Noyade à Saint-Cyr-Coëtquidan : prison avec sursis pour trois militaires, quatre autres relaxés

Le tribunal correctionnel de Rennes a condamné ce jeudi trois militaires à des peines de prison avec sursis et relaxé quatre autres prévenus dans le cadre du procès autour de  la noyade d'un élève officier de l'école de Saint-Cyr Coëtquidan en 2012. 

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Le tribunal correctionnel de Rennes a rendu son jugement ce jeudi dans l'affaire de la noyade d'un élève officier de Saint-Cyr Coëtquidan en 2012. Sept militaires et anciens militaires étaient poursuivis pour homicide involontaire après la noyade de Jallal Hami, lors d'une cérémonie de bizutage.

Trois militaires ont été condamnés. Les peines sont de six mois avec sursis pour deux d'entre eux et huit mois pour le troisième. Les quatre autres ont été relaxés. 

"Je ne savais pas que la vie de mon frère valait si peu !" a déclaré le frère de la victime à l'issue du délibéré.

Durant le procès, j'avais l'impression que le juge avait transformé cette cour en église. J'avais le sentiment d'être dans un confessionnal avec un prêtre bienveillant qui demandait aux prévenus de se confesser. Aujourd'hui, il les a absous de leurs péchés !

Rachid Hami


Lors du procès en novembre, le procureur de Rennes Philippe Astruc avait requis des peines allant de trois mois à deux ans de prison avec sursis contre six des prévenus, et une relaxe, celle du général Francis Chanson, à l'époque chargé de la formation de l'école. Celui-ci fait parti des quatre militaires relaxés aujourd'hui. Pour son avocat, Maître William Pineau, le jugement de la cour est avant tout une décision d'apaisement.

Le tribunal a retenu la culpabilité de ceux qui étaient en situation directe de responsabilité dans cette noyade. A la fois, le Président de promotion, le chef de bataillon et le commandant des gardes. Tous les prévenus avaient indiqué qu'ils étaient marqués à vie par cette tragédie, comme l'institution de Saint-Cyr. Espérons que ce procès permettra d'éviter de tels drames.

William Pineau, avocat du colonel Chanson

Noyade en 2012 lors d'un bizutage

 

Jeune étudiant brillant, très sportif, le sous-lieutenant Jallal Hami, 24 ans, s'était noyé dans la nuit du 29 au 30 octobre 2012 durant une activité de "transmission des traditions", une sorte de bizutage qui ne dit pas son nom.

Sur le thème du débarquement des Alliés en Provence, les nouveaux élèves devaient traverser un étang à la nage, de nuit, sur une distance de 43 mètres, avec casques et rangers, dans une eau à 9°C. Se jetant à l'eau tous en même temps, au son de la Walkyrie de Wagner, de nombreux élèves s'étaient retrouvés en difficulté, buvant la tasse, s'agrippant les uns aux autres dans un embouteillage de nageurs.

Des bouées avaient été lancées par les organisateurs pour extirper les élèves, avant que Jallal Hami, parti lors de la 2e vague, ne soit signalé manquant.
 

"Vous avez trahi mon frère une fois de plus"


Dans son réquisitoire, le procureur avait dénoncé une "bérézina, une folie, une transgression" sur "fond de testostérone mal maîtrisée". "Le bilan de cette nuit tragique aurait pu être d'une toute autre ampleur", avait-il lancé.

Parmi les prévenus, figuraient cinq anciens élèves officiers, aujourd'hui âgés de 29 à 31 ans, et deux membres de la hiérarchie de l'école à l'époque des faits, le général Chanson, 58 ans, et l'ancien chef de bataillon Hervé Wallerand, 49 ans, chargé des élèves de 2e année.

Leurs avocats avaient presque tous plaidé la relaxe, s'appuyant sur la définition restrictive de l'homicide involontaire dans le code pénal qui exige "une faute caractérisée" pour pouvoir retenir une responsabilité pénale. C'est-à-dire "une faute d'une particulière imprudence : on est à un micron de l'incurie absolue", avait affirmé Me William Pineau, avocat du général Chanson

Me Anne-Guillaume Serre, avocat d'un autre militaire, avait lui évoqué "un tragique concours de circonstances" qui "a conduit au drame".

A l'issue du jugement, le frère de Jallal Hami n'a pas caché sa colère. "Vous avez trahi mon frère une fois de plus" a t-il déclaré. Son avocat, soulignant qu'il n'y aura d'inscription au casier judiciaire pour les militaires condamés. 

 

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