Réforme des retraites. L'usage du 49.3 a sonné une partie des députés bretons. Réactions

Dépités. Au sein même de la majorité, beaucoup de députés témoignent ce jeudi après-midi de leur déception, voire de leur colère et de leurs craintes, suite au choix d'Emmanuel Macron de recourir à l'outil controversé du 49.3 pour faire passer le projet de réforme des retraites. Aucun débat, aucun vote cet après-midi à l'Assemblée nationale. Réactions de Bretons de différents bords.

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L'annonce a eu l'effet d'une bombe cet après-midi à l'Assemblée nationale. L'article 49.3 a été dégainé par le gouvernement qui passe son texte en force. Alors que les syndicats appellent à manifester, les députés sont pour le moins déçus de ne pas avoir pu se prononcer sur ce projet de réforme des retraites très controversé. 

"Je ne redoutais pas le vote" Eric Bothorel (Renaissance - 22)

"Je regrette que l'audace nous ait manqué aujourd'hui. Il eut été judicieux, pertinent et honnête d'épuiser l'ensemble des ressorts démocratiques. Et le plus pur de ces ressorts, c'est le vote. Je ne le redoutais pas quelle qu'en soit l'issue."

"Cette réforme j'y croyais, je l'ai défendue. Je continue de croire qu'il y a nécessité d'équilibrer les comptes des retraites. La déception est liée à la forme. Je redoute que ce recours à ce 49.3 ouvre des perspectives qui soient en dehors du cadre des organisations syndicales, dont je salue la responsabilité jusqu'à maintenant."

"Cette décision va provoquer de la déception auprès des organisations syndicales, il y a probablement de la colère qui va naître auprès d'un certain nombre de concitoyens."

"Autoritaire et dictatorial" Frédéric Mathieu (LFI - 35)

"On est face à un gouvernement seul qui représente un homme seul. Le gouvernement est en train de mettre en place une impasse politique et démocratique majeure. La population française ne veut pas de cette réforme. On a un mouvement social qui est fort. Ils ont une absence totale de majorité à l’Assemblée. Ils agissent de manière autoritaire, et pour tout dire : dictatoriale."

"Le mouvement ne s’arrête pas ! Là on a un aveu de faiblesse énorme du gouvernement. Quand l’adversaire faiblit, il faut continuer à avancer. Donc il faut continuer de se battre dans tous les mouvements de grève, de manifestations, toutes les initiatives populaires, syndicales, politiques... Si on arrive à bloquer le pays, on bloque la marche de cette réforme. Un blocage du pays dans les sites stratégiques, ça peut contribuer à faire céder rapidement le gouvernement, comme ça a été le cas en 2006 du CPE.

En attendant, on va déposer une motion de censure."

"Je suis scandalisée !" Claudia Rouaux (PS - 35)

"Je suis scandalisée de ce 49.3. On a tout vécu depuis le début de cette réforme. Tous les stratagèmes ont été utilisés. Ne pas aller au vote alors que les personnes manifestent, ont fait grève, ont perdu de l’argent, alors qu’on connaît l’augmentation du coût de la vie, moi je crains que ces personnes-là soient révoltées."

"Il y a beaucoup de désespoir. Là on sort du Covid, on a beaucoup de personnes pas bien, des personnes qui travaillent fort, et à qui on dit "Bon et maintenant vous allez donner deux années de plus de votre vie pour cette réforme qui n'était pas indispensable !" Je trouve que c'est injuste et révoltant. Moi j'ai vu des gens pleurer. Le 49.3 est devenu l'usage, le refus du débat. Un projet comme ça, on aurait dû envisager un mois et demi de débat ! C'est l'avenir des gens, c'est leur santé. Il y avait d'autres façons de faire. Il y avait d'autres moyens..."

"Il faudra changer de gouvernement et de Premier ministre. Elle a porté cette réforme et menti de nombreuses fois. Il y a une perte de confiance en ces ministres qui ont menti au peuple."

"Un coup de force" Erwan Balanant (MoDem - 29)

"C'est la première fois qu'un groupe minoritaire à l'Assemblée prend en otage la démocratie. C'est un coup de force. J'étais farouchement opposé à l'utilisation du 49.3, quitte à perdre ce vote, parce qu'à un moment donné, ça doit être l'expression démocratique."

