Rennes Métropole compte 43 communes et 82.000 mâts d'éclairage public. Depuis 2023, une nouvelle politique d'éclairage public est en place, avec un nombre d'heures d'éclairement réduit dans certains secteurs la nuit, pour une question d'écologie. Comprise par le plus grand nombre, cette nouvelle donne peut néanmoins susciter un sentiment d'insécurité, notamment chez les femmes. Reportage à Rennes.
Face à l'urgence climatique, et pour faire des économies d'énergie, de nombreuses villes bretonnes ont opté pour davantage de sobriété en matière d'éclairage public la nuit. Rennes Métropole, par exemple, éteint certains secteurs et rues plus tôt la nuit depuis 2023. Une décision qui ne fait pas forcément l'unanimité, notamment chez les femmes qui craignent les agressions. À l'image de Myriam qui a subi un vol à l’arraché dans une rue mal éclairée à Rennes : "Le gars, je ne l'ai pas vu arriver. J'étais dans le noir et il est sorti de nulle part. Il est certain que s'il y avait eu plus de lumière, cela ne se serait pas passé", témoigne-t-elle. Alors, comment éviter le sentiment d'insécurité ?
4 régimes d'éclairage public à Rennes
La ville de Rennes est aujourd'hui découpée en quatre régimes d'éclairage public : le centre-ville, qui bénéficie d'un éclairage permanent la nuit et trois autres secteurs, plus résidentiels, sans éclairage de minuit à 5h ou de 2h à 5h. Une nouvelle politique d'économies d'énergie qui porte ses fruits en terme purement comptables, à l'échelle de la métropole rennaise : "C'est une facture de 4 millions d'euros pour éclairer l'ensemble des 43 communes. Sur ces 4 millions, nous avons déjà économisé 17% en baissant le nombre d'heures d'éclairage et on a désormais un objectif avec le plan climat air énergie territorial, c'est d'arriver à -40% de consommation d'énergie d'ici 2030", explique Philippe Thébault, vice-président de Rennes Métropole en charge des espaces publics et voirie. Et pour cela, chaque minute compte. Une demi-heure d'éclairage en plus, c'est 10% de plus sur la facture énergétique d'une commune.
S'il y a des adaptations légères à faire par rapport à tel ou tel quartier, on peut y travailler. Par exemple on peut avoir des salles des sports dans les communes qui ferment à 22h30, il est possible qu'il faille rajouter un petit quart d'heure d'éclairage pour ressentir moins d'insécurité en rentrant.
Philippe ThébaultVice-président de Rennes Métropole en charge des espaces publics et voirie
Seulement voilà, la sécurité serait-elle sacrifiée sur l'autel des kilowatts ? Pour le vice-président de Rennes Métropole en charge de la question, il n'y a pas de corrélation : "On a fait un travail avec la police nationale et avec la gendarmerie pour mettre en place ce temps d'éclairement et voir un peu ce que ça pouvait donner et comment il le ressentait. Ils ont plutôt eu des retours favorables mais là encore, on a dit qu'on était complètement à l'écoute. S'il y a des adaptations légères à faire par rapport à tel ou tel quartier, on peut y travailler. Par exemple on peut avoir des salles des sports dans les communes qui ferment à 22h30, il est possible qu'il faille rajouter un petit quart d'heure d'éclairage pour ressentir moins d'insécurité en rentrant", conclut Philippe Thébault.
"Entre collègues ou amies, on se raccompagne"
Un sentiment d'insécurité qui peut transparaître sur les réseaux sociaux où l'on voit fleurir depuis quelques années des groupes, des applis, une communauté de femmes qui se serrent les coudes et apportent conseils et témoignages pour rentrer le soir plus en sécurité. Et dans la rue, beaucoup avouent adopter des stratégies : "Maintenant je ne rentre plus toute seule. Entre collègues ou amies, on se raccompagne jusqu'à l'arrêt de bus", raconte Myriam. "Il y a des coursives sombres où je ne passe pas la nuit. Et le long de la Vilaine, je n'irais pas trop marcher le soir", ajoute Colette. Pour Anne-Cécile, pas d'hésitation : "Quand je rentre tard, soit je dors directement chez les amis, soit je rentre en Uber pour éviter toute problématique".
Chauffeuse privée pour femmes
Chauffeuse privée pour les femmes à Rennes, c'est justement sur ce créneau porteur que Rachida Arejdal vient de se lancer il y a à peine un mois : "Mes prestations sont plutôt destinées aux femmes le soir et le week-end. J'essaie de les prioriser. Le service répond à une vraie demande. J'ai été agréablement surprise par le nombre de femmes qui a pu me contacter pour m'envoyer des messages de remerciements, comme quoi ça manquait vraiment à Rennes une chauffeuse femme pour rassurer un peu la population féminine. Il en faudrait plus mais c'est un bon début".
En bus aussi, des solutions existent. À Rennes, la descente à la demande entre deux arrêts est en vigueur chaque jour de la semaine, à partir de 22 heures.