Les épidémies de covid, grippe et bronchiolite qui frappent en même temps le pays font souffrir les hôpitaux et mettent en danger les personnes fragiles. Le chercheur Pascal Crépey rappelle pourquoi il est nécessaire de bien mettre le masque en intérieur, volontairement. Et non sous la contrainte.

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“Je souhaite un retour du port du masque en intérieur mais pas son obligation systématique” lance Pascal Crépey, épidémiologiste à l’EHESP, l’école des hautes études en santé publique.

Si le chercheur, basé à Rennes en Bretagne, souligne l’importance du port du masque dans les lieux clos, il insiste sur le sentiment d’échec si la mesure redevient obligatoire. “On rend obligatoire une mesure quand on n’a pas réussi à convaincre". Pour l'épidémiologiste, si le port du masque redevient obligatoire cela veut dire que les chercheurs, les médias et le gouvernement auraient échoué à rappeler de la nécessité de se protéger.

“Pas obligatoire ne veut pas dire pas nécessaire”

Pascal Crépey espère réussir à convaincre les citoyens qu’il est nécessaire de porter le masque de son plein gré. “Beaucoup de gens disent que si le port du masque n’est pas obligatoire cela veut dire qu’il n’est pas nécessaire et donc ils ne le portent pas. C’est une erreur”. Le chercheur veut faire comprendre que pour lutter contre les virus respiratoires de l’hiver, comme la grippe et la bronchiolite, ou le retour du covid, le port du masque volontaire est une mesure de bon sens.

“Si on n’arrive pas à convaincre que de mettre le masque de soi-même est nécessaire alors ce sera aux politiques d’arbitrer”. Le chercheur au sein de l'EHESP rappelle que “le masque permet de réduire les risques d’attraper un virus respiratoire et de le transmettre”.

Le masque en intérieur pas en extérieur

Le chercheur souhaite éviter une réaction de rejet d’une partie de la population. “Rendre le port du masque obligatoire partout est une mesure inutile et contreproductive” explique Pascal Crépey. “Cela a été une erreur de l’imposer en extérieur car cela décrédibilise la parole publique”. L’épidémiologiste insiste sur le fait que la transmission des virus en extérieur est très faible, voire anecdotique. 

“Porter un masque dans la rue ne sert à rien, mais quand je vois une personne tousser dans le métro et ne pas porter de masque je m’inquiète” détaille le chercheur. À ses yeux, le seul cas pour porter un masque en extérieur peut se justifier lors des rares situations où il y a une forte densité de personnes comme, par exemple, lors d’un marché de Noël.

La grippe à un fort niveau en Bretagne

Le port du masque comme mesure barrière est associé à la lutte contre la Covid. Mais actuellement la France est touchée par une triple épidémie concomitante de Covid, de grippe et la bronchiolite. 

La Bretagne est particulièrement touchée par le virus de la grippe comme le montre la carte ci-dessous.

Pour Pascal Crépey qui étudie l’évolution des épidémies en France et sur la région, le virus de la grippe va toucher 5 à 10% de personnes en plus cette année que les années précédentes. La raison ? Les gestes barrières des dernières années à mieux protéger la population, qui a été moins infecté par ce virus. En conséquence, l’immunité de la population est moindre. L’épidémiologiste se montre rassurant sur les conséquences de cette épidémie, “On s’attend à un plus grand nombre de cas de personnes infectées par la grippe sans que cela n’arrive à un niveau pandémique”.

La Bretagne plus épargnée par la Covid que le sud de la France

Question pandémie, le virus de la Covid retrouve de la vitalité avec l’hiver. Si le taux d’incidence repart à la hausse sur le plan national, la Bretagne fait actuellement partie des régions les moins touchées. 

Sur les sept derniers jours, le niveau de contamination au Covid sur 100.000 personnes est de 367,7 en Bretagne. En comparaison, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur est deux fois plus touchée.

Retrouvez sur notre carte interactive le niveau d’intensité du taux d’incidence de la Covid en France.

Eviter les mesures contraignantes comme le couvre-feu

Ne pas arriver aux retours des mesures contraignantes comme un couvre-feu ou la fermeture des lieux de restaurations est l’objectif de Pascal Crépey. L’épidémiologiste insiste sur la triple épidémie qui fragilise les hôpitaux en ce début d’hiver avec en toile de fond le faible niveau du rappel vaccinal covid en France. Selon les derniers chiffres de l’Agence Régionale de Santé, seulement 13,7% des personnes de 80 ans sont à jour de leur calendrier vaccinal (dernière dose depuis moins de 3 mois).

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