Avec des services de réanimation surchargés en cette période de pandémie de Covid-19, les hôpitaux font appel à des renforts pour soutenir leurs personnels soignants. Une société rennaise a créé, avec un groupe hospitalier, une formation en réalité virtuelle pour les préparer.
En poussant la porte de cette chambre de l'hôpital privé Sévigné près de Rennes, c'est une scène insolite que l'on découvre. Quatre personnes assises, semblent hypnotisées par les vidéos délivrées par le casque de réalité virtuelle qu'elles ont, rivé sur les yeux. Une manette dans la main, elles cliquent sur des boutons, tournent la tête de droite à gauche et bougent également sur leur chaise.
Aux sons qui se dégagent des casques, on comprend vite que ce n'est pas une vidéo ludique, qui leur est projetée. Et pour cause. Ces quatre femmes sont des infirmières qui suivent la formation immersive aux soins critiques, développée par la société rennaise Simango pour le groupe hospitalier Vivalto Santé. Ces infirmières font partie d'un groupe de 19 personnels de santé, volontaires pour être appelés en renfort dans les services de réanimation.
Une visite immersive, "comme si on y était"
Dans la vidéo, une visite guidée, interactive et à 360°, d'un service de réanimation. Des quiz rythment la progression dans le service. Une immersion en 3D de plus de 30 minutes qui, si elle n'a pas la prétention de former les professionnels à la réanimation, contribue quand même à les préparer à devenir des auxiliaires efficaces aux côtés de soignants.
Pour Anne-Flore, infirmière au CHP Saint-Grégoire près de Rennes, cette visite virtuelle est "une très bonne base", qui permet d'être "rassurée" et "d'acquérir de la confiance" avant d'entrer en fonction dans ces services qui ont des "patients très lourds" à gérer.
Même sentiment pour Albanne, infirmière au CHP Saint-Grégoire. Pour elle, l'immersion en réalité virtuelle interactive, est un plus indéniable par rapport à une simple projection de vidéos.
Répondre aux besoins de renfort dans les services de réanimation
Et c'est bien la situation actuelle de tension importante des services de réanimation, qui a poussé le groupe hospitalier à réfléchir à cette formation comme l'explique le docteur Emmanuel Briquet, directeur de la stratégie et du développement médical du groupe Vivalto santé : "Former ces personnels de renfort en tutoring dans une unité de réa n'était pas possible compte tenu de la situation sanitaire et la surcharge dans ces unités. De plus, demander à des gens qui ont beaucoup de mal à faire face à cause de l'afflux de malades, de prendre en plus des personnels en charge, venus pour les aider, ce n'était vraiment pas possible. On a donc décidé de cette visite immersive pour que le jour où ils iront porter renfort à leurs collègues, ils se retrouvent dans un environnement connu ou du moins que le stress que peut générer le fait d'arriver dans un environnement nouveau, soit le plus bas possible".
Une formation de trois jours
Afin d'être préparées à ces tâches bien spécifiques de réanimation à l'heure de la Covid, les infirmières suivent des sessions de formation de trois jours durant lesquelles elles vont acquérir les connaissances et s'entraîner aux gestes de prise en charge des patients Covid. Les deux premiers jours se déroulent en distanciel, crise sanitaire oblige, et permettent de vérifier ou de consolider les acquis théoriques. La troisième journée est en présentiel sous forme de plusieurs ateliers dont celui de la visite virtuelle ou encore de mise en situation avec des mannequins.
70 infirmières ont déjà été formées par ce stage, à Rennes et à Paris. Une trentaine le sera bientôt à Lyon.
La réalité virtuelle appelée à se développer dans la santé
La vidéo immersive a été tournée dans une clinique à Rouen dans un service de réanimation avec une caméra 360° et le projet monté en une dizaine de jours pour répondre à l'urgence de la situation des services surchargés de patients Covid.
Pour Vincent-Dozwald Bagot, co-fondateur de la société Simango, la réalité virtuelle va prendre de plus en plus de place dans le monde de la santé. "Si la technologie existe depuis 30 ans, cela ne fait que 5 ans que les casques sont accessibles au grand public. Or, en santé, tout est à faire, surtout pour la formation où cela peut permettre de former des personnels de nuit par exemple, pas toujours disponible".