"Des groupes particulièrement violents sèment véritablement le chaos" à Rennes, en marge des manifestations contre la réforme des retraites, dénonce à l'AFP la maire socialiste Nathalie Appéré, qui demande à l'Etat des "dispositifs policiers suffisants". Entretien.
Suite aux dégradations et scènes ultra-violentes répétées à Rennes en marge des manifestations contre la réforme des retraites, Nathalie Appéré s’exprime. Les scènes de chaos s'enchaînent chaque semaine dans le centre-ville. Des incendies de véhicules, vitrines explosées, vols importants dans un magasin d’or et dans des commerces de vêtements, des hôtels, banques et agences immobilières ont été attaqués. La mairie a également subi une tentative d'incendie, comme un poste de police.
La maire de Rennes répond aux questions de l’AFP. Elle souhaite que le président de la République renonce à cette réforme et que la capitale bretonne soit mieux protégée contre les groupes violents qui s’emparent de la ville.
Des groupes radicaux violents, qui n'ont rien à voir avec le mouvement social.
Nathalie Appéré, maire de Rennes
"Je distingue clairement ce qui est un mouvement social massif, avec une opposition très importante à la réforme des retraites qui se manifeste par des cortèges tout à fait pacifiques.
Et d'autre part ce que sont des groupes radicaux violents, qui n'ont rien à voir avec le mouvement social, mais qui prospèrent sur la colère et qui de fait n'ont pour seul idéal que la destruction et l'affaiblissement de la démocratie.
Ils organisent des pillages.
Nathalie Appéré, maire de Rennes
“Ils commettent des exactions, s'en prennent aux forces de l'ordre, organisent des pillages de commerces, détruisent du mobilier urbain, tentent d'incendier des bâtiments publics... Ce week-end on a assisté à un véritable saccage du centre-ville".
Rennes paye un lourd tribut dans la grave crise que traverse le pays.
Nathalie Appéré, maire de Rennes
"Je considère que Rennes paye un lourd tribut dans la grave crise que traverse le pays. Il y a trois niveaux de demandes.
Le premier, en direction du président de la République: ce pays est fracturé et il faut l'apaiser. Il n'est pas trop tard pour renoncer à cette réforme (...)”.
Lire : Tentative d'incendie de la mairie de Rennes : 600 casseurs déterminés
Il n’est pas trop tard pour renoncer à cette réforme.
Nathalie Appéré, maire de Rennes
“Le deuxième, vis-à-vis de l'Etat, est sur le besoin de sécurité exprimé par les Rennais et les Rennaises. Il y a des groupes particulièrement violents qui sèment véritablement le chaos dans le centre-ville de Rennes : nous attendons d'être protégés avec des dispositifs policiers suffisants.
Nous attendons d’être protégés avec des dispositifs policiers suffisants.
Nathalie Appéré, maire de Rennes
Le troisième niveau d'attente est sur la reconnaissance d'un préjudice, y compris économique et financier. J'ai souhaité qu'on puisse avoir une adresse commune pour que s'ouvrent des fonds d'indemnisation. Ce type de dispositif avait été mis en place en 2016 au moment des manifestations Loi travail dans différentes villes, avec par exemple la prise en charge des franchises.
Il peut y avoir aussi des pertes d'exploitation parce que les commerçants sont empêchés de travailler correctement et les fonds d'indemnisation leur permettent de reconnaître ce préjudice. Il y a a minima plusieurs centaines de milliers d'euros de préjudice depuis le début de cette crise sociale".
Des groupes radicaux avec le renfort d'activistes venus d'ailleurs.
Nathalie Appéré, maire de Rennes
"Il y a des groupes radicaux qui sont présents à Rennes et qui peuvent régulièrement avoir le concours ou le renfort d'activistes venus d'ailleurs: c'est ce qui s'est passé le week-end dernier. Le niveau de violences et de saccages auxquels on a assisté vendredi et samedi est très certainement le fait de groupes d'individus venus aussi d'ailleurs. C'est aussi un travail de renseignement policier pour élucider cela.
Je souhaite parallèlement que les enquêtes judiciaires, diligentées par le procureur, puissent avancer pour qu'il puisse y avoir condamnation, de ce qui n'a rien à voir avec le mouvement social mais qui est un déchaînement de violences organisées".
Benoit THIBAUT avec AFP