À partir du 17 janvier 2024, les futurs bacheliers et élèves en réorientation pourront formuler leurs vœux d'études supérieures sur la plateforme Parcoursup. Quelles sont les formations les plus prisées en Bretagne ? Quels sont les critères de sélection ? Entretien avec Pascal Brasselet, chef du service régional de Parcoursup en Bretagne.
Cela fait un mois, depuis le 20 décembre 2023, que le marathon Parcoursup a commencé. Ce mercredi 17 janvier 2024 marque la deuxième étape de la course, si ce n'est la plus cruciale : celle de la formulation des vœux.
Chaque année, ils sont environ 40.000 en Bretagne à candidater sur la plateforme. Mais avant de frotter la lampe du génie, Pascal Brasselet, délégué régional académique à l'information et à l'orientation et chef du service régional de Parcoursup en Bretagne, donne quelques conseils pour mieux appréhender ce parcours du combattant.
- Quelles sont les filières les plus demandées en Bretagne ?
Pascal Brasselet : On a différents types de lycéens. Lycéens de filière générale, technologique, professionnelle. Si on se place du point de vue des formations, il y en a certaines qui ressortent en tête de liste. Elles peuvent être liées soit à des vœux très majoritaires en fonction de la filière du lycée, soit à toutes les filières à la fois.
Ce qui arrive en tête, c'est la licence de droit. Ensuite, on a les formations en IUT, par exemple celle en gestion des entreprises et administration qui arrive à la deuxième place. Suivie de la licence Staps, de la licence économie gestion, etc.
En cinquième position, on a un BTS en management commercial opérationnel. Ce sont les lycéens technologiques et professionnels qui le demandent massivement. On passe par des formations générales jusqu'à celles plus professionnelles comme les IUT en deux ans ou les BTS en trois ans. En termes de volume, pour ces formations, on est entre 3 à 4000 néobacheliers, sans compter les étudiants en réorientation.
- Y a-t-il de la place pour tout le monde dans ces filières les plus prisées ? Et au contraire, certaines sont-elles en manque de candidats ?
Pascal Brasselet : Les filières sont aptes à accueillir. Mais c'est vrai que pour certaines, comme celle du Staps par exemple qui est extrêmement demandée, on a des candidats qui n'arrivent pas à l'obtenir. Gestion des entreprises et administration, on peut en avoir quelques-uns aussi. Mais, proportionnellement, si on regarde par rapport au nombre de candidats, le reliquat qui reste en liste d'attente n'est pas du tout démesuré.
En Bretagne, on a quand même un tissu de formations qui est assez riche. On peut avoir des formations sur Rennes qui font le plein et exactement les mêmes formations ailleurs en Bretagne où il reste des places. Il y a peu de typologie de formations qui n'existent pas en Bretagne. Mais bien sûr, celui qui ne veut aller qu'à Rennes rétrécit son champ des possibles.
- Comment expliquer que certaines formations peinent à attirer des candidats ?
Pascal Brasselet : Il y a des formations dans lesquelles on aimerait voir plus de candidats s'inscrire. Ce sont des formations parfois méconnues, on peut aussi avoir des phénomènes d'autocensure. Par exemple, dans certains IUT, on a augmenté le nombre de places réservées pour les bacheliers technologiques. Mais tous ne le savent pas ou n'osent pas candidater de peur de ne pas être à la hauteur.
Mais on est sur un processus évolutif. Aujourd'hui en Bretagne, les bacheliers technologiques représentent 44% des étudiants inscrits en IUT dans le domaine tertiaire, 34% dans le domaine industriel. L'objectif qui était visé depuis la réforme en 2021 d'atteindre 50% des bacheliers technologiques dans ces filières-là, on n'en est plus très loin.
- Combien y a-t-il eu d'étudiants sans formation en Bretagne en septembre 2023 ?
Pascal Brasselet : Extrêmement peu. On est maintenant sur une plateforme qui est très robuste. En France, Parcoursup permet d'affecter un million de candidats. Cette année, on a travaillé sur le temps de réponses d'admission qui était un peu long pour les candidats. On a quand même un processus qui fonctionne bien avec une plateforme conviviale où on peut poser des questions si on a le moindre souci. Globalement les enquêtes d'opinion montrent un très bon retour des utilisateurs.
