Le tribunal correctionnel de Rennes a infligé 744.000 € d'amendes, ce mardi 6 juin 2023, aux champignonnières Lou, implantées en Bretagne et dans le grand Ouest. Elles ont été condamnées pour "tromperie" sur des légumes récoltés en Pologne et estampillés "origine France". La société fait appel et estime "infondée" la décision du tribunal.
Le tribunal correctionnel de Rennes a infligé trois amendes d'un montant total de 744.000 €, ce mardi 6 juin 2023, aux champignonnières Lou, implantées à Poilley (Ille-et-Vilaine), pour "tromperie" et "complicité de tromperie" sur des légumes récoltés en Pologne et estampillés "origine France". Le groupe LOU conteste les accusations et fait appel de la décision du tribunal.
Les champignons Lou présents en grandes et moyennes surfaces
Les trois sociétés devront également verser 8.000 € aux différentes associations de producteurs pour le "préjudice d'image" qu'elles ont subi, et plus de 13.000 € aux grandes et moyennes surfaces (GMS) - dont 10.000 € pour Lidl, "premier client" du groupe - qui vendaient les champignons Lou. Pour trois enseignes, le montant des indemnisations reste encore à fixer ; elles seront fixées sur ce point - notamment Carrefour Hypermarchés - le 14 juin 2024.
Pour rappel, ces champignonnières ont été créées en 2015 à Poilley, au niveau de la zone Polygone : aujourd'hui, la société compte trois sites de production supplémentaires à Landivy (Mayenne), à Ternay (Loir-et-Cher) et à Chaspuzac (Haute-Loire).
Le représentant légal des sociétés, Fabrice Chapuzet - associé à sa femme et à son beau-frère - avait même fait une apparition dans l'émission Top Chef pour promouvoir ses champignons cultivés localement.
Lou Légumes ne pouvait produire que "2,4 tonnes" par an
Mais le 3 avril 2023, le chef d'entreprise a été jugé pour "tromperie" sur la marchandise commercialisée principalement à Lidl, Carrefour ou encore Leclerc, entre le 1er mars 2019 et le 14 décembre 2020 : la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) avait été "alertée" par la Fédération nationale des producteurs de champignons français des "agissements" auxquels s'est livrée la société.
La Fédération avait en effet indiqué que "les moyens de production de ce groupe ne lui permettaient pas de dépasser environ 2,4 tonnes par an alors même qu'elle en vend beaucoup plus sur le sol français", avait détaillé le président du tribunal correctionnel de Rennes.
Des camions polonais
Les agents de la répression des fraudes ont donc "rapidement procédé à des investigations" en menant des "auditions", avant un contrôle sur le site de Poilley diligenté le 14 décembre 2020.
Les enquêteurs avaient alors constaté que "des camions polonais" transportaient de leur pays d'origine "des palettes avec des champignons comportant un étiquetage France". A l'intérieur, ils avaient également vu "des champignons en vrac dans des cagettes estampillées Pologne" sur la ligne de conditionnement qui finissaient par être "étiquetées France".
1,5 million d'euros requis par le parquet
À l’époque du contrôle, l'entreprise réalisait un chiffre d'affaires de "27 à 30 millions d'euros" par an, et pouvait produire "4.500 tonnes annuelles" de champignons sur son site de Poilley - le seul à l'époque - selon le cabinet d'architectes.
"On s'approche des fêtes, c'est la semaine la plus importante de l'année", avait pourtant fait valoir le chef d'entreprise à propos de ce qu'il qualifiait d'une simple "erreur", tout en précisant que "la moitié du camion, des champignons, se trouvaient dans des barquettes avec une origine Pays-Bas clairement inscrite".
"Lou Légumes a répondu favorablement à des commandes de plus en plus importantes, émanant d'enseignes de plus en plus réputées", sans avoir les "outils de production" suffisants pour répondre à cette demande, avait considéré pour sa part le représentant du ministère public. Il avait en conséquence requis près d'1,5 million d'euros d'amendes à l'encontre des trois sociétés. C'est donc à la moitié que les champignonnières ont finalement été condamnées.
Une décision "infondée" selon le groupe LOU
Dans son communiqué au lendemain de la décision du tribunal de Rennes, le groupe LOU Légumes "s'insurge devant la décision rendue" et annonce faire appel du jugement.
La société "conteste formellement les accusations de tromperie sur l'origine des champignons sur une période 2019-2020". Les champignonnières LOU dénoncent "une affaire à caractère politique qui vise à mettre à terre LOU légumes".
Le groupe Lou expose que "70% de ses ventes en origine France" et précise que 30% vient de Pologne, des Pays-Bas et d'Irlande.
Démission
Si l'entreprise annonce n'avoir "jamais trompé ses clients et consommateurs", le président du groupe LOU envisage de démissionner de ses fonctions.
(C.B. PressPepper)