Le collectif #NousToutes qui lutte pour dénoncer les violences sexistes et sexuelles, lance la dernière semaine de mars une grande opération de sensibilisation aux violences faites aux femmes. Le support choisi : les emballages de baguettes de pain dans les boulangeries.
"Ce sera ma première participation à une action de #NousToutes, mais je trouve que celle-là a le mérite de la visibilité et qu'elle peut toucher le plus grand nombre" explique Cyrielle. Sympathisante #NousToutes à Vitré (Ille-et-Vilaine), Cyrielle a rejoint le collectif en août dernier. Une évidence pour cette jeune femme de 33 ans dont la sœur est morte assassinée par son ex-conjoint.
Cette action dont parle Cyrielle se veut la plus large et la plus visible possible. D'ici fin mars, le collectif #NousToutes va lancer sur toute la France une opération pour toucher le maximum de monde et les femmes victimes de violences. L'idée est toute simple : distribuer dans un lieu fréquenté par toutes et tous, en l'occurrence les boulangeries, des informations pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles. Et le support utilisé c'est tout simplement les emballages de baguettes de pain.
Un "violentomètre"
Des sacs papiers sur lesquels sont inscrits d'un côté les contacts des associations à joindre en cas de violences et de l'autre un "violentomètre" vont ainsi être mis à disposition dans les boulangeries par les sympathisantes de #NousToutes.
Le "violentomètre" est un outil de prévention qui permet de mesurer le degré de violence dans un couple, à partir d'exemples concrets du quotidien. Son objectif est de sensibiliser, prévenir et informer.
[Les détails du "violentomètre" sont à retrouver dans le document ci-dessous]
Violentomètre distribué par #NousToutes
Pour Shannon, militante très active au sein de #NousToutes 35, "il n'y a pas de doute sur le succès de cette opération dans les boulangeries. Elle va permettre de toucher toutes les classes sociales et tous les âges, ce qui est intéressant, car on a tendance à stigmatiser les violences dans une certaine classe sociale alors qu'elles sont partout. C'est donc un moyen de donner l'information assez facilement et du coup de former les personnes qui ne sont pas sensibilisées à cette cause-là."
Pour l'étudiante de 24 ans, l'autre intérêt de cette opération est de montrer que c'est une initiative d'un collectif associatif et que "les institutions locales ne réagissent toujours pas assez à ce phénomène de violences".
Selon elle, "elles ne mettent rien en place alors qu'on a essayé de les alerter plusieurs fois". Une opération qui a le mérite de démontrer que l'on peut agir avec des actions simples comme celle des sacs à pain et que "#NousToutes n'existerait pas si les pouvoirs publics faisaient en sorte de régler ce problème de société".
Plus de 1,8 million de personnes touchées
Laura Jovignot, responsable de l'opération des sacs à pain au niveau national se réjouit du succès de l'action. "Alors qu'au début, on espérait récupérer plus de 5 000 euros grace à une cagnotte en ligne, on en est à près de 30 000. Cela va nous permettre d'imprimer 615 000 emballages et comme les statistiques précise qu'une baguette concerne trois personnes, on espère ainsi toucher plus d'1,8 million de personnes dont des femmes victimes de violences".
L'autre avantage de cette opération, selon les militantes de #NousToutes, réside dans le fait que des milliers de bénévoles se sont manifestés pour alimenter les boulangeries en emballages imprimés. Or, les boulangeries se situent dans toutes les villes, mais aussi dans les villages, ce qui permet peut-être de toucher des femmes "qui n'ont peut-être pas toujours accès à ce type de sensibilisation".
Il est toujours possible de se rapprocher de #NousToutes pour participer à l'opération.
Vous avez raté l'appel pour recevoir vos sacs à pain et les distribuer dans les boulangeries de votre quartier ? Pas de panique, vous pouvez rejoindre un groupe près de chez vous en vous inscrivant ici : https://t.co/mOnsm26l23
— #NousToutes (@NousToutesOrg) March 1, 2021