Noyade d'un élève de Saint-Cyr Coëtquidan : sept militaires jugés à Rennes

Sept ans après le décès d'un élève officier à Saint-Cyr Coëtquidan lors de l'équivalent d'une soirée d'intégration, le procès pour homicide involontaire se tient à partir du 23 septembre à Rennes, avec sept militaires et ex-militaire à la barre, dont un général, colonel au moment des faits.

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En octobre 2012, le sous-lieutenant Jallal Hami, âgé de 24 ans, diplômé de Sciences-Po, participe à une soirée de "bahutage" - qui vise à transmettre "des traditions de l'école" dans l'argot cyrard, le bizutage étant un délit - dans ce prestigieux établissement qui forme les officiers de l'armée française. 

Ayant pour thème le débarquement des Alliés en Provence de 1944, l'atelier était organisé par des élèves de 2e année à l'intention des nouveaux incorporés. Ces derniers devaient franchir un étang à la nage, de nuit, sur une cinquantaine de mètres et sans avoir pied pendant une partie de la traversée, avec casques et bottes de combat, dans une eau à 9°C. Se jetant à l'eau tous en même temps, alors que résonnait la Walkyrie de Wagner, de nombreux élèves se sont vite trouvés en difficulté, buvant la tasse, s'agrippant les uns aux autres dans un "embouteillage de nageurs". "Au bout d'une dizaine de mètres, j'ai commencé à être surpris par la nage avec les rangers et les vêtements mouillés, le froid. Tous mes camarades autour de moi étaient en difficulté aussi", a confié aux enquêteurs un élève.

Des bouées ont alors été lancées par les organisateurs pour extirper des élèves. Mais Jallal Hami était signalé manquant peu après minuit. Les pompiers, qui n'ont été prévenus qu'une heure plus tard, repèrent le cadavre du jeune homme, sportif aguerri mais nageur médiocre, près de la berge à 2 h 35. Le général Antoine Windeck, arrivé à la tête de l'école peu avant le drame et qui avait été mis en examen, n'a lui pas été renvoyé en correctionnelle


"Un bizutage" 

 
"Si regrettable soit la disparition de ce valeureux garçon, élève officier brillant et prometteur, il n'y a pas, me semble-t-il, de faute caractérisée de nature à entraîner la condamnation", a estimé Me Lionel Béthune de Moro, avocat d'un ancien élève officier, qui encourt trois ans de prison et 45 000 euros d'amende. "C'était une activité programmée, donc validée par les supérieurs, de transmission de valeurs. L'exercice avait été fait par tout le monde l'année précédente, sans aucun problème", a ajouté l'avocat. 

Mais d'après Me William Pineau, qui défend le général Francis Chanson, cet exercice nocturne "était fondé, par malheur pour le garçon disparu, sur une doctrine prévoyant un système d'autonomie des élèves" dans l'organisation de l'atelier. "Dans cette autonomie les élèves ont recherché des formes de transgression : quelque chose qui ne devait pas être un exercice militaire l'est devenu, car il y avait franchissement d'une pièce d'eau", a pointé Me Pineau, qui va plaider la relaxe du gradé.

Pour l'association de défense des droits des militaires, qui s'est constituée partie civile, il s'agissait bien "d'un bizutage", selon son président Jacques Bessy. "Les élèves n'étaient pas habilités à faire un exercice de franchissement, il n'y avait pas de moyens réglementaires, ce n'est pas acceptable !", a-t-il ajouté, s'interrogeant sur les leçons tirées du drame par Saint-Cyr. 

L'école avait déjà été endeuillée en 2004 par la mort de deux élèves officiers lors d'un exercice en montagne. En 2007, deux officiers du Centre d'instruction et d'entraînement au combat en montagne (CIECM) qui encadraient ces élèves avaient été condamnés à des peines de prison avec sursis.

Contactée par l'AFP, la défense de la famille de la victime ne s'est pas manifestée. Le procès doit s'ouvrir lundi à 9 h 00 au tribunal correctionnel de Rennes, compétent en matière militaire.
    
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