Des portillons de contrôle s'installent dans le métro à Rennes, mis en service au 1er décembre. Un collectif de personnes handicapées dénonce un dispositif non accessible et discriminant. Il prévoit de saisir le Défenseur des droits.
"Ils ont promis qu'ils ne se contenteraient pas des normes mais qu'ils tiendraient compte de l'usage." Annie Dourmap, membre du collectif rennais On existe évoque le décalage entre les annonces de Rennes Métropole et Keolis à propos de l'installation des portillons de sécurité dans le métro, et la réalité.Avec d'autres personnes, notamment en fauteuil roulant, elles constatent que "les portillons ne pourront pas être utilisés par ceux qui ne peuvent pas se servir de leurs mains ou bras." Elles réclament le droit à l'autonomie, sans être tributaire d'un accompagnant pour se déplacer.
Le collectif évoque des difficultés pour accéder à ces portillons, valider son titre de transport ou faire appel à l'assistance quand sa mobilité est réduite. Appuyer sur un bouton, badger, tous ne peuvent pas le faire physiquement. Cette problématique s'applique aussi à l'accès aux ascenseurs. "Certains attendent que quelqu'un passe pour se faire aider" explique Annie.
@STARmeparle on nous dit de pas nous inquiétez sur l'accessibilité des portillons dans le métro @metropolerennes @keolisrennes vous voulez vraiment assumer un truc pareil ! Je souhaite @MTheurier @JefMonnier @nathalieappere un bon conseil ce soir.. https://t.co/N2DoWcdGgb pic.twitter.com/WU0z6UtkMt
— GAETAN DESCHAMPS (@deschampsgaet) November 19, 2020
Des solutions pourraient être appliquées. "Il existe des colonnnes sur lesquelles on peut exercer une pression avec son fauteuil pour ouvrir soi-même les portes d'ascenseurs ou des portillons. On pourrait aussi envisager que pour la validation du titre de transport, la distance de contact soit augmentée."
D'un côté les politiques nous disent : ce sera parfait. De l'autre, les techniciens nous expliquent que nos revendications ne pourront pas être appliquées techniquement
Il y a deux semaines, elle a, avec d'autres volontaires fait des essais sur tout le trajet de la ligne A, vérifié les entrées et les sorties. A la station Clémenceau, elle note des espaces trop réduits pour faire passer plusieurs personnes. A noter que les portillons installés concernent aussi bien les entrées que les sorties, "avec un risque d'encombrement".
La petite phrase
Annie ajoute que deux petites phrases, inscrites dans les portillons sont gênantes et infantilisantes. "Il est écrit 'Priorité aux fauteuils roulants' et 'Faites-les passer'. On a encore le sentiment d'être des objets, que ce sont les personnes valides qui ont le pouvoir. Ils se dédouanent de leurs responsabilités sur les autres usagers" regrette-t-elle.
Un service proposé en concertation avec les associations
Contacté, Rennes Métropole répond que les portiques "sont conformes aux réglementations en vigueur (établissements recevant du public, normes d'accessibilité, contrôle technique et de sécurité). Ils ont aussi fait l'objet d'adaptations allant au-delà de la réglementation avec notamment l'installation d'un second valideur pour le portillon PMR (celui-ci offre un passage plus large que les autres portillons : 90 cm au lieu de 55 cm)."
Sept réunions ont eu lieu, entre 2016 et 2020 précise t-on, avec le collectif Handicap 35 principalement. Ces échanges ont permis de réaliser de premiers tests et repérages sur le terrain. Des essais ont entraîné des ajustements, comme le réglage du niveau sonore des valideurs, et d'augmenter la zone de sécurité des portillons PMR, de manière à éviter tout risque de choc avec les vantaux au moment de leur ouverture.
Rennes Métropole a, dès la conception des portillons, fait le choix volontariste d'équiper ceux réservés aux personnes à mobilité réduite de deux valideurs, placés à des hauteurs différentes pour pouvoir s'adapter aux différents handicaps. Certaines propositions (usage d'une télécommande multifonctions personnelle), après étude de faisabilité, n'ont pu à ce jour être mises en œuvre, mais font l'objet de recherches complémentaires pour éventuellement envisager une solution alternative. L'installation d'un troisième valideur (à une troisième hauteur), demandée par certaines associations, est rejetée par d'autres et ne fait donc pas à ce jour l'unanimité.
Dans l'attente du développement de la solution de télécommande personnalisée, pour les personnes ne pouvant utiliser en autonomie aucun des deux valideurs ouvrant les portillons PMR, un interphone relié à un opérateur situé au poste de commande du métro permet de se faire ouvrir le portillon.
La signalétique, quant à elle, n'a pas fait l'objet de remarques particulières lors de ces réunions in situ. "Elle permet d'expliquer aux utilisateurs comment utiliser ces portillons PMR, y compris pour les personnes avec une poussette ou un bagage."
Alors que la mise en service approche, prévue le 1er décembre, Annie et les membres du collectif On existe prévoient eux de saisir le Défenseur des droits.