"Là on a une motion de censure qui va être déposée. La question est : "Est-ce qu'il y a une alternative à la majorité actuelle ?" Il faut retrouver un peu de raison dans ce pays. Il faut que les forces centrales retrouvent le sens des priorités. On va aux devants d'une crise de régime grave et d'une situation très préoccupante. Les manifestations ont toutes été dignes, mais avec ce coup de pression, il faut qu'il y ait une réaction. Laquelle ? On y réfléchit..."

"On est là dans un moment où chacun, personnalités politiques et syndicats, retournent au calme. Si le texte avait été voté et battu, cela aurait permis de remettre les choses sur la table et de le retravailler, pourquoi pas. Le pays doit être en paix avec lui-même, que les travailleurs qui travaillent dur aient l'impression de ne pas être lésés, et que ceux qui travaillent dur et dégagent des bénéfices soient aussi dans une position d'équilibre et qu'ils n'aient pas l'impression de perdre le fruit de leur travail. Tout ça c'est une question d'équilibre et aujourd'hui on a perdu tous ces équilibres."

"Une motion de censure trans-partisane" Paul Molac (Liot - 56)

"C'est un coup de force parce que la loi est minoritaire à l'Assemblée. Le gouvernement cache qu'il n'a pas réussi à convaincre, qu'il n'a pas réussi à avoir un projet qui rassemble, et donc il est obligé de faire le 49.3 pour faire passer un projet de loi injuste, inutile et qui, en plus, ne réglera pas nos problèmes de financement de retraite !"

"Avec le groupe Liot, nous allons demander au gouvernement qu'il retire sa réforme et si il ne le fait pas, on proposera une motion de censure trans-partisane. Oui, je voterai la motion de censure parce que j'estime que c'est un déni de démocratie. Il prend des décisions sans demander à personne, il met le pays dans la rue pour une réforme qui n'est pas nécessaire, injuste et qui ne réglera pas le problème des retraites. Il n'est pas foutu capable de proposer quelque chose accepté par la majorité... Il y a un moment donné, il faut écouter !"

"Le pays est déjà fracturé, là on en rajoute. Moi, je vois bien que le mécontentement est très important, je n'ai jamais vu autant de manifestants à Ploërmel par exemple !"

"Des gens ont joué avec le feu" Mickaël Cosson (MoDem – 22)

"Le pire des scenario est arrivé. C’était mal embarqué dès le début. Même si elle est nécessaire, cette réforme n’a pas été adroitement présentée."

"De là à voter la motion de censure, moi je suis là pour trouver des solutions et je ne suis pas sûr que c’est en changeant les têtes qu’on arrivera à apporter des solutions. C’est plutôt en changeant la méthode. Aujourd’hui, la méthode n’est pas bonne. J’aurais préféré qu’il y ait un vote et qu’on puisse ensuite travailler dessus."

"Il y a des gens qui ont joué avec le feu, maintenant j’espère que cela ne va pas entraîner des émeutes."

"Le 49.3, c’est une défaite" Jean-Charles Larsonneur (Horizon – 29)

"Le 49.3 c’est toujours une défaite, pour le gouvernement c‘est difficile. J’ai une pensée pour Elisabeth Borne qui est extrêmement digne, qui tient les rênes alors qu'elle va sûrement bientôt démissionner, un 49.3 c’est lourd de conséquences. Ce n’est pas ce que je voulais, vraiment. Il fallait faire une réforme plus concertée."

"Je suis profondément déçue" Laurence Maillart-Méhaignerie (Renaissance - 35)

"Je suis profondément déçue. C'est une déception qu'on ait dû utiliser ce 49.3 : quand on est parlementaire, on est là pour clarifier les positions. Le vote pousse tout le monde, c'est l'heure de vérité."

"Bien sûr il y a avait une incertitude, nous avions un problème de majorité. On avait besoin d'alliés, mais Les Républicains n'ont pas été fiables.

"Je respecte cette décision, mais je regrette que nous n'ayons pas pu débattre. Quant à l'avenir, il est maintenant plein d'incertitudes..."

Les députés LR sollicités n'ont pas pris le temps de nous répondre à l'heure où nous bouclons l'écriture de cet article.

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