Des livreurs se sont rassemblés ce 24 octobre à Rennes pour dénoncer ce qu’ils appellent les déconnexions. Ils reprochent aux plateformes comme Uber Eats de se débarrasser sans scrupules de coursiers sans-papiers. Après les avoir fait travailler pendant des années.
A Rennes comme dans d’autres villes en France, des livreurs se sont rassemblés ce 24 octobre.
Ils demandent justice "pour les milliers d’entre eux qui se retrouvent à la rue après avoir été désactivés" par les plateformes comme Uber Eats.
En France, 2500 à 3000 d’entre eux ont été déconnectés de comptes depuis début septembre. La déconnexion consiste à bloquer à distance le compte d'un travailleur quand la plateforme donneuse d'ordres soupçonne une mauvaise pratique, mettant ainsi fin unilatéralement à la poursuite de la collaboration.
Selon les "Coursiers autonomes de Bretagne", le chiffre de 2500 est très sous-évalué. En France, environ 10 000 personnes se retrouveraient ainsi sans travail.
Pour les coursiers, c'est de l'hypocrisie
En fait explique Joseph Atangana, le président de ce collectif appuyé par la CFDT, "quand le métier est apparu en 2017 avec Uber Eats d'abord, les plateformes ne se souciaient pas trop de savoir qui elles employaient, même si certains n'avaient pas de titres de séjour."
Mais depuis qu’au printemps dernier, une charte a été signée avec l'Etat dans laquelle les quatre principales plateformes de livraison de repas s'engagent à lutter contre la fraude et la sous-traitance irrégulière, les applications ont commencé à se séparer massivement de sans-papiers, pour ne pas avoir d’ennuis.
Pour le président des "Coursiers autonomes de Bretagne", "c'est de l'hypocrisie. Les plateformes savaient pertinemment qu'elles faisaient travailler des sans-papiers dont elles se débarrassent aujourd'hui. Certains travaillaient pour eux depuis 4 ou 5 ans, avec plus de 10 000 livraisons au compteur. Et ils se retrouvent à la rue. Avec une famille à nourrir."
Le dossier doit être abordé à partir du mercredi 26 octobre lors de négociations organisées par l'Arpe, l’Autorité des relations sociales des plateformes d’emploi, qui organise le dialogue social du secteur.
Joseph Atangana sera présent lors de ces discussions à Paris. Les livreurs demandent à l’Etat de prendre en compte les années travaillées chez Uber Eats pour leur demande de régularisation. Ils insistent aussi sur la nécessité d’un salaire minimum fixe, et d'une protection sociale solide. Les livreurs sont généralement payés à la course, ne touchent à chaque fois qu'une poignée d'euros, "font des horaires démesurés et vivent dans une grande précarité", souligne le CAB.
Uber Eats, principal pourvoyeur de postes, devant Deliveroo, revendique 16 implantations dans toute la Bretagne. La plateforme a publié un chiffre d’affaires d’1,3 milliards d’euros en 2021.
On estime à 3000 le nombre de livreurs dans la capitale bretonne. Selon le CAB, ils seraient de 5 à 6000 sur la région.