Des policiers ont manifesté jeudi soir à Rennes. Voitures avec sirènes hurlantes et gyrophares allumés se sont rendues devant la préfecture ainsi qu'aux abords du domicile de la maire. Ce matin, Nathalie Appéré dénonce "des méthodes d'intimidation, qui ne sont pas admissibles".
Les sirènes ont retenti vers 23 h à Rennes jeudi 17 décembre. Plusieurs voitures de police ont sillonné la ville. Cette manifestation s'est également déplacée, rue de Châtillon, aux abords du domicile de la maire de Rennes.
#Rennes manifestation très bruyante des policiers rue de Châtillon près du domicile de la maire de Rennes . Tout le quartier réveillé!!!! pic.twitter.com/MZxjafhkZ5
— Samuel Nohra (@SamuelNohra) December 17, 2020
Le cortège s'est aussi rendu à la préfecture. Gilles Pennelle, élu du Rassemblement national se trouvait sur place, pour apporter son soutien "aux policiers en colère" a-t-il indiqué via les réseaux sociaux.
Rennes, 23h30 : Je suis venu apporter le soutien du @RNational_off aux policiers en colère qui manifestent devant la Préfecture. pic.twitter.com/bOgIEebOTA
— Gilles Pennelle (@GillesPennelle) December 17, 2020
La police ne décolère pas en effet, après les propos d'Emmanuel Macron, notamment lors de son entretien avec le média en ligne Brut, pendant lequel il a évoqué les contrôles au faciès. Les policiers dénoncent aussi les conditions dans lesquelles ils travaillent. Selon eux, il faut une vraie réaction, une peine ferme quand les forces de l'ordre sont victimes de violences.
Un mouvement de protestation qui prend différentes formes
L'UNSA police ouest n'était pas à l'origine du rassemblement à Rennes, "Mais on comprend" indique-t-on. L'UNSA police ouest précise que sa protestation prend la forme suivante : "Nous, notre consigne c'est l'application du code 562, cela veut dire plus de patrouilles, les policiers se mettent en attente, plus de contrôles de d'identité, plus d'initiatives."
Les gyrophares et les deux tons ont aussi résonné à Vannes cette nuit.
La maire de Rennes réagit et dénonce des méthodes d'intimidation
La maire de Rennes Nathalie Appéré a réagi ce matin sur Twitter, via une lettre ouverte adressée au syndicat Alliance. "La nuit dernière, un groupe de policiers en uniforme se réclamant de votre organisation syndicale est venu "manifester" sous les fenêtres de mon domicile familial, au volant de véhicules de service, toutes sirènes hurlantes."
Dans ce courrier, elle souligne "des méthodes d'intimidation, qui ne sont pas admissibles dans une démocratie", soulignant que "la Police Nationale et ses agents sont une force au service de l'ordre républicain."
Les comportements que j'ai observés hier n'en sont pas dignes.
Elle rappelle que les revendications des policiers, doivent "s'exprimer en direction de l'employeur." Nathalie Appéré note : "Vous préférez courageusement m'interpeller dans la presse et envoyer une trentaine de policiers en uniforme mener une opération d'intimidation nocturne sous mes fenêtres, au mépris de ma famille et de tous les habitants du quartier où je réside."
Elle conclut : "Dans le contexte anxiogène de cette année 2020, et alors même que la relation entre la population et sa police est malmenée, votre mode d'action ne manquera pas d'interpeller."
Le syndicat Alliance ne confirme pas être à l'origine de ce rassemblement nocturne. Un de ses représentants joint par téléphone précise : 'il n'y avait pas de mot d'ordre syndical" et parle d'un mouvement spontané.
Contactée, la police de Rennes indique qu'elle ne fera aucun commentaire.
Ce vendredi après-midi, une nouvelle action a eu lieu au rond-point de l'Alma à Rennes. Ils ont demandé aux automobilistes d’écrire des mots sur des cartes postales qu’ils enverront à l’Elysée. Une mobilisation à l'initiative du syndicat Alliance.
D'autres actions pourraient être organisées dans les jours qui viennent.
Les policiers peuvent-ils manifester
Lorsqu'un policier est en service, le droit de grève et de manifester lui est interdit. Le code déontologie de la police indique : "Le policier est tenu à l’obligation de neutralité. Il s’abstient, dans l’exercice de ses fonctions, de toute expression ou manifestation de ses convictions religieuses, politiques ou philosophiques. Lorsqu'il n'est pas en service, il s’exprime librement dans les limites imposées par le devoir de réserve et par la loyauté à l’égard des institutions de la République." Par ailleurs, toute manifestation doit faire l'objet d'une déclaration en préfecture.
Les policiers qui manifestent pendant leur service ou en utilisant des moyens de la police tels que leur voiture ou leur uniforme s’exposent à des sanctions disciplinaires qui peuvent aller de l’avertissement à la révocation.