Il y a eu de la violence, mais également de la solidarité durant la nuit de heurts qui s'est déroulée ce 16 mars suite au recours du 49.3 sur la réforme des retraites. Alors que l'agence immobilière de son immeuble a été vandalisée à Rennes, une voisine est venue y dormir pour empêcher un pillage.
“Heureusement qu’il reste des gens bien” souffle cette responsable d’agence immobilière à Rennes. Durant la nuit du 16 mars une horde de casseurs se sont abattus sur des commerces et la mairie dans le centre-ville. Son agence porte encore les cicatrices de la nuit : vitrine brisée, mobilier saccagé. Mais son matériel a été sauvé.
L’acte héroïque d’une voisine
Dans la nuit, au son des vitres brisées, une voisine de l’immeuble est immédiatement descendue pour s’installer dans l’agence. Elle y est restée toute la nuit pour empêcher que le lieu ne soit pillé comme l’ont été des commerces voisins.
Elle a passé la nuit dans notre agence immobilière pour éviter qu'elle ne soit pillée.
Bénédicte Coudray
“Elle a passé la nuit dans l‘agence pour protéger nos clés et tout le matériel informatique” témoigne Bénédicte Coudray. “Il n’y a eu que l'accueil qui a souffert. C’est incroyable. Il reste des gens assez héroïques”.
Dans cette rue du centre-ville de Rennes, tous n’ont pas eu la même chance. La boutique voisine, la boutique Kway a été pillée par des casseurs. La veille, deux agences immobilières du quartier ont été pillées, et le mobilier incendié.
“C’est dramatique, nous ne sommes plus en sécurité”
“On ne travaille pas sereinement, je ne me sens plus en sécurité” se désespère une responsable d’une autre agence immobilière du centre-ville de Rennes. “C’est la deuxième fois que nos vitrines sont détruites en 10 jours” témoigne Pascale Dorin avec émotion.
“Nous sommes associés au grand capital par notre métier, mais nous sommes une petite entreprise” assure cette Rennaise ne reconnaît plus la ville qu’elle a tant appréciée.
Pour les commerçants, ces phénomènes d’agressions répétés sont difficiles à supporter. À chaque nouvelle manifestation, le stress revient. “Je garde la clef sur la porte pour pouvoir fermer rapidement” souffle une responsable de boutique de décoration “mais nous ne pouvons pas faire grand-chose”.
“Un cadeau pour notre sauveuse”
L'inconnue qui a décidé de protéger l’agence immobilière de son immeuble sera remerciée, assure Bénédicte Coudray, responsable du lieu. “Je l’ai croisée en arrivant, elle partait. J’ai juste eu le temps de prendre ses coordonnées. Il est certain que nous ferons un geste pour la remercier”
Si la solidarité redonne le sourire, les commerçants du centre-ville attendent beaucoup des renforts de police attendus à Rennes.
Benoît THIBAUT avec Thierry Peigné et Sandrine Ruaux