Alors que le gouvernement a décidé de faire appel au 49.3 pour faire passer la réforme des retraites ce jeudi 16 mars, une manifestation improvisée de plus de 700 personnes défile dans le centre-ville de Rennes (Ille-et-Vilaine). Les dégradations et feux de tous genres sont nombreux. Le centre historique est le lieu de scènes d'affrontements avec les forces de l'ordre.
Pour faire passer sa réforme des retraites, le gouvernement d'Elisabeth Borne a donc décidé d'engager l'article 49.3 de la Constitution. Une décision qui a créé une bronca à l'Assemblée nationale et de nombreuses réactions de parlementaires dans tout le pays.
À Rennes, dès l'annonce du recours au 49.3 des manifestations spontanées se sont déployées en Bretagne, notamment à Brest et à Rennes. Des manifestations qui font suite à une journée marquée par une rocade bloquée plusieurs heures durant ce jeudi matin et plusieurs manifestations.
Après une manifestation de l'intersyndicale devant la préfecture en fin d'après-midi, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblés à partir de 19h place Sainte-Anne, à l'appel du collectif Maison du peuple. Une partie des manifestants a migré du côté de la place de la République.
De nombreux feux et dégradations
C'est entre la place de Bretagne et la place de la République que plusieurs feux de poubelles et de mobilier urbain ont été allumés. Plusieurs abris de bus ont été détruits. Les forces de l'ordre ont été la cible de tirs de mortier.
Des vitrines ont été la cible de casseurs, des tags inscrits sur les murs de bâtiments, des magasins vandalisés et le mobilier sorti et brûlé comme dans le cas du Starbucks. Nos journalistes ont vu le magasin Kway, rue nationale près de la place du Parlement, se faire fracasser ses vitrines et les vêtements jetés dans la rue.
"700 jeunes, dont une centaine d'ultra"
Dans un communiqué, la préfecture fait état d' "Un rassemblement sauvage de 700 jeunes, dont une centaine d'ultra", à l'origine de "tags, jets de projectiles, feux allumés, vitres de la mairie dégradées et commerce attaqué".
La préfecture annonce également 5 interpellations vers 21h pour jets de projectiles et violences.
"Le préfet d'Ille-et-Vilaine condamne avec la plus grande fermeté ces actes intolérables et les agissements de certains individus qui se livrent à des violences au mépris de la sécurité des forces de l’ordre et des habitants de Rennes" ajoute le communiqué.
Nos journalistes confirment la présence de plusieurs groupes de casseurs, vêtus de noir, qui s'en prennent, en criant "Mort au capitalisme", à des établissements de type banques, notariats, agences immobilières, symboles pour eux de tout ce qui touche à l'argent.
Règne dans le centre-ville de la capitale bretonne ce jeudi soir une ambiance de chaos, le tout dans l'odeur âcre et les fumées des gaz lacrymogènes utilisés en abondance par les forces de l'ordre.
Au cours de la soirée, le tout nouvel hôtel de luxe de la chaîne Mama Shelter, place des Lices, a vu un groupe de 150 personnes taguer ses murs et jeter des pierres sur les fenêtres du 1er étage. Selon le gérant de l'établissement, cinq membres du personnel ont été blessés. La veille, en marge de la manifestation de ce mercredi, l'hôtel avait déjà été la cible de casseurs.
Le message de la maire à l'État
Dans un communiqué en fin de soirée, la maire, Nathalie Appéré, réagit aux évènements. "Notre ville est ce soir le théâtre de violences urbaines sidérantes. J’ai activé en début de soirée la cellule de crise municipale (...) Des personnes ont été molestées. L’Hôtel de Ville a été pris pour cible à de nombreuses reprises".
Elle lance un cri d'alarme à l'État : "J’ai alerté les autorités, jusqu’au sommet de l’État, depuis plusieurs jours, pour exiger que notre ville soit protégée. J’ai appuyé les demandes de renforts policiers formulées par le Préfet. Notre ville ne peut être abandonnée à la violence des casseurs".
Thierry Peigné avec Benoit Thibaut et Valentin Pasquier