Même en Bretagne, l'été s'éternise. Après un mois de septembre "le plus chaud jamais observé en métropole" selon Météo-France, le mois d'octobre continuera de battre des records, et peut-être dès la fin de cette semaine. Il fera exceptionnellement chaud sur le nord de la région, entre le Trégor et la Côte d'Emeraude.
"C'est inédit pour un mois d'octobre. C'est comme si on était resté au mois d'août", s'alarme Stéven Tual, météorologue chez Météo concept en Bretagne.
Après avoir vécu un mois de septembre "le plus chaud jamais observé en métropole", selon Météo-France, le mois d'octobre continue d'enregistrer des températures inédites. Lundi 2 octobre, des records de chaleur automnale ont été, une fois de plus, battus. "À Fougères (Ille-et-Vilaine), on a atteint un record à 29.2°C. À Arbrissel (Ille-et-Vilaine), on était à 30,7°C. Les derniers records d'octobre dans ces communes datent de 2011, où on était à 28.4°C pour Fougères et 29.2°C pour Arbrissel", détaille Stéven Tual.
Et presque partout dans la région, les records n'étaient pas loin d'être dépassés. Dans les Côtes-d'Armor, à Saint-Cast-le-Guildo, "on relève une température à 29.8°C". Record égalé pour la commune des Côtes-d'Armor. Idem pour Rennes avec 30°C au thermomètre.
Dans les prochains jours, des records de chaleur pourraient encore être atteints. À partir de vendredi, jusqu'à mardi, des pics de chaleur sont attendus. "Pour le week-end, on va atteindre sur toute la Bretagne des températures allant jusqu’à 27, 28, 29, voire 30°C. Les zones les plus chaudes seront près de La Manche, entre le Trégor, la baie de Saint-Brieuc, la Côte d'Émeraude, et de Val de Rance".
Selon Stéven Tual, des records seront possibles dans des communes comme Lannion, Pommerit-Jaudy, Kerpert, ou encore Dinard. "Ce sont des conditions vraiment exceptionnelles pour cette période de l'année", assure-t-il.
Des vagues de chaleur "de plus en plus intenses"
"On multiplie les records. Ce n’est pas normal ce qu'on vit", s'inquiète Stéven Tual. "Depuis le début de l'année, seulement le mois de juillet se situe vers la norme. Tous les autres mois de l'année la dépassent". Une norme qui a été, toutefois, fréquemment interrompue par des températures préoccupantes, notamment lors de la canicule de 2022. "En juillet 2022, c'était fou d'avoir jusqu'à 40 degrés dans le Finistère. C'étaient des températures même pas atteintes à Marseille !"
Sans surprise, le changement climatique est la principale cause de ces fortes hausses. Chaque année, d'après Stéven Tual, "les chaleurs sont de plus en plus intenses, et de plus en plus tardives". Avoir des températures d'été encore jusqu'à mi-octobre, "ce n'était pas possible avant".
Bien que la douceur de ce mois d'octobre semble profiter à certains, il faut, selon le spécialiste, "faire la différence entre une belle arrière-saison et une arrière-saison indécente".
Iris et hortensias menacés
Ces hausses de températures ont des conséquences. En août, l'accès à l'eau potable en Bretagne "était très tendu", selon Stéven Tual. La biodiversité est également une des premières touchées par ces chaleurs extrêmes : "En Bretagne, des espèces de végétation comme les hortensias et les iris souffrent de ces températures. Les cycles sont complètement perturbés. À terme, ces plantes disparaîtront et seront remplacées par d'autres qu'on retrouve dans le sud de la France".
Les épisodes de précipitation subissent également des bouleversements. "Si la température augmente, il y aura plus de vapeur d'eau dans l'atmosphère. Les orages seront plus forts, et entraîneront plus d'inondations. Les sols, de plus en plus secs, ne sont pas adaptés à recevoir ces quantités d'eau", explique le météorologue.
Il faut qu'il y ait des choses qui soient faites pour réduire la bétonisation dans la ville
Stéven Tual, météorologue
Quelles solutions s'offrent à nous pour lutter contre ces hausses de températures exponentielles ? Inéluctablement, à l'avenir,"on aura de plus en plus de records, des hivers de plus en plus doux, qui auront tendance à disparaître", se désole Stéven Tual.
Mais selon le météorologue, des moyens peuvent être mis en place pour, pour au moins, s'adapter face au futur qui nous attend. Sur une ville comme Rennes, "même si on voit qu'il y a un discours plus écologique depuis quelque temps, il faut qu'il y ait des choses qui soient faites pour réduire la bétonisation dans la ville". Selon lui, des bâtiments "plus économes" pourraient être construits, tout en développant davantage la végétalisation dans les villes.
Chaque individu peut aussi, à son échelle, réduire ses émissions de gaz à effet de serre et avoir un impact sur le changement climatique. Selon Stéven Tual, réunir une prise de conscience individuelle et collective serait la clé : "Il faut que ça marche dans les deux sens. Si des politiques sont mises en place, mais que personne ne les applique, ça ne sert à rien. Et inversement, si des choses sont mises en place localement, mais que les politiques ne sont pas là pour les soutenir, c'est voué à l'échec".
Même si l'avenir de la planète semble condamné, "chaque dixième de degré compte" pour espérer offrir un avenir aux futures générations.