Rennes : faute de semi-conducteurs, la direction de Stellantis prolonge l'arrêt de ses chaînes de production sur le site de la Janais

Les chaînes de production automobile de Stellantis (ex-PSA) à la Janais, près de Rennes sont encore à l’arrêt ce mercredi 23 février, et cela va durer au moins jusqu'au 27 février, faute de pièces indispensables à la fabrication des voitures. Les syndicats s'agacent.

"La direction était pourtant optimiste lors du CSE extraordinaire de vendredi matin..." Nouvelle surprise et incompréhension ce mercredi des syndicats : le 18 février, Stellantis La Janais leur apprenait que faute de pièces automobiles cruciales à la fabrication des C5 Aircross (Citroën) et de la Peugeot 5008, les chaînes de production allaient être mises à l’arrêt, lundi 21, mardi 22 et samedi 26 février.

"La direction était confiante pour une reprise mercredi, mais ce n'est visiblement pas le cas..." raconte Christine Virassamy, déléguée centrale CFDT ne cache pas sa déception. 

Toujours suspendu aux arrivages de pièces

Ce mercredi, toutes les séances de production des équipes du matin comme de l'après-midi ont été annulées, et cela va continuer : "On a annoncé ce midi que la production ne reprendrait pas demain, jeudi, ni vendredi, ni samedi comme déjà prévu" confirme la direction.

Faute de pièces, la quasi-totalité des 2 200 salariés de l’usine ne peut donc toujours pas travailler. "Il nous manque des pièces de mécanisme de direction et des volets automatisés (ndlr : ces coffres qui s'ouvrent de façon automatique). Ce sont nos propres fournisseurs qui sont en manque de semi-conducteurs, du coup ils ne peuvent pas nous fournir ces pièces..."

Des informations distillées au compte-goutte. "C'est la cellule de crise qui gère tout cela en central. Ce n'est à réception des pièces en question qu'elle juge quel site peut reprendre ou pas" justifie la communication du site de la Janais.

Frustration à tous les étages

Si ces heures non travaillées seront rattrapées ultérieurement pour les personnes en CDI, quand la situation reviendra à la normale, la situation est plus complexe pour les 180 intérimaires qui venaient d’être embauchés pour répondre à la demande en C5 Aircross (Citroën) et en Peugeot 5008. Depuis le 14 février, la fabrication avait en effet repris en 2x8 (de 5h30 à 13h15 et de 13h15 à 22h20), signe d’une embellie pour l’entreprise

Tous naviguent aujourd'hui à vue. Si la direction déclare être "dans les starting-blocks pour reprendre !" les syndicats eux s'agacent : "Ce n'est pas logique comme façon de produire et ça énerve tout le monde ! réagit Mickaël Gallais, délégué CGT du site de la Janais.

On ne prend pas la précaution de faire un peu moins de voitures par jour, pour pouvoir en faire tous les jours : ça n'a pas de sens !

Mickaël Gallais

délégué CGT du site de la Janais

Frustration partagée par la CFDT : "On est stoppé en cours de route dans notre élan, alors qu'on observe un regain un peu partout en France !" 

Le numéro vert, exceptionnellement mis en place par Stellantis dans le cadre de cette crise des semi-conducteurs, sera donc à nouveau accessible "à partir de dimanche après-midi". Les salariés découvriront, en le composant, s'ils reprendront le travail le lendemain...

Bénéfice net de 13,4 milliards d'euros en 2021

Une nouvelle qui tombe alors que Stellantis annonce ce mercredi avoir enregistré d'énormes profits en 2021 pour sa première année d'existence, en multipliant les synergies et en augmentant ses prix, et ce malgré des ventes freinées par la crise des semi-conducteurs.

Le groupe automobile, né de la fusion en janvier 2021 des constructeurs français Peugeot-Citroën (PSA) et italo-américain Fiat Chrysler (FCA) a en effet publié ce  mercredi un bénéfice net de 13,4 milliards d'euros en 2021, malgré une production en baisse de 1,6 million de voitures en raison de la pénurie de puces électroniques. 

Fort de ses bons résultats, Stellantis a proposé pour ses salariés français une enveloppe globale d'augmentation salariale de 3,2% avec une hausse générale pour tous les ouvriers de 2,8% à l'issue des négociations annuelles obligatoires achevées mardi soir. "Il faut relativiser, prévient la CGT. "Ceux qui ont les plus bas salaires" toucheront "4 000 euros minimum, en moyenne 4 400 euros" de prime d'intéressement et de participation annonce la direction, "mais c'est du brut et sur condition de 100% de temps de présence. Concrètement, c'est plutôt 3 580 euros qu'on touchera, autrement dit, comme en 2020, alors que l'entreprise a fait six fois plus de bénéfice que cette année-là : la logique n'est pas respectée !"

Si la CFDT se dit fière de ces bons résultats, le syndicat lui aussi juge "insuffisant" pour ne pas dire "dérisoire" l'intéressement proposé, regrettant la part octroyée aux actionnaires, plus importante que celle dédiée aux salariés.

"1,9 milliards pour les salariés, contre 3,3 milliards pour les actionnaires, calcule Mickaël Gallais. Encore une fois, c'est pas du tout juste parce que c'est nous qui la créons la richesse, en produisant les voitures avec notre sueur et notre douleur !"

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