Punaises de lit. "Il faut commencer par arrêter de chercher la petite bête"

Selon les entreprises spécialisées, l'augmentation est progressive depuis le Covid, mais pas explosive. Les esprits, en revanche, s'échauffent. Exemple en Bretagne où, si les interventions se multiplient, c'est parce que ces punaises de lit ont surtout envahi nos esprits. Enquête.

"Les appels saturent le standard. Les gens sont rentrés dans une telle psychose, c'est de la folie". Mathieu Garzuel, président de la société de désinsectisation Neature, croule sous les demandes. Si les punaises de lit ont envahi nos vies depuis plusieurs semaines, elles ont infesté la ligne téléphonique du directeur. "Les demandes pour traiter des punaises de lit ont augmenté de 80%. Dans beaucoup de cas, ce ne sont pas des punaises de lit", affirme-t-il. 

Lire : Punaises de lit. "Ça vous rend fou". Un véritable choc qui peut vous atteindre psychologiquement

Selon lui, la problématique des punaises de lit ne date pas d'hier. "Je ne comprends pas pourquoi ça prend autant d'ampleur maintenant", s'étonne-t-il. Il n'est pas le seul à partager cet avis. Jacky Minier, directeur de la société de désinsectisation Hynera, l'affirme : "Il n'y a rien de nouveau sous le soleil. La punaise de lit est un insecte comme les autres, elle a toujours existé. Si à chaque fois qu'une personne voit un insecte s'affole et dit que c'est une punaise, on ne s'en sort pas !".

Clara Quinque, responsable marketing chez Rentokil, constate elle aussi que les punaises de lit se propagent depuis plusieurs années. "C'est une progression croissante. Il n'y a pas eu de 'boum massif' de la punaise de lit ces dernières semaines depuis que les médias en parlent".

La Bretagne reste peu touchée par ces nuisibles. D'après Magalie Nauleau, responsable presse SNCF Bretagne, "les cas confirmés sont depuis toujours rarissimes et il n'y a aucun signe de recrudescence récente de punaises de lit dans les trains". La SNCF reste cependant vigilante.  "Les trains font l'objet d'un nettoyage quotidien" précise Magali Nauleau. Elle cite les experts de la compagnie ferroviaire, qui estiment que "les rames transilien et TER présentent un risque encore plus faible car elles sont peu fournies en revêtements textiles". 

Du côté des établissements scolaires bretons, même constat. Selon l'académie de Rennes, "aucune remontée d'apparition de punaises de lit dans les écoles, collèges et lycées" ne leur est parvenue. Seules quatre chambres d'internat ont été fermées trois jours en septembre dans un lycée de Lorient, avec 12 élèves concernés rapporte l'AFP.

Une progression lente, mais croissante

Alors comment expliquer cette propagation, certes lente, mais croissante ? Selon Clara Quique, plusieurs raisons peuvent l'expliquer. "Avec les confinements, les punaises de lit se sont mises en diapause, il n'y avait plus de nourriture pour elles. Quand les établissements publics ont rouvert, les punaises de lit avaient faim, donc elles se sont mises à piquer plus fréquemment que par le passé", explique-t-elle. Indispensable à sa survie, la punaise de lit "fait des stocks, se gave, comme n'importe quel être vivant qui aurait été privé de nourriture pendant longtemps", en déduit la spécialiste.

Autre raison de cette progression : les punaises de lit deviendraient de plus en plus résistantes aux insecticides. "À force de les attaquer à coups de produits chimiques, elles vont finir par être immunisées", déclare Clara Quique. Par ailleurs, pour des raisons environnementales, et de santé, les autorisations pour exploiter certains produits toxiques évoluent : "On n’a plus le droit d’utiliser n’importe quoi, à n’importe quelle dose", souligne-t-elle.

"Beaucoup de gens ont déjà dû avoir des punaises de lit chez eux sans s'en rendre compte"

Clara Quinque

Responsable marketing chez Rentokil

"Si de plus en plus de monde découvre des punaises de lit chez soi depuis quelques semaines, c'est peut-être aussi parce que les gens sont plus vigilants qu'avant", soulève Mathieu Garzuel. Nombre d'entreprises de désinsectisation en sont persuadées : "Beaucoup de gens ont déjà dû avoir des punaises de lit chez eux sans s'en rendre compte". Clara Quinque l'assure : "On peut avoir chez soi quelques punaises de lit en très faible quantité, et ça ne sert à rien de venir faire un traitement d’envergure, de balancer des produits chimiques dans tout l’appartement". Et puis selon eux, la probabilité de ramener des punaises de lit chez soi reste "très faible".

Il faut surtout arrêter d'entraîner la psychose chez les gens

Jacky Minier

Directeur de la société Hynera

"La première chose à faire, c'est d'établir un diagnostic", témoigne Cécile, pharmacienne dans le centre-ville de Rennes. Elle assure que, comme pour les moustiques, "chacun peut avoir une réaction différente". Si les piqûres sont récurrentes, il ne faut pas "hésiter à aller voir un médecin".

"Il faut surtout arrêter d'entraîner la psychose chez les gens", insiste Jacky Minier. La pharmacienne rennaise, du même avis, estime que beaucoup de personnes ont déjà dû se faire piquer par des punaises sans s'en rendre compte. "Peut-être qu'il faut commencer par arrêter de chercher la petite bête ?", suggère-t-elle en souriant.

L'actualité "Société" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Bretagne
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité