Après la marche contre la réforme des retraites, une centaine de manifestants a investi l’ancien cinéma Arvor rebaptisé la maison du peuple. Ils veulent en faire un lieu de rencontre et d'échange. La maire de Rennes et la préfecture condamnent les violences et l'occupation.
Ils cherchaient un lieu pour se réunir et tenir des assemblées générales. Ils ont jeté leur dévolu sur l’ancien cinéma Arvor, situé rue d’Antrain à Rennes, un lieu désaffecté.
Après la marche contre la réforme des retraites, une centaine de manifestants, a décidé d’occuper cet ancien bâtiment situé derrière la place Sainte-Anne. Une action qu'ils préparaient depuis deux semaines.
Enraciner la grève
Les occupants ont affiché leur message sur la voie publique par le biais d'une banderole où est inscrit « Enraciner la grève ».
Leur lieu d’occupation a symboliquement été renommé la maison du peuple.
Dans la soirée, les forces de l’ordre se sont déployées dans la rue. Elles ont sécurisé la voie publique mais n'ont pas tenté de pénétrer dans le bâtiment.
La maire de Rennes et la préfecture condamnent les dégradations et violences
Dans un communiqué de presse diffusé ce dimanche matin, Nathalie Appéré "condamne très fermement toutes les violences et dégradations commises à Rennes dans la soirée de samedi, en marge et à l’issue de la journée de mobilisation nationale contre la réforme des retraites du 11 mars".
La maire de Rennes évoque l'occupation de l'ancien cinéma Arvor, qui serait le fait, selon elle, de ces fauteurs de troubles "Dans la soirée, une centaine de casseurs ont pillé un commerce de vêtements, occupé un bâtiment par la force, bloqué une voie de circulation, mis le feu à des poubelles et à des matériels de chantier, tagué et dégradé des biens publics et privés".
A l'instar de la mairie, le préfet "condamne avec la plus grande fermeté les violences et dégradations commises cette nuit dans le centre de Rennes".
Dans son communiqué de presse, la préfecture explique que "des barricades ont été érigées avec des matériaux de chantiers voisins, des poubelles, auxquels des individus ont mis le feu, entravant la circulation routière et piétonne. Un commerce de vêtements a été saccagé".
Selon le document de la préfecture trois policiers ont été légèrement blessés et cinq individus ont été interpellés.
A l'Arvor, des militants et citoyens qui se disent avides d'échanges
Vers 10h ce dimanche matin, quelques dizaines de personnes sont rassemblées devant le bâtiment où a été taguée "Maison du peuple". Sur la vitrine une affiche détaillant un programme a été placardée. Elle annonce un brunch, une distribution alimentaire, une assemblée générale et la projection d'un film. Sur le trottoir la distribution alimentaire a commencé.
La porte est ouverte et l'accès est libre. A l'intérieur une vingtaine de personnes, entre 20 et 40 ans, discutent par petits groupes, ou s'affairent autour d'une table où sont posées boissons chaudes, fromage, pain et autres aliments. La plupart ont passé la nuit ici, mais quelques personnes sont là par curiosité, venues voir ce qu'il se passe.
"Il y a quelque chose d'inédit qui se passe. On veut envisager la suite"
"Nous sommes membres de différents collectifs écologiste, féministe, anticapitaliste, ou de syndicats. Nous n'avons pas de lieu à Rennes où nous retrouver pour échanger, partager des informations et débattre. Alors nous avons décidé d'occuper cet endroit" explique une jeune femme.
Rejointe par trois autres personnes, la discussion s'engage. "Il y a quelque chose d'inédit qui se passe. Le nombre de manifestants, l'unité syndicale, l'élan social...Ici on veut envisager la suite" dit un de nos interlocuteurs.
"Il y a du partage, de la solidarité. On fait du lien ici. On a envie que les citoyens, les associations ou des collectifs viennent proposer des choses. Des projections, des débats ou autre. Que chacun puisse s'emparer de ce lieu" renchérit un autre occupant.
Quant à l'illégalité de l'occupation, et à leur relation aux autorités, nos interlocuteurs avouent ne pas avoir eu de relation ni avec la préfecture, ni avec la mairie mais ils se veulent rassurants "ce n'est pas un mouvement de bordélisation, on veut juste un lieu pour se retrouver et échanger". "Nous sommes en train de construire quelque chose de précieux" conclut avec enthousiasme un trentenaire.