Rennes : un rassemblement contre les féminicides, "Il faut dire haut et fort que des femmes sont tuées"

Un rassemblement féministe était organisé à Rennes, à la suite de la mort de Magali Blandin, avec la volonté de réagir dans l'espace public. Les organisatrices souhaitaient rappeler que les femmes se mobilisent contre les violences conjugales et dénoncer un schéma qui se répète trop souvent. 

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Un appel a été lancé pour dire stop aux féminicides, stop aux violences faites aux femmes, ce jeudi place de la mairie à Rennes. Karen, l'une des organisatrices a évoqué le décès récent de Magali Blandin, dont le mari a été mis en examen pour meurtre par conjoint. "On avait envie de réagir rapidement dans l'espace public, montrer que les femmes se mobilisent et luttent contre les violences." 

Sur place, avec d'autres militantes, elle ont disposé des affiches sur le sol, sur lesquelles on pouvait lire "On ne tue jamais par amour", "Féminicides, mais que fait la police ?"


Ce jour, la police aura été bien présente. Quelques échanges tendus ont d'ailleurs eu lieu, avec rappel à l'ordre et menaces de verbalisation, car les rassemblements de plus de six personnes ne sont pas autorisés. Plusieurs fois, Karen exhortera les participants à se tenir à distance. "C'est agaçant ce Covid qui est prétexte à réfréner les manifestations. Là, on n'est pas des milliers et on ne peut pas prendre la parole", a regretté Ariane. Elle-même a grandi dans un foyer violent, et lorsque sa mère a voulu porter plainte, elle n'a pas été prise au sérieux. "Aujourd'hui, il y a trop de personnes qui meurent sous les coups de leur conjoint, avec un système qui couvre ces violences depuis toujours." 


Aurèle a aussi répondu présente. "Cela me paraît évident" a-t-elle expliqué. "Il faut dire haut et fort que des femmes sont tuées. C'est un problème de santé majeur et politique." 

Des prises de parole ont eu lieu, pour rappeler des schémas qui ne font que se répéter. 

La mort de Magali Blandin reflète, selon Karen, tous les mécanismes habituels des féminicides : des tensions dans un couple sur fond de séparation, la justice sollicitée avec des plaintes déposées et lorsque la séparation arrive, "la violence ultime." 

Au sein de ce système police-justice qui légitime l'impunité des agresseurs, on trouve les avocats de la défense. Leur stratégie est souvent la même : faire passer un meurtre pour un acte d’amour commis par des hommes "à bout", "victimes de leur jalousie", etc. On entend souvent encore les termes "crime passionnel", "drame de la séparation", "drame familial", "moments de folie". Dans la bouche de l'avocat du meurtrier de Magali Blandin, il l'a tuée "parce qu'il tient énormément à la famille" !

"On voudrait que le discours de l'Etat qui dit que les violences faites aux femmes sont une priorité soit suivi d'effets. On nous parle de places d'hébergements d'urgence mais on ne sait pas où elles sont. L'information n'est pas assez simple, accessible pour celles qui sont concernées. A l'école, il faut éduquer sur ces questions", a insisté Karen. 

Au bout de 45 minutes, la police a demandé la dispersion. En guide de réponse, quelques sifflets. Un chant féministe s'est ensuite élevé, nourri par des applaudissements, avant que la foule clairsemée ne quitte les lieux. "Allez tous vous promener chez Boulanger" a ironisé une participante. 

Les ressources à Rennes en cas de violences 

En cas de violences, vous pouvez appeler le 39 19. Le planning familial ainsi que l'association Asfad (Centre d'accueil des victimes de violences familiales à Rennes) peuvent vous orienter et vous aider, ainsi que l'association Prendre le droit, pour des questions juridiques.

En 2020, 90 femmes ont été tuées par leur conjoint en France. 

 

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