Noyade à Saint-Cyr Coëtquidan en 2012 : après une semaine de procès, le jugement sera rendu en janvier

Le procès des sept militaires s'achève à Rennes ce 27 novembre. Ils sont poursuivis pour homicide involontaire après la mort de Jallal Hami en 2012, lors d'un bahutage. La décision du tribunal a été mise en délibérée au 14 janvier 2021 à 9 h. 

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Cinq anciens élèves officiers et deux encadrants de l'école militaire de Saint-Cyr Coëtquidan ont été entendus toute cette semaine par le tribunal correctionnel de Rennes. Ils comparaissaient pour homicide involontaire, à la suite du décès de Jallal Hami, 24 ans, en octobre 2012, pendant un bahutage. Le jugement sera rendu le 14 janvier prochain, à 9 h. 


Plaidoyer pour la relaxe


Il ne veut pas que son client soit "le lampiste de cette affaire, le seul à porter le chapeau". Maître Dominique Mattei s'emporte jeudi face aux juges, lors de sa plaidoirie."Cette peine réclamée bafoue l'honneur de celui que je défends". Son client, l'ex lieutenant-colonel Hervé Wallerand serait "la victime d'un système Saint-Cyr, avec des règles floues et mal écrites." Il commandait à l'époque les élèves de seconde année en charge de l'organisation du bahutage pour les premières années. Alors que le procureur a requis à son encontre deux ans de prison avec sursis, son avocat réclame la relaxe. "La relaxe elle est fondée sur le fait qu'il n'a pas commis de faute caractérisée. Il ne savait pas où l'exercice allait se dérouler. Il y avait un officier de sécurité, un officier de permanence. Et lui il considère à raison que même s'il avait commis une faute, elle n'est pas en relation direct avec la disparition de l'élève officier." 
 

C'était une horrible folie mais pas un homicide involontaire

Maître Anne-Guillaume Serre, avocat de Hugues D. l'un des responsables du bahutage en 2012


Maître Anne-Guillaume Serre plaide pour Hugues D.  l'un des élèves responsable ce soir-là de l'exercice qui a conduit à la noyade de Jallal Hami. Jamais "il n'aurait envisagé un risque de noyade." Il a depuis quitté l'armée, se disant incapable de commander. "Il dit 'à 22 ans je me suis retrouvé près du corps d'un camarade dans une activité que j'avais contribué à organiser'. Tout est là-dedans, tout. On a besoin de payer quand on est coupable. Je considère que pénalement, ils ne sont pas coupables", insiste Maître Serre qui demande la relaxe générale. 

"Un homme est mort et cette injustice est indépassable, les réquisitions, les peines prononcées seront sans commune mesure avec le préjudice subi par la victime et sa famille." Ces mots sont ceux de Maître Thierry Fillion, l'avocat de l'un des cinq anciens élèves de Saint-Cyr. Ce procès a-t-il pu, selon lui, permettre un début de réparation pour la famille de Jallal Halmi ? "J'ai peur que non. J'ai peur qu'ils considèrent qu'il aurait été indispensable que les prévenus cités devant le tribunal reconnaissent tous éventuellement leur culpabilité, peut-être qu'ils auraient trouvé que c'était plus réparateur que cette discussion juridique. Peut-être qu'ils repartiront avec cette désillusion. Peut-être aussi qu'après demain quand ils repenseront avec distance à ce qui s'est passé cette semaine, les débats qui ont eu lieu leur permettront tout de même de garder un souvenir pas forcément négatif de cette affaire."

Son client accepte lui les 12 mois de prison avec sursis requis par le procureur mais demande au tribunal d'exclure cette condamnation de son casier judiciaire. "Assumer sa responsabilité c'est une chose, faire que sa vie professionnelle en soit durablement affectée, c'est autre chose" selon Maître Fillion. 


Un sentiment de frustration 


Pour Rachid Hami, le frère de Jallal, "la lumière n'a pas été complètement faite sur les prévenus. J'ai un sentiment de frustration sur le fait qu'on n'ait pas chercher à comprendre qui ils étaient. On a parlé que des faits", regrette-t-il. "Moi j'ai eu très peu de temps pour dire qui Jallal était. J'ai passé sept fois plus de temps à écouter qu'à exprimer quoi que ce soit. Je n'ai pas pu avoir de réponses à mes questions. Être seul à parler, ce n'est pas facile." 

La désillusion a été immense, face à tant de défaussement pendant le procès, comme dans cet étang cette nuit-là.

Rachid Hami


Il se dit déçu par les réquisitions du procureur, par les peines qui sont "extrêment faibles" par rapport aux faits. "Je n'ai jamais dit que tout le système était coupable. J'ai dit que certains élèves avaient causé la mort de mon frère et c'est avéré dans ce dossier."  

"A Saint-Cyr, il y a quelque chose dont on n'a pas parlé. Comment ça se fait qu'on donne des armes à des gens, qu'on leur donne des hommes à commander, sans savoir qui ils sont. Pourquoi n'y a t-il pas une évaluation psychologique ?"


Rachid Hami peine à croire que la mort de son frère ait permis de réformer le système. "Je n'aime pas le mot problème systèmique car cela dédouane tout le monde, c'est le système le problème c'est pas eux. Si on ne trouve pas quel rouage ne fonctionne pas dans un système, cela ne peut pas changer. Le système doit trouver les déviants et les exclure." 

Les prévenus encourent trois ans de prison maximum et 45 000 euros d'amende. 

 
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