La justice vient de condamner la laiterie de Retiers, filiale de Lactalis à dédomager les parties civiles pour le préjudice direct de la pollution. Mais à l'heure où l'on parle de la nécessité de préserver la biodiversité, les pêcheurs attendent avec impatience d'autres mesures sur l'écologie.
En aôut 2017 la laiterie de Retiers avait déversé pendant une dizaine de jours des résidus laitiers industriels dans la Seiche, un affluent de la Vilaine.
Le rejet de matière organique avait provoqué aussitôt la mort de plusieurs tonnes de poissons qu'il avait fallu repêcher morts pour éviter que leur décomposition n'agrave encore le préjudice visible sur plus de 8 kilomètres. Ce qui n'est pas visible dans ces cas là c'est la destruction d'une quantité énorme de petits poissons et d'encore plus de microorganismes. C'est tout l'équilibre de la rivière qui est atteint durant des années, toute une biodiversité qui disparait.
En cause dans cette affaire : un système d'épuration insuffisant. Pas de bassin de rétention non plus. Mais la laiterie n'a pas pour autant coupé court aux rejets, car il aurait fallu arrêter la production. Que faire de tout ce lait qui ne se conserve pas ?
"Conséquence directe de l'inaction de la Société Laitière de Retiers"
En mars dernier devant le Tribunal Correctionnel de Rennes la filiale de Lactalis s'était défendue d'être pleinement responsable de cet accident industriel. Elle était alors en train de faire installer une nouvelle ligne de sous produits du lait (lactose) par un prestataire qui comparaissait aussi. La laiterie avait dépensé des millions pour cet outil industriel mais négligé de prendre des sécurités en cas de rejet accidentel.
Ce mardi, le tribunal a jugé qu'elle seule était responsable de ce rejet de lactose dans la rivière faute de précaution. La filiale de Lactalis est condamnée à verser seule 250 000 euros aux parties civiles : des associations de pêches et des associations de sauvegarde de l'environnement.
La fédération de pêche d'Ille-et-Vilaine va réinvestir ces sommes dans la protection du milieu aquatique
Pour Jérémy Grandière, le président de la Fédération, il est grand temps que l'État revoit les règles de rejet et impose aux industriels des normes qui protègent vraiment nos rivières. Il faut des arrêtés préfectoraux plus sévères avec les pollueurs. De plus, les règlementations devraient imposer des rejets beaucoup plus faibles en période estivale quand le débit des rivières est faible.Cette amende à hauteur des coûts d'intervention directe sur la pollution représente 60 millions d'euros pour la part qui revient à la Fédération de pêche 35. Tout sera réinvesti dans des terrains en bordure de la Seiche pour créer des frayères à brochet (prairies inondées en hiver) et pour rétablir à long terme les populations de brochets dévastées par la pollution. Le brochet est une espère en danger de disparition.Mais la Fédération de pêche attend maintenant un jugement sur les actions menées par la laiterie pour remettre en état la rivière sans même avoir consulté les acteurs associatifs et écologiques tels que les pêcheurs. En 2020 elle espère gagner ce nouveau combat pour faire reconnaitre les compétences de la Fédération de pêche à gérer les conséquences d'une pollution et dénier au pollueur le pouvoir de s'en occuper.