La réalité est loin du discours médiatique qui circule. Dans le courant de l'été, on a une commission pour étudier les situations des jeunes qui n'ont pas eu de formation. Le nombre de situation est de plus en plus faible. En général, ce sont des élèves qui n'avaient pas fait assez de vœux dans suffisamment de formations.
- Et justement, que faire pour ne pas se retrouver dans cette situation ?
Pascal Brasselet : Il ne faut pas se restreindre dans les vœux ou dans les villes où se trouvent les formations qui les intéressent. On retrouve notamment les élèves qui n'ont fait que le vœu des écoles Ifsi, pour devenir infirmier. Il faut que le jeune en parle. Avec ses parents, ses professeurs, aller aux journées portes ouvertes, etc. Il n'y a pas qu'une seule formation qui permet d'aboutir à une activité ou un domaine professionnel.
Tous les jeunes qui ont sollicité notre commission dans le courant de l'été, on leur a tous proposé quelque chose qui correspondait à leur formation initiale. Les candidats peuvent accepter ou pas nos propositions, mais on a traité toutes les situations. Il n'y a plus aucune situation comme celles-ci en Bretagne. Même pour les cas les plus critiques, on les a accompagnés, appelés... À la rentrée de septembre 2023, il n'y avait pas de situation qui n'était pas traitée.
Parfois on a des bacheliers qui sont perdus, qui ne savent pas ce qu'ils veulent faire. On les accompagne, les oriente vers des CIO. Il y a même des formations à l'université qui ont été ouvertes pour les accueillir pendant un an et travailler leur projet de formation avec eux.
- La plateforme Parcoursup représente une source de stress chez 83% des étudiants. Comment l'expliquez-vous ?
Pascal Brasselet : Tous les retours montrent que l'utilisation de la plateforme en soi ne pose aucun problème. Le stress est inhérent au fait que le jeune va devoir faire un choix. Il y a le stress sur la nature des vœux qu'il va devoir faire, des propositions d'admission qu'il va obtenir, etc. Quand j'évoquais la commission que saisissent certains durant l'été, ils sont moins de 1% à y faire appel.
Avec mon équipe, et les enseignants, notre objectif est de faire retomber ce niveau de stress. Toute la procédure Parcoursup est stressante mais elle inclut toute la réflexion qu'a le jeune sur son avenir. Et ça, de fait, c'est stressant. On met ça sur le compte de Parcoursup car la plateforme incarne ce processus de passage dans le supérieur. Mais ce n'est pas la plateforme qui génère le stress en soi.
- Quand un élève s'inscrit sur Parcoursup, un long dossier à remplir l'attend, avec beaucoup d'informations, de lettres de motivation, etc. Est-ce que les dossiers sont vraiment tous lus et étudiés en intégralité ? Quand on prend par exemple une formation très élitiste, est-ce que les notes ne sont pas de toute façon le premier critère de sélection ?
Pascal Brasselet : Toutes les formations n'ont pas les mêmes critères de regard porté sur les dossiers. Ce qui a été bien amélioré, en termes de visibilité depuis l'an dernier sur la plateforme, c'est le fait de rendre visible de manière explicite le poids de chacun des critères utilisés par la formation. On voit les formations qui accordent beaucoup d'importance aux notes et on voit celles qui prennent davantage en compte le savoir-être, le projet de motivation, etc.
Pour les lettres de motivation, il y a une nouveauté en 2024. Toutes les formations ne sont plus obligées de demander une lettre de motivation. Contrairement aux années précédentes, les jeunes n'auront pas forcément la lettre de motivation à écrire. En revanche, pour les établissements qui en demandent encore, comme pour Ifsi, même s'ils reçoivent des milliers de candidatures, ils se donnent les moyens de lire tous les dossiers dans leur intégralité. Donc cette année, si la formation demande une lettre de motivation, c'est qu'elle l'aura demandé explicitement et la lira.