L'hôpital de Rennes, sous tension, déprogramme des opérations. "Nous ne voulons pas arriver à un point où nous devrions faire des choix."

La direction du CHU Pontchaillou de Rennes souligne les tensions à l'hôpital liées à la 5ème vague de Covid-19, avec la nécessité de déprogrammer certaines opérations. Elle confirme que 76% des patients en réanimation ne sont pas vaccinés ou présentent un schéma vaccinal incomplet.

Plus d'un mois après avoir déclenché le plan blanc, le 19 novembre dernier, le CHU Pontchaillou de Rennes détaille dans un communiqué les tensions qui règnent à l'hôpital.

Le pic de la cinquième vague de Covid-19, lié aux variants Delta et Omicron, est bien là, avec un contexte de "saturation des capacités d'hospitalisation". Malgré cette tension, le CHU a en outre accueilli des patients venus d'autres régions.

+40% de patients Covid en une semaine

Le CHU compte dans ses services 73 patients Covid, soit 20 de plus que le 27 décembre dernier, ce qui correspond à une augmentation de 40% en une semaine.
La métropole rennaise, selon le CHU, affiche un taux d'incidence de plus de 1 101,9 cas sur 100 000 habitants. Des taux qui grimpent de manière exponentielle.

  • Rennes métropole : 1101,90 / 100 000 habitants (vs 463,40 au 24 décembre)
  • National à 1144,01 / 100 000 habitants (vs 597,80)

Le taux d'incidence pour la Bretagne ce 5 janvier 2022 est de 1268,7 cas pour cent mille habitants, selon l'ARS (Agence régionale de Santé).

541 malades souffrants du Covid sont à ce jour hospitalisés dans la région, dont 82 sont en service de réanimation. Le 29 décembre dernier, ils étaient 475 dont 63 en réanimation.

Une majorité de patients non-vaccinés

Sur les 73 patients hospitalisés au CHU de Rennes, 37 sont en médecine (+7 par rapport au 27 décembre), 25 sont en soins critiques, c'est à dire en réanimation, en soins intensifs ou en unité de surveillance continue (+7 par rapport au 27 décembre), et 11 sont en Médecine Physique et Réadaptation (+6 par rapport au 27 décembre).

Leur moyenne d'âge est en baisse : 62 ans aujourd'hui contre 67 ans le 27 décembre dernier.

Surtout, 76% de ceux admis en réanimation ne sont pas vaccinés, ou alors présentent un parcours vaccinal incomplet, voire inconnu.

Le CHU rappelle enfin que si cette nouvelle augmentation des hospitalisations Covid n'atteint pas le pic enregistré le 26 mars dernier (147 patients Covid hospitalisés), elle intervient dans un contexte déjà tendu.

Marge de manœuvre très étroite pour l'hôpital

"L'hôpital est confronté à un afflux de patients Covid, mais le reste ne s'arrête pas. La marge de manœuvre est très étroite", explique ainsi le professeur Jean-Yves Gauvrit, neuroradiologue et président de la Commission médicale du CHU. L'hôpital est contraint de déprogrammer des opérations."

"Nous sommes obligés de réduire la voilure sur les opérations car nous avons des besoins plus importants en personnel pour la réanimation"

Professeur Jean-Yves Gauvrit, président de la Commission médicale du CHU de Rennes

Le président de la CME poursuit : "Et puis les soignants sont eux aussi touchés par le Covid, même s'ils sont vaccinés, avec des formes moins graves, cela implique des arrêts de travail." 

En effet actuellement au CHU, sur 400 arrêts de travail courts,122 professionnels sont arrêtés en raison du Covid, alors que traditionnellement l'activité de l'hôpital est dense en cette période hivernale.

Déprogrammations d'opérations

Ces déprogrammations engendrent des reprogrammations d'opérations. "La programmation est quelque chose d'habituelle à l'hôpital remarque encore le Pr Gauvrit.  Mais là, ça rajoute des éléments complexes et si nous devions encore augmenter l'accueil en réa, nous serions obligés de fermer beaucoup de blocs opératoires, dont la gestion est déjà très tendue. Et nous ne voulons pas arriver à un point où nous devrions faire des choix."

Et puis "c'est aussi le contrat de confiance entre le patient et le chirurgien qui est mis à mal, poursuit Jean-Yves Gauvrit. Habituellement, une opération est prévue, programmée avec le patient, préparée, avec un délai ou non, mais qui est expliqué. Là, nous sommes dans l'incertitude quant au délai. Jusqu'à quelle date peut-on décaler ? Le délai proposé doit rester acceptable pour le patient..."

Un médecin qui appelle enfin à une solidarité de l'ensemble du système de santé. "Tout le monde : le secteur privé, la médecine de ville, doit participer à l'effort, plaide t-il, pour que cette 5e vague puisse être surmontée par l'hôpital."

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