Depuis plusieurs années, les arrivées de migrants sont nombreuses dans la capitale bretonne. Les tentes vont des parcs publics aux gymnases et inversement en fonction de la saison. Ces hébergements précaires atteignent leur limite. Le gymnase Constant Véron en est un exemple. Les associations alertent sur ce lieu occupé depuis plus de trois mois, où la surpopulation rend le quotidien insupportable.
Après le gymnase de la Poterie, le parc des Hautes-Ourmes à l'automne, puis des écoles pour quelques familles, c'est un autre lieu rennais qui depuis plus de trois mois sert d'hébergement à une centaine de migrants. Les tentes s'entassent les unes à côté des autres dans le gymnase Constant Véron du quartier de Bourg-L'Évêque. Aujourd'hui, les associations alertent sur une situation devenue invivable et ingérable.
Une tension palpable entre les communautés
Ils sont aujourd’hui 112 à vivre dans ce gymnase, pour l'essentiel des Géorgiens, une centaine. Très peu de familles, ce sont plutôt des hommes et des couples qui y sont hébergés. Certains sont là depuis le début de l'occupation du lieu, depuis le 7 novembre dernier. La situation n'est pas identique pour tous, si certains sont demandeurs d’asile, d’autres ont été déboutés.
Mais pour tous, la promiscuité, est importante et difficile à vivre, d'autant que la structure n'est ni un lieu d'hébergement, ni conçue pour accueillir autant de monde. Alors à cette proximité, s'ajoute insalubrité et fatigue, qui font que sur place, la tension est palpable, notamment entre les différentes communautés. Un drame a été évité de justesse, il y a quelques jours, quand un jeune Guinéen a esquivé de peu un coup de machette de la part d'un Géorgien, dans un état second.
Je crois qu'on atteint les limites de ce qu'on peut faire en termes d'accueil et de mise à l'abri de personnes. Parce qu'il y a trop de monde, trop de tensions. On ne peut pas gérer un lieu comme ça pendant des mois et des mois. Et pour moi, ce lieu nous échappe complètement.
Céline Farges, médecin
Une évacuation prochaine
Le gymnase doit être évacué prochainement. Un soulagement pour beaucoup. La Préfecture devra étudier pour chacun, en fonction de sa situation, le droit à hébergement, explique Gaëlle Le Strat, avocate spécialisée en droit des étrangers, soit ils ont un droit direct parce qu'ils sont demandeurs d'asile et on verra si ou peut trouver une structure. Et s'il n'y a pas de droit à hébergement en tant que demandeur d'asile, dans ce cas-là, il y aura d'autres relais par le 115, qui seront mis en place."
Quel accès à l'emploi et à un logement ?
Mais l'évacuation pourrait signifier que des tentes s'installent à nouveau dans un parc de la ville ou dans un squat. Des associations et des chefs d'entreprise plaident pour un accès à l'emploi et à un logement. Déjà ceux qui ont demandé l'asile depuis plus de six mois peuvent travailler et le dispositif fonctionne. "Ici, on en voit beaucoup qui travaillent dans des structures de l'agroalimentaire, confirme l'avocate Gaëlle Le Strat et ça marche vraiment bien. Pour autant aller dans le parc privé pour le logement, je ne sais pas si les propriétaires feront confiance à quelqu'un qui est en séjour provisoire, même s'il travaille", ajoute-t-elle.
Alors peut-être qu'une garantie apportée par l'État pour ces locataires d'un nouveau genre, pourrait être une réponse au problème et une voie pour sortir de l'impasse.