologie devrait être au centre de toutes les politiques.
L'écologie devrait être le fer de lance, le centre de gravité de toutes les politiques, quel que soit le socle idéologique qui les supporte."
D'ailleurs l'ancien ministre n'a pas manqué de dire un mot sur les grands enjeux de la future élection présidentielle, à l'occasion de la primaire des Verts, qui se déroule actuellement.
- Comment voyez-vous la primaire des Verts actuellement ?
"Je l'observe de loin, je suis maintenant dans le milieu associatif et ce qui m'importe, c'est que dans cette campagne présidentielle qui arrive, il y ait une confrontation féconde sur l'écologie. Car pour résoudre la crise écologique, c'est d'une grande complexité : il faut que chacun s'y mette, mais pas dans un esprit de confrontation. Chacun doit avoir cela à l'esprit, si on veut étreindre cette réalité.
Si on veut ne pas précipiter nos enfants dans un monde chaotique, il faudra un minimum d'unité.
Les écologistes ont toujours porté ces sujets-là, ils l'ont fait avec sincérité. Si on les avait écouté depuis plus longtemps nous aurions pu faire une transition plus douce. Cela doit maintenant être le centre de gravité de toutes les politiques, pas simplement parce qu'un sondage vient de montrer que c'est la deuxième préoccupation des Français, mais tout simplement parce que ce qui se joue, c'est ni plus ni moins que l'avenir de l'humanité."